lundi 9 mars 2009

RETOUR


C'est avec encore le carnaval en tête qu'on se prépare à voler, Carmen et moi. Les deux derniers jours c'est un peu la cavalcade et je repense à tout ce que je n'ai pas fait, j'ai raté Zoé, Daniela n'a pas le portable qui marche, je vois Ester en coup de vent, la plage aussi c'est le coup de vent le vendredi à peine le temps pour le maillot de bain de sécher avant de le mettre dans la valise.
Simplement on se retrouve à l'aéroport où nous accompagnent Bonecão et family et où règne encore un air de Carnaval, et on s'en va en esquissant presque des pas de frevo mais voilà-t-y pas que de l'autre côté de la porte pour l'embarquement la surprise! je suis dans l'illégalité , mon visa étant de 90 jours et on en est au 91º donc je n'ai plus à être là, on a fait un mauvais calcul de jours , la fille de l'agence et moi quand j'ai pris mon billet d'avion en octobre. Que va-t-il se passer? Le mec me déclare en infraction, c'est l'ordi qui le dit, lui il a l'air de penser que ce n'est pas grand chose mais on ne peut pas me laisser sortir du territoire sans m'avoir réglé mon compte, l'ordi se bloque, il demande à droite et à gauche comment ça s'arrange, enfin au bout d'un quart d'heure, il nous sort un formulaire en deux exemplaires, deux autres fonctionnaires servent de témoins et lui et moi on signe, il m'annonce que, pour pouvoir revenir au Brésil, il faudra que je m'acquitte d'une amende de 8 reáis 28 centavos, sinon on ne me laissera pas rentrer et m'appose sur mon passeport le tampon "não pagou multa" (n'a pas payé l'amende). C'est Carmen qui balisait pour l'entrée dans la CEE des fois qu'elle se fasse refouler (comme l'ont été certains Brésiliens au cours du dernier trimestre mais ça se produisait surtout pour les arrivées par l'Espagne et Madrid) mais c'est à moi qu'on fait des problèmes. Elle, elle va passer la douane au petit matin à Lisboa, elle explique que je suis son hôte alors je viens moi aussi monter mon passeport, coup de tampon, c'est fini, on y est elle n'en croit pas ses yeux, c'est tout? Il faut qu'on lui redise avec Josué, le Brésilien jardinier en Suisse qu'on a rencontré dans l'avion qu'elle a passé la douane et que c'est terminé, les tracasseries ou pire encore.
Quant à moi, je vais tenter d'aller payer ma dette au consulat brésilien mais ce n'est pas possible, il faut que j'attende d'y retourner, et je n'ai pas à m'inquiéter, la quantité à payer peut juste être réévaluée en fonction du cours de la monnaie mais pas majorée parce que je ne l'aurais pas payée immédiatement. La suite pour le prochain voyage ...

Le Nordeste c'est fini géographiquement parlant pour le moment mais on a fait une feijoada sur des airs de samba et de frevo avec même les petites ombrelles pour les copains d'ici de Barna. Vu la température ambiante à Barcelone, personne n'a trouvé à redire.

mercredi 25 février 2009

LES CENDRES DU CARNAVAL


Mercredi de cendres, la ville a la gueule de bois, peu de voitures, les rues paraissent étrangement calmes alors qu'en fait le volume sonore est légèrement inférieur à l'habituel mais le carnaval c'est être en permanence au milieu des tambours, de la musique, du son, des gens qui chantent, qui crient, qui tapent des mains et se faire engloutir dans ce flot qui vous porte et vous fait vibrer, alors quand on en émerge, ça fait tout drôle. La plupart des commerces sont encore fermés, le Coq sur le pont a déjà disparu et c'est comme si on avait rêvé, ces 4 jours de liesse. Ils ont commencé à démonter scènes et gradins quand je passe au pátio do Terço, là ou étaient les rythmes afros parce que l'église c'est celle du Rosário, traditionnellement associée aux esclaves, que beaucoup ont été enterrés là et si les tambours se sont tus à minuit hier, c'est pour rappeler la souffrance des esclaves morts.

