jeudi 15 janvier 2009

O VELHO CHICO



Pour avoir un contact plus étroit, plus intime on va dire, avec le vieux Chico il faut savoir sortir de Petrolina, s'éloigner du centre de quelques km. La fourgo que j'ai prise en face du supermarché prend une route de terre que bordent des fermes et me laisse au début du chemin qui mène à l'embarcadère, il est là, il étale ses eaux vertes et presque tranquilles, le vieux Chico, c'est comme ça que tous les gens ici appellent le fleuve, le Saõ Francisco. Les indiens Cariri eux, l'appelaient Opara, le fleuve-mer. Je le traverse en bateau pour aller passer la matinée à l'île du Rodeador, en largeur elle ne doit pas faire plus de 3o0 m et les tables des bars installées du côté opposé à l'embarcadère ont vraiment les pieds dans l'eau mais il ya vraiment trop de décibels à mon goût de ce côté-là et je reviens sur mes pas. Toute la matinée, c'est un va et vient des passeurs entre les deux rives, ils sont deux, légérement décalés dans leurs horaires l'un par rapport à l'autre, chacun a son embarcadère et le concurrent au mien a une carranca à la proue. Ils ont tous les 2 des immatriculations de Juazeiro, la ville de l'état de Bahia face à Petrolina sur l'autre rive, ai-je changé d'état sans m'en rendre compte. Les carrancas étaient ces figures de proue destinées à protéger l'embarcation des créatures malfaisantes du fleuve et des risques de la navigation. La légende dit que s'il y avait péril, la carranca poussait 3 gémissements. Elle représente une tête mi-homme mi-bête (cheval, vampire, chien).
Des pêcheurs lancent leurs filets au milieu pour attaper des surubim ou des acari, les poissons typiques d'ici.
L'eau est limpide , avec un peu de courant, délicieusement fraîche, un caldinho et un maracari pour agrémenter le tout, le maracari , c'est la spécialité du lieu, une crème de filet d'acari aux herbes servi dans une maracujá (pour le caldinho, voir la page sur la plage de Boa Viagem).

Ça c'était hier, aujourd'hui je remets ça avec le vieux Chico, il sait bien qu'il est la vedette ici, celui qui sauve le sertão, cete zone semi-aride de la catastrophe, fleuve vital pour le Nordeste.
Cette fois on part de Petrolina sur une barquinha pour passer à Juazeiro. Traversée de 10mn à peine parallèle au pont qui relie les 2 villes et les 2 états, au retour c'est tout juste si on entend le petit guitariste qui gagne son pain vu le vacarme des moteurs.