Mercredi de cendres, la ville a la gueule de bois, peu de voitures, les rues paraissent étrangement calmes alors qu'en fait le volume sonore est légèrement inférieur à l'habituel mais le carnaval c'est être en permanence au milieu des tambours, de la musique, du son, des gens qui chantent, qui crient, qui tapent des mains et se faire engloutir dans ce flot qui vous porte et vous fait vibrer, alors quand on en émerge, ça fait tout drôle. La plupart des commerces sont encore fermés, le Coq sur le pont a déjà disparu et c'est comme si on avait rêvé, ces 4 jours de liesse. Ils ont commencé à démonter scènes et gradins quand je passe au pátio do Terço, là ou étaient les rythmes afros parce que l'église c'est celle du Rosário, traditionnellement associée aux esclaves, que beaucoup ont été enterrés là et si les tambours se sont tus à minuit hier, c'est pour rappeler la souffrance des esclaves morts.
La tradition différe de l'espagnole, en Espagne à la fin du Carnaval on enterre la sardine, ici pour ce mercredi les derniers blocos à intervenir, ça a à voir avec la morue, origines portugaises oblige, c'est Bacalhau do Batata créé à Olinda en 1962 par un garçon de café surnommé Batata qui devait bosser les 4 jours du carnaval et avait enfin son jour de congé le jour des Cendres . La tradition s'est étendue à tout le Pernambouc. Ça s'appelle Bacalhau na Vara à Recife au marché de la Boa Vista et à Paulista, ville de banlieue. Le marché est plein et l'orchestre de frevo déjà sur le podium, et évidemment des gens qui dansent autour, les petites ombrelles tournent et tournent encore au bout des bras. Quand les musiciens font une pause, c'est un autre groupe qui reprend dans un coin, ça ne s'arrête pas comme ça. Mais à part un type qui promène une morue séche au bout d'un bâton, pas de trace de plat à la morue dans les petits restos du marché.
Mais vraiment le roi Momô a du mal à se résoudre à laisser la place et dans un autre quartier au nord de la ville, le bloco Os Irresponsaveís a encore fait bouger les foules jusque dans l'après-midi de ce mercredi de Cendres.
Quelques incidents quand même pendant le Carnaval, un autre mort à Paulista à la suite d'une chute d'un des chars , quelques coups de feu en banlieue et un homme tué par balle au passage d'un bloco à Olinda. Dans les chiffres du carnaval, augmentation de 24% du côté des accidents de la route, 113 durant l'Operação Carnaval qui se solde par 7 morts et 88 blessés, chiffre aussi plus élevé qu'en 2008 de morts violentes , 65 contre 54 qui englobe les crimes liés au trafic de drogue et les réglements de comptes entre bandes. Bilan positif pour le tourisme, 665000 touristes, soit 11% de plus que l'année derniére et dont 97% ont l'intention de revenir en 2010.