La tradition différe de l'espagnole, en Espagne à la fin du Carnaval on enterre la sardine, ici pour ce mercredi les derniers blocos à intervenir, ça a à voir avec la morue, origines portugaises oblige, c'est Bacalhau do Batata créé à Olinda en 1962 par un garçon de café surnommé Batata qui devait bosser les 4 jours du carnaval et avait enfin son jour de congé le jour des Cendres . La tradition s'est étendue à tout le Pernambouc. Ça s'appelle Bacalhau na Vara à Recife au marché de la Boa Vista et à Paulista, ville de banlieue. Le marché est plein et l'orchestre de frevo déjà sur le podium, et évidemment des gens qui dansent autour, les petites ombrelles tournent et tournent encore au bout des bras. Quand les musiciens font une pause, c'est un autre groupe qui reprend dans un coin, ça ne s'arrête pas comme ça. Mais à part un type qui promène une morue séche au bout d'un bâton, pas de trace de plat à la morue dans les petits restos du marché.
Mais vraiment le roi Momô a du mal à se résoudre à laisser la place et dans un autre quartier au nord de la ville, le bloco Os Irresponsaveís a encore fait bouger les foules jusque dans l'après-midi de ce mercredi de Cendres.
Quelques incidents quand même pendant le Carnaval, un autre mort à Paulista à la suite d'une chute d'un des chars , quelques coups de feu en banlieue et un homme tué par balle au passage d'un bloco à Olinda. Dans les chiffres du carnaval, augmentation de 24% du côté des accidents de la route, 113 durant l'Operação Carnaval qui se solde par 7 morts et 88 blessés, chiffre aussi plus élevé qu'en 2008 de morts violentes , 65 contre 54 qui englobe les crimes liés au trafic de drogue et les réglements de comptes entre bandes. Bilan positif pour le tourisme, 665000 touristes, soit 11% de plus que l'année derniére et dont 97% ont l'intention de revenir en 2010.

mardi 24 février 2009

CARNAVAL J4

Ça commence sous le soleil de midi vu qu'on ne démarre pas de bonne heure mais on trouve de l'ombre à Olinda quand on longe la rue des petits vendeurs de brochettes, hot-dog à la brésilienne, maïs et autres pour monter rejoindre la bande à Carmen, vu d'en bas la ladeira da Misericordia (la pente de Misericorde) fourmille de points colorés qui bougent un peu mais on renonce à essayer de se frayer un passage au milieu de cette foule. Fernanda, Claudio et cie sont rua Amparo, pas très loin de la Bodega do Veio, le café épicerie qui en temps normal fait des concerts dans la rue le mardi soir. Avec le monde aujourd'hui c'est pratiquement du sur place, quand passe un bloco , on marque le pas. Il y a moins de gens déguisés . A l'heure de casser la croûte, on prend une petite rue perpendiculaire à la ladeira et qui monte un peu pour aller à la Casa de Noca, de l'extérieur le resto paraît petit mais en fait un escalier sur le côté descend jusqu'à une grande dalle surmontée d'un toit où sont disposées les tables et qui est aujourd'hui pleine à craquer. La spécialité de la maison, c'est la viande de charque avec du manioc et du fromage grillée, la viande est peut-être un poil salée mais le tout est délicieux et comme d'hab, on a demandé 5 rations pour 9 personnes. Le truc pénible pour moi au milieu de tout ça, c'est que j'ai une chute de tension, avec l'impression que je peux tourner de l'oeil d'un moment à l'autre, mal au coeur et barre au front et ce n'est pas le pied pour continuer, excès du carnaval, le temps parait aussi pris dans la folie et la fête, un coup de pluie puis soleil, le malaise va durer deux trois-heures puis s'estompe.
Les mecs du groupe veulent aller jusqu'à A Porta mais pas une seule femme est d'accord pour suivre. Alors pour éclairer les lanternes, A Porta c'est un bloco qui s'est formé en 1988 d'une blague entre copains qui décidèrent d'utiliser comme étendard une vieille porte en bois et en prime depuis quelques années, sur le mur du local, quelques nanas viennent danser et peu à peu retirent leurs fringues, et c'est la grosse attraction pour se rincer l'oeil dans cette société pudique, même si elle n'en a pas l'air, qu'est la société brésilienne. Carmen et Fernanda parlent de 2 femmes du groupe qui sont montées sur le mur et sont allées jusqu'au strip-tease mais la plupart réprouvent la coutume.
Nous, Carmen et moi, on a un rencart avec Suely à Recife Antigo et on repart. Dans le vieux Recife, c'est toujours aussi coloré plus bougeant je trouve qu'à Olinda, on suit d'abord le bloco do Bonde mais celui va emporte la palme c'est Batuqueira da Naçao, les couleurs qui prédominent sont vert et rouge, les batteurs de tambour se font acclamer par la foule qui reprend en choeur les paroles des morceaux et un peu plus tard , le bloco du bonhomme Pitú qui y met de l'ardeur et entraîne aussi les foules. Sur la place de l'Arsenal défilent sur une scène un groupe avec l'ours, le chasseur et les danseurs qui font partie des traditions carnavalesques pour les enfants. On ne s'approche pas du Marco Zero, noir de monde mais c'est tout aussi bien d'être dans les rues alentour où on circule assez facilement et où on peut danser. Il y a une chanteuse super, Maria Rita programmée pour plus tard dans la nuit mais on une journée de carnaval dans les tennis, Carmen s'est pris un bon coup de pied dans la jambe et ne peut plus danser, alors on rentre vers minuit, juste au moment où il se met à pleuvoir, sans que ça prenne les dimensions du jour précédent mais on arrive quand même toute mouillées à la maison.

