vendredi 16 janvier 2009

ANA DAS CARRANCAS


ANA DAS CARRANCAS


L'aventure d'hier aprés-midi, c'est d'atteindre le centre d'art Ana das Carrancas, il est en dehors de la ville, à mi-chemin entre l'aéroport et Petrolina. Un chaufeur de taxi est tout prêt à m'emmener et me ramener pour 20 R en m'accordant 20 mn sur place, je trouve ça peu, il me répond que c'est suffisant pour ce qu'il y a à voir et va jusqu'à 30 mn mais je n'ai aucune envie de me faire limiter alors j'opte pour le bus local et j'insiste bien auprès de la receveuse pour qu'elle me prévienne pour l'arrêt, pas de pot elle pique un somme , il ne reste plus que moi dans le bus et elle pousse un cri , ele a oublié, du coup j'arrive au terminus, un quartier où les rues n'ont plus de nom mais des numéros, Cohab 5 et où toutes les maisons se ressemblent. Là elle me met dans le premier bus qui repart et mission au receveur de m'indiquer le centre d'art. J'y suis enfin mais devant une porte fermée alors que le prospectus donne horaires d'ouverture pour le matin et l'aprém, j'en fais le tour, pas de signe de vie, se pointent 3 gamines qui m'affirment qu'il était ouvert le matin, on tape à la grille, pas de mouvement, je finis par appeler le numéro et une femme me répond que oui, elle va venir m'ouvrir.

C'est la fille d'Ana das Carrancas. Une fois encore, c'est un centre-musée entretenu par la famille, gratuit comme toujours. C'est vrai que la piéce principale où sont exposés ses oeuvres, photos , tableaux et médailles est petite, le jardin est trés agréable, ombragé.

Ana das Carrancas est morte l'année derniére, elle avait appris de sa mère à faire de la poterie et elle en fit pour pouvoir faire vivre toute la famille, ses deux filles nées d'un premier mariage, et son mari aveugle. Elle est la première à avoir fait des carrancas en terre, le matériau traditionnel étant le bois et elle est pratiquement la seule. Autre trait très personnel qu'elle va donner à ses masques, c'est que tous les yeux ont un trou au milieu , sa maniére à elle de rendre hommage à son mari aveugle de naissance. Sa fille parle de lui avec chaleur et bien qu'il ne soit que son beau-père elle le considére comme son vrai père. La fille continue l'oeuvre de sa mére et espére pouvoir bientôt disposer d'un local plus grand pour pouvoir exposer les objets personnels, les toilettes et les bijoux de sa mère qui aimait les couleurs vives et les grandes boucles d'oreille.
Le fait que tous les masques aient les yeux troués leur ôte cet aspect terrifiant pour leur donner un air de mystére qui adoucit en même temps l'expression, plutôt curieux comme mélange.
Je continue\ á discuter un bon moment avec Maria da Cruz qui va aussi me montrer le livre que j'ai vu l'autre jour chez Vera, Mulheres negras do Brasil sur les femmes noires au Brésil depuis les premiers temps de l'esclavage et où Ana est citée. On en vient á parler des dernières années de sa mére , ses filles lui ont payé un plan -santé de 400 R par mois pour qu'elle puisse avoir accés au traitement adéquat après son accident vasculaire cérébral puis sa santé s'est dégradée, elle ne pouvait plus parler puis manger et elle a du être hospitalisée et nourrie par sonde, sa fille était à son chevet tous les soirs. Elle s'est éteinte en quelques minutes mais Maria da cruz préfère garder d'elle le souvenir d'une femme gaie, forte et solidaire : du temps où ils habitaient dans le quartier Gercino Coelho près de la gare routière, elle était la première à aider ses voisins. Elle a été considérée comme Patrimoine vivant du Pernambouc en 2005 , année où elle a reçu aussi des mains de Lula l'Ordre du Mérite Culturel.