samedi 7 février 2009

SERTÃO DO PAJEU: JOSUÉ, POÈTE ET SYNDICALISTE


A l'heure où j'arrive à São José do Belmonte, à 40km de Serra Talhada, Josué est au Sindicato dos Trabalhadores Rurais du lieu, dont il est le président. La poésie c'est une tradition dans sa famille, son père en écrivait et pour lui , ça a commencé par être un passe temps de plus car il aime aussi la musique, le forró et joue guitare et accordéon avec son groupe Grupo sem fronteira partout où il peut, le week-end il y a toujours quelque chose à fêter et ils font ça par goût, par passion pour le fun. Pour revenir à la poésie, il se considère comme un poéte populaire, simplement, il est allé à l'école jusqu'à 13 ans et ne se considére pas comme une personne trés instruite, c'est dans sa terre et la vie des gens du sertão qu'il puise son inspiration et ses cordels sont liés aux problémes du monde rural et de l'environnement. On reparle de son père mort il y a deux ans qui avait publié 2 ouvrages de poésie et participé à une émission de radio sur le sertão. Josué, lui , a fait une fois un cordel à deux avec lui, il a commencé à écrire en 1986. Le moment où il se sent mieux pour écrire, c'est la nuit vers 3-4 heures du matin , il me cite quelques thémes abordés dans ses cordels comme la réalité de la favela, la déflorestation...Il évoque le poème de Ivanildo Vilanova "Nordeste independente" il va alors me parler de sa vie à "Petrolina où tout était plus facile , ici la vie est faite de souffrances et de sueurs" et de là on glisse vers le monde syndical, le syndicat a 10000 affiliés dont seulement 4000 paient leurs cotisations et ça , c'est un probléme pour eux qui tiennent à leur indépendance financiére et aussi politique. Une grande affiche sur le mur de la salle d'entrée rappelle l'importance de s'acquitter de sa cotisation. Dans les problèmes que le syndicat a à affronter, un préjugé comme quoi le syndicat, c'est une affaire de vieux, c'est pour quand vient le moment de toucher la retraite.

Il y est entré en 1991 par le biais d'une assoc de jeunes , d'abord comme suppléant du conseiller fiscal et il est maintenant le président avec un mandat jusqu'en 2011, il est aussi président du CECOR (une ONG que je vais contacter à Serra) et en regardant en arrière, il trouve qu'il a eu pas mal de progrès dans le sertão du Pajeu sur la question de la terre comme mise en place de crédit à travers un programme gouvernental que le syndicat a réussi à implanter. Un des objectifs du syndicat c'est de maintenir l'homme sur cette terre, faire courir le bruit que le sertão peut faire vivre, "il faut arriver à donner du sertão une autre image que celle que les medias et la télé véhiculent, ce n'est pas gagné, ce n'est pas tout rose mais c'est possible et c'est mieux que d'être un retirante* qui part émigrer á São Paulo et se retrouve à vivre dans une favela. " on retrouve cette préoccupation dans la poésie de Josué....

Muitas ONGs estão mostrando Bien des ONG nous montrent
Que temos potencial Que nous avons un potentiel
Só falta a população Il faut juste que la population
Perceber o grande mal Prenne conscience de ce grand mal
Nosso semi-árido é rico Notre semi-aride est riche
É por isso que fico C'est pour ça que je reste
Na minha terra natal Sur ma terre natale

Le chauffeur du minibus qui me raméne à Serra est totalement d'accord , il en a fait l'expérience, a gagné la ville , São Paulo pour vivre mieux, s'est rendu compte que ce n'était pas ça et affirme haut et fort que même si on lui donnait une maison là-bas aujourd'hui, il n'y retournerait pas .

En fait le nombre de Nordestins partant pour São Paulo a diminué . Et peu à peu l'image du Nordeste est en train de changer, peut-être aussi parce que Lula en vient. Une radio importante Rede de Vida a fait une émission de 2 heures sur le monde rural. Un dernier mot sur les luttes qu'ils durent mener , comme l'occupation du bord de la Serrinha: ils avaient décidé qu'ils ne voulaient pas mettre de clôture à leurs champs, ils reçurent des menaces de mort des latifundistes et les dirigeants durent même se cacher. Aujourd'hui les conflits ne sont plus si violents mais existent, Josué a participé à une émission de radio au cours de laquelle il a critiqué ouvertement le déboisement à tort et à travers, sans contrôle or un ouvrier agricole d'une femme du Minas Gerais qui avait acheté des terres dans le coin et déboisait à tout va entendit cela et le rapporta à sa patronne qui dit: "Ce syndicaliste sait comment est mort Chico Mendes?"´.
Dans le tour qu'on va faire du bourg, Josué me dit que c'est curieux, il ya toujours des Pères étrangers ici, un français, Jean de la Croix qui est mort maintenant et avec lequel il s'entendait bien et maintenant c'est un italien. Il appelle une moto-taxi pour que je puisse arriver au lieu où passent les minibus pour mon retour et pour lui c'est l'heure de s'arrêter aussi .
*retirante: nom que l'on a donné à tous les habitants du sertão qui ont fui la sécheresse et ont émigré vers les villes, et surtout à São Paulo. Dans l'artisanat local , cette réalité sociale est représentée par une file de petits personnages en terre peints portant leurs maigres biens sur la tête , souvent avec la main sur l'épaule ou le bras de celui qui précède (voir lien photo)