BRÈVES DU CARNAVAL

CARANAVAL VERMELHO
Dans l'état de São Paulo, la section dissidente du MST avec d'autres mouvements pour la terre fait un "Carnaval rouge" avec occupation des terres dans une vingtaine de fazenda au Pontal do Paranapanema, avec participation de près de 2000 militants. Il y eu petite échauffourée avec la police sans blessés.


UN MORT PAR BALLE PENDANT LE GALO DA MADRUGADA
Samedi après-midi, un homme a été blessé par balle pendant le Galo da Madrugada par un policier retraité qui avait donc une arme et à qui il venait de reprocher de peloter les fesses des femmes de son petit groupe, il est mort avant d'arriver à l'hôpital, quant au tueur, il a été lynché par les gens tout autour et a du être aussi hospitalisé.

CARNAVAL J3

Aujourd'hui c'est exclusivité Recife sans faire un tour par Olinda, à 4 heures de l'après-midi tout est encore assez calme , pas de Zoé au rendez-vous et Suely arrive un peu plus tard, on s'est emporté de la maison la boisson, seulement le Pitú cachaça citron que je bois est autrement plus redoutable que le mélange vodka citron de Carmen et je me retrouve à flotter hilare entre les deux copines pendant un moment , on arrive à une place un peu à l'écart, o Pátio do Terço oú la programmation est afro, c'est l'aprém des tambours ados, super ! avec aussi des femmes qui dansent il y a peu de gens mais c'est assez animé, par contre il fait nuit et l'éclairage public est déficient, tout ça , ça donne à penser qu'ils sont rélégués. Deux jours avant on nous a distribués des feuillets sur le racisme institutionnel, ça commence où? Il y a un moment de creux entre les jeunes et la nuit des tambours silencieux et on repart vers le Marco Zero, avec une halte chez le rei da Coxinha à s'en manger une fourrée purée-crevette aprés ça, on retrouve la foule à se presser les uns contre les autres dans la rue Bom Jesus et sur la place Arsenal da Marinha, c'est le coin où on trouve toujours un bloco marchoso à suivre, il nous ramène vers le Marco Zero où le frevo occupe la scène, ils sautent, bougent à vitesse V avec leur ombrelle à la main. Il pleuviote, encore rien de grave mais en deux minutes ça prend des allures de déluge, on se colle au pied d'un immeuble, ça sent trop la pisse , un peu plus loin il reste encore un peu de place sous une avancée d'immeuble, maintenant, c'est avec tonnerre et éclairs, la pluie redouble d'intensité, mais devant nous un mjeune mec plutôt musclé, torse nu danse sous la pluie avec un air d'extase et le flot du caniveau fait passer les boites de Coca et autres détritus qui s'entassent plus loin avec le prochain obstacle. On va attendre près d'une heure que la pluie se calme mais apràs c'est plutôt le bordel, taxis pris d'assaut, les creux des rues de Recife sont déjà pleins d'eau et les voitures qui passent éclaboussent largement tout le monde. Vu le topo, on renonce á chercher un taxi pour Suely , pour nous aussi et on va prendre le bus au Cais Santa Rita pour rentrer toutes les 3 chez Carmen. Le bus est bondé, il n'avance pas tant qu'il est dans le centre, quand on atteint le pont, le niveau d'eau est tel qu'on ne voit plus les roues des voitures. Je n'aurais jamais pensé à associer carnaval et pluie, c'est fait.

