lundi 16 février 2009

LAR SEM FRONTEIRAS (2)

Donc privé de centre le gamin qui a une mére tete en l'air et en plus la menace qui plane c'est de se voir retirer la place, il y en a d'autres qui attendent. Comment Cristina procéde? quand les enfants ont atteint 6 ans et passent en primaire, des places se libérent, Cristina fait alors un tour d'horizon et tient d'abord á rencontrer les parents pour se rendre compte si le travail qu'elles vont faire á la maternelle ne sera pas mis en l'air par des problémes familiaux , aprés ce premier contact, elle passe aussi voir dans quelles conditions vivent les petits. elle me dit qu'en général, bien souvent ce sont les femmes qui assument les gamins, la plupart survivent en faisant des ménages et les péres ou copains sont ferrailleurs. Aux dires des autres femmes de l´équipe, Cristina c'est une main de fer dans un gant de velours, elle se fait respecter, elle écoute et on l'écoute mais les femmes savent aussi qu'il est inutile de lui raconter des bobards.
C'est un travail sur deux fronts, d'abord au centre et puis ensuite auprés des familles, des jeunes, et surtout des femmes qu'il faut réconcilier avec l´école et les formations, leur montrer qu'elles sont capables de créer, insinuer qu'elles ne sont pas obligées de pondre des gosses á la queue leu leu mais dans leur conception de la vie, elles se mettent á la colle avec un mec, elles tombent enceintes et si le mec se barre, elles se débrouillent et puis vient le suivant avec qui elles voudront avoir un gosse aussi.
Il y a quelque temps, une des méres s'est vu embobinée dans une histoire de trafic, ça a mal tourné, son petit ami s'est fait descendre et elle a laissé son gamin á la grand-mére et a fui pour sauver sa peau, seulemnt voilá elle vient de rentrer comme si l'affaire était enterrée , tout le monde lui conseille de redisparaitre de la circulation pour ne pas mettre en danger la vie des siens, loi des favelas!
Cristina fait une réunion une fois par mois avec les parents pour faire le point, parler de la siutuation de la créche et des problémes, de choses éducatives aussi et quand arrive le moment de l'année de s'inscrire pour le Projeto Projovens (faire retourner á l'école les jeunes qui ont arrété trés tot et leur offrir une formation) elle insiste lourdement auprés d'eux et des familles. L'année derniére, elles ont organisé un atelier de peinture sur tissu pour les femmes et ont fait des sacs, elle m'en offre un au passage, elles ont gagné á leur cause une mére qui vient leur donner un coup de main á l'occasion et dont le mari bricoleur fait les réparations dans le centre. C'est l'heure de la sortie, la porte du centre a une grille que l'on ouvre et ferme avec chaque mére, aujourd'hui en prime elles emportent des petits sachets pour faire des flans parfum fruits car ils vont bientot etre périmés et Cristina explique patiemment á chacune comment procéder, les derniers á partir seront les petits jumeaux dont l'un est un vrai diable. On passe a travers les rues de la favela pour aller prendre le bus , tout le monde la salue.