mercredi 28 janvier 2009

TRIUNFO ET ALENTOURS




Faut croire que je suis bien inspirée pour ce voyage car j'avais choisi de commencer par Triunfo plutôt que par Serra Talhada mais j'avais mes doutes sur la question car le billet de bus qu'on m'a apporté à domicile vendredi mentionnait comme destination Serra et pas moyen de savoir à la rodoviaria comment arriver jusqu'à Triunfo, , on me dit juste que c'est la même chose mais il y a 45km entre les deux villes. Dans les faits ça donne qu'on arrive à Serra aux premières lueurs de l'aube, il est 5 heures moins dix et presque tout le monde descend du bus qui va aller jusqu'à Triunfo à 5h30, on y arrive je discute avec un couple qui déménage, elle Odete revient à sa terre natale aprés avoir vécu à São Paulo et à Recife, ils me proposent de prendre un taxi avec eux mais une fois de plus je constate que le Brésilien ne marche pas et dit que c'est loin quand c'est plus de 300m parce que pour la pousada Baixa Verde, on contourne un petit bout du lac, on prend une rue du centre et à la premiére à gauche on y est. Super , ma chambre donne sur un parc avec des pitangas devant moi, une piscine au bout du parc mais peu d'infos , j'ai vu le cinéma théâtre au bord du lac qu'on trouve sur toutes les brochures touristiques le SESC qui souvent offre programmation culturelle est sur les hauteurs et je monte, je monte, bien au-delà de l'église du Rosário et du chemin de croix qui aboutit à un christ rédempteur là encore j'ai été bien inspirée d'avoir choisi sans le savoir une pousada au centre ville, je découvre le lendemain qu'il y a un téléphérique réservé aux clients du SESC mais bien inspirée de m'être tapée la grimpette sous le soleil car j'apprends que le cordel ici est inexistant, la seule chose qu'on m'offre c'est de consulter le fonds de la bibliothèque , donc pas grand chose à glaner mais par contre j'arrive au bon moment , un petit groupe est en train de se former pour aller voir le Pico do Papagaio (l'endroit le plus haut de Pernambouc-1260m, c'est comme la Belgique!) et autres lieux alentour. C'est seu Antônio dit le Barraudo qui nous emmène dans sa Chevrolet ABS diesel tous terrains car on quitte très vite la route et pour le reste de l'après-midi, on se tape un chemin étroit, pierreux dans ses meilleurs moments, cahoté tout le temps. Je ne suis pas encore dans le sertão épineux et rocheux, ici c'est assez vert mais sur les terres qui ont vu Lampião et à tout moment, quelqu'un fait allusion, le souvenir du cangaço est très fort ici, encore plus quand il s'inscrit dans l'histoire du lieu comme c'est le cas pour la cacimba de João Neco. L'homme qui nous accueille est le fils de celui qui creusa un tunnel à la main en 1932 pour pouvoir avoir accès à l'eau souterraine. Au passage, petit droit de visite d'1 R par personne, il a l'air ravi de recevoir des gens, blague avec chacun et nous emmène voir le puits , une grille sur un trou et tout au fond l'eau ,tout en parlant des fruits qu'il a , entre autres, celui à l'écorce grise toute dure qui sert à faire du savon . On descend jusqu'au tunnel, le mur saignait comme disait son père (suintait) ce qui l'a incité à creuser plus profond et arriver jusqu'à l'eau, il raconte qu'un jour le passage a été rempli d'eau tellement il a plu. Mais est-ce grâce à Lampião que le père chercha à créer lui aussi son tunnel, mystère! toujours est-il qu'en remontant, il nous montre les entrées des passages et galeries souterraines qu'utilisait Lampião pour se cacher et où il fallait ramper. Il y en a plusieurs. Il ssont 6 fréres et soeurs Neco, le père est mort en donnant à chacun un bout de terre mais l'eau ,elle est pour tout le monde. La femme qui nous apporte le livre des visiteurs à signer a quitté Recife il y a 7 ans pour Triunfo, un paradis, dit-elle, et elle enchaîne sur la violence à Recife où elle a failli se faire violer sur son lieu de travail quand elle avait 14 ans, dans sa voix perce l'amertume malgré tout le temps écoulé depuis lors . Petite parenthése: la campagne contre les violences aux femmes s'intensifie en ce moment, il y a eu distribution de feuillets sur les plages avec discussion avec les gens ce week-end pour faire connaître la loi Maria da Penha.
De la caimba on part pour la furna dos Holandeses , une grotte assez basse, vaste aussi et si on veut s'y aventurer plus profond il faut une lampe de poche, là aussi petit droit d'entrée de 1 R que touche la famille. Ce qu'on nous a réservé pour la fin c'est le pic do Papagaio qu'on atteint cahin-cahin après une plantation de café dont la récolte est vendue à l'extérieur de l'état et pas torréfiée sur place. C'est dans cette zone où l'on n'arrête pas d'entrer et de sortir du Pernambouc et du Paraíba que Barraudo nous parle de la maison à cheval sur les 2 états, a Casa Grande das Almas où Lampião avait des potes , il s'y réfugiait et comme en ce temps-là, la police d'un éta n'avait pas le droit d'intervenir dans un autre, c'était tout simple: en fonction de la police qui le pourchassait, Lampião se mettait hors d'atteinte en passant d'un côté ou de l'autre de la maison.
Au pic , on trouve encore un Christ Rédempteur, un de plus, celui-ci miniature, installé sur une roche qui ne repose que par 3 points sur le sol, de l'autre côté, le careta, la statue du personnage de Carnaval ici est deux fois plus imposante, elle s'agrémente d'un fouet , coutume aussi du coin qu'on retrouve pour le carnaval. Au loin on aperçoit la ville de Princesa Isabel dans l'état du Paraiba, le soleil se couche alors qu'on est en train de discuter de paysages du Brésil avec la femme mariée à un allemand et qui a vécu en France.
Au retour je goûte le repas du soir traditionnel, plus que complet et encore je n'ai demandé qu'une demie-ration, soupe, tapioca, jambon , oeufs brouillés, fromage et une grosse part de gâteau avec du café ...au lait si on veut qui vient en direct de la ferme.