lundi 23 février 2009

CARNAVAL J2

Ce dimanche matin c'est direction Olinda avec Carmen en "Mulher Incrível" et moi en short et jupe frangée, on retrouve Suely pour attaquer ensemble les pentes d'Olinda encore assez calme à l'heure où on y arrive, côté déguisements mais ils passent trop vite pour toutt retenir et pas d'appareil pour en faire quelques clichés, il y en a d'assez originaux, un sur la crise économique, d'autres qui ont repris les logos des taxis, des drôles , des plus esthétiques, superman et l'homme araignée perchés sur les toits et murs, on monte et on redescend, on suit un bloco mais c'est plus à marcher qu'à danser; on arrive à retrouver la bande de copains de Carmen car Nani, déguisée en Mulher Maravilha (style superwoman) plane au-dessus de la foule portée par des copains, en arrivant en bord de mer, on rattrape un bloco avec plus de marcha qu'on suit jusqu'à son local en dansant, c'est l'heure de la pause, on se trouve des brochettes de poulet et d'autres de fromage fondu et grillé à se mettre sous la dent et on carbure pour la boisson avec un mélange vodka locale et citron légèrement gazéifié vendu en boîtes. Il y en a qui parle d'une fête qui a lieu un peu plus loin, ça se passe dans une petit cour qui done sur la rue, on en profite pour aller aux WC mais il y a la queue et le temps que j'attende mon tour Carmen a disparu, elle est dans la rue un peu plus loin à s'occuper de Fernanda prise de malaise, semi-inconsciente, assise sur le trottoir, entourée de tout le monde. J'apprends que, à cause d'une gastrite chronique, Fernanda peut avoir des chutes de tension. Quand elle réussit à se mettre debout, on lui fait faire quelques pas jusqu´à une rue moins passante et là, elle a soudain envie de vomir, l'image, c'est Fernanda avec sa perruque rose fluo et sa salopette verte prenant appui des deux mains contre un mur tout bleu, soutenue par son copain tout en orange et qui rend de l'eau , puis de nouveau assise par terre, encore dans les vaps, le type de la maison lui apporte un verre d'eau, passe un mec à beugler pour une équipe de foot, les mecs du groupe lui font écho, alors qu'ils viennent de la soutenir, l'entourer, la fête reprend ses droits deux minutes et Fernanda des couleurs, elle se met debout et quelqu'un suggère de la mouiller, pas de probléme, le mec passe le tuyau d'arrosage par dessus le mur et ouvre l'eau, toute la famille est sortie sur le trottoir voir ce qu'il se passait , avec le premier sourire de Fernanda on fait la photo, voilá c'est ambiance Brésil à fond, des gens qui s'entraident mais sans oublier que la fête est là. Passe un type qui prévient que cette rue devient coupe-gorge en fin d'après-midi, ça sonne la dispersion, et en plus c'est l'heure selon Carmen où commence le bordel dans le Carnaval d'Olinda, nous toutes les 3, Carmen Suely et moi on se replie sur Recife Antigo , des groupes de maracatu rural* sont en train d'arriver au Marco Zéro, ils ont des costumes spectaculaires qu'ils ont fait eux-mêmes, d'immenses capes couvertes de perles et le super contraste des tennis aux pieds, il y a quelques enfants . Mais leur musique c'est un peu crincrin, on repart derrière un bloco "Blococorpos", qui donne envie de bouger et on le suit en dansant jusqu´au quai pour enchaîner avec un autre, quand on fatigue, on s'arrête un peu mais il commence à pleuvoir vers 21 heures, on commence à sentir la journée, Suely c'est dans la colonne, Carmen la gorge et moi les jambes. Retour au bercail.

*Les fêtes du Maracatu rural enfièvrent chaque année l'état du Pernambuco, plus spécialement la Mata (frange côtière). Pour les caboclos (métis européen-amérindien), ces réjouissances représentent l'occasion de nier leur misère sous des déguisements éphémères.Dans le maracatu rural, il y a également une figure d'un indien avec une énorme coiffe de plumes de paon.

