mardi 17 février 2009

JOÃO PESSOA


Ca risque d'être ma dernière balade avant de repartir, João Pessoa, capitale de l'état voisin, le Paraíba.
La route est franchement dégueulasse, défoncée, pleine de trous entre Recife et Goiana, aprés quand on passe dans l'état voisin ça s'arrange, changemENt aussi de paysage, c'est plus vert, je me prends à espérer qu'il y fait moins chaud, tu parles!
A la rodoviaria, un +, il y a un poste d'informations touristiques mais pas de plan de la ville . Par contre , tous les monuments dans le quartier historique sont indiqués et ils ont fait un parcours pour le piéton, que je vais faire en plusieurs fois, en commençant par l'église et ensemble des Carmélites puis l'église São Francisco et son esplanade au commencement de laquelle est érigée une croix sur un socle, la pierre est noircie par le temps et je trouve que cette empreinte du temps lui donne un impact visuel qu'il faut conserver. Le parcours dans la ville passe bien sûr par la place où trône la statue de João Pessoa. La ville qui s'est appelée d'abord Vila de Felipeia de Nossa senhora das Neves (on se demande bien pourquoi, ils n'ont jamais du voir de neige dans le coin) a été rebaptisée João Pessoa, en hommage au gouverneur du Paraíba qui se présenta aux élections présidentielles de 1929 faisant binôme avec Getulio Vargas, ils furent vaincus et Pessoa assassiné en juillet 1930, ce qui déclencha la révolution de 1930 menée par Getúlio Vargas qui prit le pouvoir en novembre de la même année. La ville n'a pas la densité ni la taille d'ailleurs de Recife où tout le monde vante sa tranquillité mais ici les gens commencent à se plaindre aussi de violences et de vols et le premier soir où je suis là, à la sortie d'un supermarché, des clients entourent un jeune mec qui vient de se faire faucher son portable et est encore sous le coup.

Les Brésiliens sont des gens fabuleux, ça fait peut-être rengaine mais à tout moment, ça se vérifie. Cette fois, c'est grâce à José , un mec de HC que je n'ai pas pu rencontrer quand j'étais à Juazeiro do Norte parce que le mail de contact a mis 10 jours á lui parvenir que j'ai pu connaître Lenilma et Zé Augusto. José par chat me propose quand je lui annonce que je pars à João Pessoa de prévenir des amis à lui pour avoir un contact sur place. C'est simple. On se voit un peu plus tard que prévu car Zé Augusto avocat en train d'assister à la séance du TSE (tribunal supérieur électoral) qui confirme la cassation du gouverneur, Cássio pour corruption, achats de votes etc.. C'est un grand soir pour les habitants du Paraíba, ça fait 3 ans qu'ils attendent ça, il y a vote aussi pour décider qui finira son mandat et c'est le deuxième placé lors des élections de 2006 qui va le remplacer dès le lendemain. Plus tard dans la soirée une fois la nouvelle annoncée par radio c'est la fête, coups de klaxon , gens qui braillent, voitures qui circulent avec des drapeaux.


Une chose dont les gens ici sont fiers c'est d'habiter à la pointe la plus orientale des 2 Amériques, la Ponta do Seixas est le lieu où ils sont plus près, disent-ils, de l'Afrique que n'importe quel autre endroit du continent. Aprés un excellent poisson dégusté au clair de lune dans un resto de la plage de Tambau, Zé Augusto et Lenilma m'y emmènent voir le phare et également le monument construit par Oscar Niemeyer, un centre culturel tout en rondeur, Estação Cabo Branco Ciência, Arte e Cultura inauguré il y a à peine un an.


Dans les spécialités de la ville, Fanka m'avait recommandé de me manger un acaí na tigela, le pot c'est de trouver juste au coin de la rue de l'hôtel á côté du marché central, un endroit tout petit mais qui ne désemplit pas où les 2 femmes font jus de fruits et açaí, un vrai régal. L'açaí, je crois que j'en ai déjá touché deux mots, c'est une baie de l'Amazonie énergétique, antivieillissement et nutritive, quand on vous en met un bol avec en plus banane, céréales et miel, vous avez fait un repas complet (je mets un lien en français pour ceux que ça intéresse mais le problème c'est savoir comment en rapporter).

Côté cordel, au début c'est plutôt décevant. Autant ça parait actif et vivant sur la Toile, autant il a peu de traces dans le centre ville, quelques kiosques qui en vendent et on m'envoie á une fondation en bord de mer où on pourra me renseigner mais après avoir marché sous le soleil car elle est au bout de l'avenue maritime, je trouve porte close elle n'ouvre que l'aprés-midi mais j'ai rendez-vous avec une cordeliste et je repars et là ça sera nettement plus fructifiant (voir autre chapitre) .

Pour clore la visite, très beau centre d'artisanat qui regroupe les objets de toutes les coins de l'état, ça va de la céramique à la sculpture sur bois en passant par le recyclage de boites de conserve, le trvail sur tissu, la dentelle...

CORDEL EM FOLIA


Celui qui ne franchit pas l'enceinte du marché de Boa Vista sur le coup de 11 heures ne perçoit pas l'ébullition qui y régne, 3 hommes sont en train de tendre de gigantesques rubans de couleur en l'air , les musiciens de la orquesta de frevo font des essais de sono et à Unicordel on accroche une bannière en toile au fond de la scéne et on prépare l'autre sur toile plastique, on a aussi sorti les tee-shirts à vendre et on distribue le cordel collectif fait pour l'occasion aux gens attablés.
Pour la partie récital, chacun va venir déclamer, déguisé ou peu c'est José Honório qui inaugure avec son ''galo da madrugada" (coq de l'aube) qui lance le carnaval aussi.
Mais le clou de la journée aujourd'hui c'est le concours de fantasías déguisements inspirés par un plusieurs cordels. moi je me suis monté un déguisement de dernière minute avec une jupe frangée et des cordels en bandoulière façon cangaceira mais juste pour me joindre à eux et sans l'intention de participer au concours. Ils insistent pour que je le fasse, pourquoi pas! Mais j'ai une montée d'adrénaline quand je me rends compte que cela implique de présenter sa tenue en dansant le frevo, la danse endiablée du carnaval de Recife, mais avec des pas, des sauts et des cabrioles. c'est Isabel qui inaugure le défile avec justement un déguisement de frevo et elle fait sa présentation à merveille à me filer des complexes et un trac monumental, les autres ont théatralisé leur présentation mais moi prise de court, je ne peux que me lancer quand l'orchestre démarre sur mon tour , heureusement Meca Moreno , le cordeliste qui est au micro m'encourage, c'est parti a improviser des pas sur le rythme et le pire dans le frevo c'est qu'il y a de mini pauses, ça s'arrête 10 secondes, on croit que c'est fini et ça repart de plus belle, le jury est assis en ligne au pied de la scéne. Ça y est , c'est fini j'ai présenté "havaiana perdida no cordel do cangaço"et surprise! je gagne le troisième prix, on me remet une enveloppe contenant 40 reáis et tout le monde vient me féliciter pour ma prestation sans savoir danser le frevo. une petit nana d'une radio locale vient m'interviewer, c'est la gloire. Place aux gens qui veulent danser le frevo et le savent. J'ai une semaine pour apprendre quelques pas avec Carmen avant le carnaval.