samedi 21 février 2009

MARIANE LA CORDELISTE



Finalement on s'est retrouvées au resto O Poeta pour manger et parler d'elle et de ses cordels, Mariane Bigio est la cadette d'Unicordel, elle a 20 ans et ne tient pas en place, elle travaille dans une radio . Elle a réuni ses 2 passions, poésie et la communication, en une seule en faisant tous les jeudis une intervention "Pois é, Poesia é" de 3 minutes à la Radio Universitária, 3 minutes c'est court ça lui donne le temps de présenter un poète et de réciter une poésie, elle voudrait que ça devienne quotidien. Comment elle est arrivée au cordel? Plusieurs chemins qui ont tous abouti à ce qu'elle écrive. Par son grand-père maternel de Rio de Janeiro qui a toujours beaucoup aimé la poésie mais plus classique, quand sa mère était petite, il aimait la voir réciter des poèmes, après il a commencé à entretenir une correspondance avec sa petite-fille quand elle avait 9-10 ans , il lui envoyait des poèmes et plus tard des livres. Cet échange a duré a peu près 4 ans. D'autre part à l'école, elle a eu un premier contact avec le cordel mais sans imaginer qu'elle pouvait en écrire, elle était plus branchée sur la xylogravure que sur la poésie. Ensuite au moment d'entrer en fac, il y a eu une grève et comme elle allait rester plusieurs mois sans rien faire, elle a décidé de faire un stage en tourisme, il y a eu la visite à Borges, un des grands cordelistes du Pernambouc qui fait aussi lui-même ses xylogravures et elle a appris un de ses cordels pour le lui réciter, il en était tout ému et elle , du coup, elle a commencé à déclamer, des choses classiques, des cordels de Borges et puis sa mère qui travaillait avec José Honório à la banque du Nordeste lui a parlé de sa fille et il l'a invitée à participer aux récitals jusqu'au jour où il lui a dit: "Alors, quand tu t'y mets, à écrire toi aussi?" Ça a été le coup de pouce mais elle n'a pas aimé ses premiéres strophes à propos du carnaval juste avant celui de 2007. Puis elle a écrit son vrai premier cordel "A mãe que pariu o mundo" pour offrir à sa mère, le seul hic c'est que c'était trop juste pour en faire un folheto pour la fête des méres, Allan Sales a eu le temps de réviser le texte et elle lui a juste donné le texte encore inédit. Sa mêre qui, par ailleurs, ne tient pas trop à ce que sa fille fasse des cordels et aimerait plutôt la voir rassembler ses productions en livre, surtout pour celles destinées aux enfants.
Car une autre facette de Mariane, c'est d'aimer travailler avec les enfants. elle a écrit un cordel pour enfants "Educação ambiental" qui a été publié dans le recueil "Arrecifes do cordel" et fait une série de cordels sur des thèmes divers pour les petits, transports, fruits, légumes, etc. d'où le désir de sa mère de la voir publier en livre, plus rentable.
Elle a deux petits frères qui lui servent de public et qui réagissent aux cordels qu'elle écrit .
Elle a fait un atelier pour des enfants de 8 ans au SESC et elle s'est rendu compte que certains savaient à peine lire, elle a alors tout misé sur le côté ludique.
Mariane aime créer une ambiance quand elle récite, préparer ses effets,: "J'aime donner une vie au cordel, me préparer psychologiquement à ce que le cordel met en scène, faire vivre les mots." Elle sait aussi que si elle participe à un récital de cordel sur les marchés, " les gens écoutent parce que c'est une femme qui récite, parce que je suis jeune, alors j'essaie de faire en sorte qu'ils ne décrochent pas." Et donc elle n'est pas trop pour improviser . Tout comme elle n'aime pas écrire sur ce qu'elle n' a pas vécu ou ne connaît pas. "J'ai préféré quand j' ai traité le théme écologie faire un cordel sur le fleuve ici, le Capibaribe plutôt que sur la forêt amazonienne où je ne suis jamais allée. "
Elle écrit souvent la nuit quand elle repense à tout ce qui s'est passé dans la journée et que l'imagination se met en branle. "Ça me réveille quelquefois. Si je suis inspirée , je peux écrire beaucoup en peu de temps. L'autre jour en à peine une heure j'ai écrit 31 strophes. " Mariane a obtenu le quatrième prix de poésie à la Bienal 2007. "Et puis j'ai rencontré Silvana Menezes, et Cida Pedrosa, on s'est réunies en janvier 2008 toutes les 4 avec Susana Morais, on a fondé un groupe Vozes femininas , c'est de la poésie libre et on écrit de la poésie érotique, on a l'intention de faire notre site web et puis on deux récitals de prévu pour mars , on est pleines de projets, on a en vue le festival d'hiver qui a lieu à Garanhuns en juillet et pour la Saint-Jean aussi pourquoi pas tenter de faire un récital."

A gente combinou pra comer no restaurante O Poeta e foi onde Mariane me falou dela e de seus cordeís. É a caçula de Unicordel , tem 20 anos e muita energia , atualmente trabalha numa radio.
Pode reunir as duas paixões, poesia e comunicação, numa só: toda quinta faz na Radio Universitária uma intervenção de 3 minutos "Pois é, Poesia é", é pouco tempo que da para apresentar um poeta e recitar uma poesia, gostaria muito que fosse quotidiano.
Como chegou ao cordel? Por varios caminhos que a levaram na mesma direção, a da escritura. Seu avó materno do Rio de Janeiro gostou sempre da poesia clássica, quando a mãe de Mariane era criança, gostava de ouvir a filha recitando poemas. Depois com sua neta, começou uma correspondencia, ela tinha 9-10 anos, o avó lhe enviou primeiro poesia e depois livros, assim ela teve um contato mais pessoal com o mundo da poesia, isso durou mas ou menos 4 anos. "No ensino medio, conheci o mundo do cordel mas passou desapercibido, sempre gostei de xilogravura" sem imaginar que ela mesma chegaria a escrever. Mais tarde, no vestibular houve uma greve e por não ficar alguns meses sem fazer nada, Mariane fez resolveu fazer turismo, foi visitar Borges e pegou para recitar um dos cordeís dele que se emocionou. A partir daquel momento, começou como declamadora de poesias clássicas, de cordéis . Sua mãe que trabalhava com José Honório no Banco do Nordeste falou dela e José propus pra ela participar aos recitais até o dia que falou para Mariane: "E aí, quando você vai começar a escrever?" Foi antes do carnaval 2007, ela fez algumas estrofas carnavalescas mas não gostou muito do intento. Logo depois escreveu escreveu seu primeiro cordel "A mãe que pariu o mundo" que queria oferecer a sua mãe mas como não deu tempo de editar o folheto para o día das mães, lhe deu o texte inedito que Allan Sales revisou. Sua mãe que, por otra parte, prefere que a filha junte todas as produções, sobretudo para crianças, em livro mais do que publicar cordel.
Tem 2 irmãos pequenos que reagem como público ao cordel infantil que ela escreve. Fez uma serie sobre diferentes temas, transporte, frutas, verduras. No SESC, fez uma oficina de 3 horas para ensinar a fazer cordel mas percebeu que tinha crianças de 8 anos que não sabiam ler e desenvolveu mais o aspeto lúdico.
Gosta de criar um ambiente quando vai recitar, não improvisar. "Me preparo psicológicamente, o que mais gosto é dar vida ao cordel. Sou conciente também que aundo vou pra recital nos mercados, as pessoas prestam atenção porque é mulher e mulher jovem que recita. Aí com isso tento guardar o público atento."
Outra coisa importante para ela é escrever sobre os temas que conhece mais do que os grandes temas. "Se não vivo, não gosto de escrever, por exemploo nunca fui para a floresta amazônica, ái para tratar de ecologia, prefiro falar do rio daqui, o Capibaribe."
As vezes, escreve de madrugada porque acorda e lembra de tudo que aconteceu. "Acordo porque a ideia tá caminhando. se me sinto inspirada, posso escrever muito em pouco tempo. Asssim noutro dia escrevi 31 estrofas em menos duma hora. "
Em 2007, obteve o quarto prêmio na Bienal de Poesia . "Foi quando conheci Silvana Menezes e Cida Pedrosa. A gente se reuniu en janeiro del 2008 com Susana Morais também e formou o grupo "Vozes femininas", a gente faz poesia erótica e quer fazer um site no Internet. Temos 2 recitais programados em março e muitos projetos. Estamos pensando tambem no festival de inverno de Garanhuns e para São João, a gente quer ver se tem possibilidade de recitar.
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INAUGURATION CARNAVAL

Prévu pour 7 heures du soir au Marco Zero (borne à partir de la quelle on établit toutes les distances du Pernambouc dans la vieille ville) l'inauguration officielle du carnaval avec les groupes de maracatu , ce qui repréente plus de 400 batteurs de tambour, le roi et la reine du Carnaval et Caetano Veloso, à 6 heures les rues sont déjà noires de monde mais le ciel aussi s'assombrit pas seulement du crépuscule mais de nuages chargés et les premiers groupes ont à peine fait leur entrée sur la place et monté sur la scène qu'il se met à pleuvoir des cordes et ça ne sert pas à grand chose d'être collé à un bâtiment, on se reçoit presque autant d'eau que les autres gens. Au bout de trois quarts d'heure, je craque, trempée jusqu'aux os, la température a baissé et j'ai presque froid, je n'ai réussi à retrouver personne de connu au milieu de cette foule, retour à Boa Viagem pour voir le reste à la télé.

CARNAVAL OUAAAAHH

Vivre ça une fois dans sa vie! Grandiose, génial, un flots de couleurs, déguisement, musique, sensations tout est là dans les rues sur les places, les ponts, à chaque coin, une foule en liesse. Carmen va à Olinda car même grippée, elle ne veut pas manquer le bloco da Mangueira. Erica est venue me chercher à Boa Viagem pour aller au Galo da Madrugada, le plus grand bloco de carnaval du monde suivi par un million de personnes, c'est la premiére année qu'il se vit sans le fondateur mort en juin l'année dernière. J'ai la tenue pour la rue, pas d'appareil photo, pas de portable, le fric planqué dans le soutien gorge et dans une pochette sous le short, des tennis aux pieds recommandés par tout le monde ici, une guirlande c'est la note de déguisement pour moi. De chez elle où on a retrouvé son mari, Sóstenes, on prend le métro jusqu'au terminus en plein centre, à la sortie des flics vérifient qu'il n'y ait pas port d'armes ou autre produit douteux, on prend le chemin du Fort de Cinco Pontas pour retrouver des copains à eux. Il y a déjà pas mal de monde dans les rues. A l'ombre des grands arbres au pied du Fort, la température est idéale, une petite brise par dessus le marché, rien à voir avec la saucée que je me suis prise hier soir pour l'ouverture officielle du carnaval au Marco Zero. La densité humaine à cet endroit est raisonnable, on nous distribue de tout, des camisinhas , des éventails en carton avec propagande de l'état contre la violence aux femmes, contre la discrimination raciale, pour vivre un carnaval de la paix et autres et aussi des visières avec de la pub pour des marques de compagnies téléphoniques. dans les déguisements on voit mille choses, ceux aux couleurs du drapeau pernamboucain, des pierrots et colombines, des hommes préhistoriques, des Carmen Miranda, des perruques de couleurs fluo et d'énormes lunettes de soleil, un gros qui n'a rien trouvé de mieux que de se déguiser en poupon avec une grosse couche aux fesses, vu de dos pas triste! et j'en passe. Un petit homme en short a dû commencer á écluser bien avant l'heure, il est hilare et bien imbibé. Passe le premier trio elétrico, on le laisse passer puis au troisiéme, on se lance, on va sautiller , danser derrière pendant des heures parfois entrecoupé de bières, un oeil sur le psectacle autour et partout, c'est la foule à deux reprises un peu du serré, serré alors on s'accroche ou on se tient la main sans jamais perdre de vue les compères mais tout le monde s'éclate, pulsion de vie faisant frémir les corps sous le soleil maintenant cru, de temps em temps des flics par bandes de 5 ou 6 , à un coin de rue un aspergeur muni d'un jet qui pulvérise de l'eau , on en redemande. Quand on arrive rue de la Concordia , c'est là qu'est le siège du bloco, se dresse la silhouette géante du créateur du Galo et le coq aussi, de dimension plus réduite que celui du pont. En temps normale c'est une rue qu'on parcourt en 10 minutes, aujourd'hui il nous faut deux heures, c'est là que Rita et son mari nous lâchent car la foule devient plus dense, Rita n'aime pas tellement . Nous on continue et quand on arrive à la hauteur du pont où trône le coq qui a maintenant la tête sur les épaules et un chapeau haut de forme, c'est la mêlée la plus totale, tout à coup on ne sait pas comment , personne n'a vu venir, on est pressé à étouffer, on ne répond plus de ses mouvements, c'est une marée humaine et le roulis qui va avec, Sóstenes d'un cêté et Erica de l'autre m'entourent de leur bras pour ne pas se perdre, j'ai l'impression que je vais mourir étouffée, mes lunettes se barrent, je crois que mes pieds ne touchent plus terre, dans la bousculade on finit par se plaquer contre un camion et on laisse passer la folie carnavalesque, service des pompiers, une femme est transportée sur une civière, la deuxiéme semelle de tennis d'Erica s'est décollée elle aussi, on décide qu'on s'arrête, on traverse le pont pour aller à Boa Vista, une pause le temps de boire un jus de canne pressé comme remontant, Erica n'en peut plus, Sóstenes nous emmène manger de la pizza à la padaria Imperatriz et on prend le chemin du retour, il est 2h30 dans le métro c'est supportable , il est encore tôt pour que les gens décident de rentrer. En fait pour voir les derniers trios életricos arriver au coq sur le pont, il faut attendre 7 heures du soir. On arrive chez eux, on est rouges comme des écrevisses malgré la crème solaire. Erica a un malaise et tombe dans les pommes dans la salle de bain, elle a déjà eu des chutes de glucose mais ça faisait un certain temps que cela ne lui arrivait pas, on la transporte dans la salle, Sostenes lui maintient les jambes en l'air et elle revient à elle. Sieste pour tout le monde, aprés ça, on discute un peu toutes les deux, elle est un peu en crise avec son mari qu'elle trouve distant depuis quelque temps, pour moi le malaise est lié à ça aussi. Ça va mieux après, on mange sur le coup de 7 heures du soir, premier jour de carnaval, demain c'est Olinda et ses rues pentues avec Carmen , Suely, Fernanda. Le coup de pot, c'est qu'Erica avait pris son appareil photos et va me les envoyer, ça me dit bien de garder une trace visuelle du jour.

vendredi 20 février 2009

NELCIMÁ ET LE CORDEL


Un des compliments dont Nelcima se souvient , c'est quand on lui a dit: "Tes yeux se mettent à briller quand tu parles de littérature populaire". C'est devenu une partie importante de sa vie. Nelcimá s'est arrêtée de travailler en 2007 et c'est de laisser sa vie professionnelle derrière elle qui lui a fourni le prétexte pour son premier cordel "A saga da professora Nelcimá"; elle s'est aussi inscrite en fac pour étudier la littérature populaire et de fil en aiguille elle a continué á écrire des cordels tout en approfondissant le sujet. Elle fait actuellement partie d'un petit groupe de recherche "Grupo interdisciplinar de estudos medievais"qui se donne pour tâche d'étudier la culture populaire dans toutes ses ramifications et plus spécialement les résonnances médiévales dans la poésie populaire brésilienne. En étudiant José Lins do Rego, un des grands auteurs de la littérature nordestine, elle a eu l'idée à partir des critiques littéraires, de faire une présentation de son plus célébre livre "Menino do engenho" ( L'enfant de la plantation) en cordel qu'elle a donné d'abord à lire à ses professeurs et ils l'ont trouvé bien. Mais il lui est arrivé une mésaventure , en allant faire le tour des kiosques à journaux pour voir s'il acceptaient le cordel pour le vendre, avec un kiosquier qui lui a dit, sans aller plus loin, que c'était un plagiat et qu'il ne voulait pas s'attirer des ennuis.

Elle aimait aussi beaucoup un conte de Lenita Costa mais au moment où elle a voulu l'adapter, son neveu avait perdu le livre , elle a réussi à l'obtenir par la propre auteure qui lui a même offert d'en adapter d'autres . C'est le cas de "O feijão teimoso" qui aborde le thème du racisme et de la discrimination, elle a fait de l'histoire un cordel pour enfants qu'elle a aussi illustré. Elle s'est présentée à un concours avec ce cordel mais elle n'a pas été sélectionnée pour un mot qui donnait à penser qu'elle n'en était pas l'auteure quand elle signalait à la fin que le conte original était d'une autre femme.
Ce qui ne l'a pas empêché d'être choisie parmi 360 cordelistes pour que ses cordels soient au programme dans les écoles. Elle a eu droit à un tirage de 5000 cordels ( 1000 à offrir et le reste à vendre). Comme prof, avant d'en écrire elle-même, elle travaillait les cordels en classe avec ses élèves, un jour elle en reçut 60 d'un auteur, Marco di Aurelio qu'elle devait aller voir avec eux durant le FENART (festival national d'art qui a lieu en novembre). Elle a été trés contente de voir que ses éléves accrochaient et que le jour de la rencontre, ils avaient plein de choses à commenter à l'auteur. Une des astuces qu'elle aime à utiliser, c'est d'une maniére ou d'une autre, d'encourager le lecteur à lire plus encore, elle peut ne pas dévoiler toute l'histoire quand il s'agit d'une adaptation ou alors recommander de lire la suite comme elle a fait pour "A cura de outrora" ( les remédes de grand-mère). Elle avait trop de matériel pour un seul cordel , en a fait 3 et dans le dernier sa conclusion est que, sans négliger la médecine, on doit savoir se servir du savoir populaire. Nelcimá a commencé à écrire des cordels en 2007 et depuis n'a pas arrêté, le quotidien, la culture de sa terre, les histoires, autant de choses qui lui permettent de composer. Elle m'explique que son mari n'a pas beaucoup aimé la voir se plonger dans l'univers du cordel. Si elle doit faire un récital ou donner une conférence, il l'y emmène mais sans y assister et elle pense que c'est une pointe d'envie, non reconnue du reste. Mais ça s'arrange avec le temps, lui reconnaît-elle.
Si on revient à sa terre, Santa Luzia qui se trouve à 300 km de João Pessoa, la procession de la sainte est une des plus importantes du Paraíba, elle a écrit un cordel sur la fête de la ville, qui a été lu à la radio locale. De son enfance, elle évoque son pére qui aimait jouer de la guitare et elle se souvient aussi qu'elle se réveillait avec les cantorias (poésie populaire accompagnée au violon)que son grand-père écoutait à la radio. Elle a aussi tiré de ses souvenirs de quoi faire un cordel "Saudosa quixaba" (Saine quixaba, c'est un fruit) mais s'est rendu compte que le titre n'attirait pas l'attention alors la deuxiéme édition a été rebaptisée "Um capeta no forró da Pitombeira"( un diable au forró de Pitombeira). C'est aussi au musée de Santa Luzia qu'elle a découvert un cordel datant de la fin des années 30 d'une femme, Judith Jovithe das Neves, "A Morte da Inditosa Maria barbaramente assassinada por Lino Goiaba” d'une teneure journalistique étonnante. Nelcimá put rencontrer la soeur de la jeune fille assassinée et sut que la cordeliste écrivait beaucoup mais comme on ne donnait pas d'importance à l'écriture des femmes, elle déchirait facilement ce qu'elle faisait et le cordel en question fut sauvé par un historien qui lui reconnut une valeur certaine. Cela fait partie des priorités de Nelcimá d'axer ses recherches sur les femmes cordelistes du Paraíba, elle trouve qu'on n'en parle pas assez, elle en a connu 3 qui ne savent pas où elles mettent les poésies qu'elles écrivent et se mésestiment. Mais elle me cite aussi Galinda Catunda, une poétesse du Ceará qui occupe le fauteuil nº25 de l'Académie du cordel de Rio et parle de Zilma Ferreira Pinto de João Pessoa qui a écrit de nombreux cordels et de Nahi qui écrit des histoires piquantes.
Nelcimá écrit parfois à l'aube quand elle se réveille en pensant à de nouvelles strophes mais elle peut-être saisie d'une inspiration soudaine n'importe où, en se promenant parfois les vers se formentt dan sa tête mais elle ne les retient pas. Elle a pris l'habitude de toujours avoir papier et crayon sur elle . Mais ça n'empêche pas les petits accidents, ça lui est arrivé un matin où elle attendait l'ouverture de la banque, elle s'est mise à faire un brouillon mais elle a laissé le papier sur le banc quand la banque a ouvert et était incapable ensuite de se rappeler la moindre strophe.
Son plus récent cordel a été une commande du centre culturel São Francisco , on lui en a payé 1000 mais Nelcima préfère de loin composer librement.
As pesquisas inseridas nesta linha de pesquisa buscam a reflexão da cultura popular em suas variadas ramificações, em especial as ressonâncias medievais na poesia popular brasileira.

LE COIN DU CORDEL Á LA FAC


Le PPLP (programme de recherche em littérature populaire a monté une bibliothèque qui contient enviro 6000 cordels. L'objectif c'est de digitaliser tous les cordels, il y en a actuellement prés de 500 qui le sont. Elle me montre un cordel sur Padre Cícero puis celui de José Pacheco

"A chegada de Lampeão no inferno" tous les deux digitalisés , et comme il y a 7 xylogravures différentes selon les éditions, toutes les couvertures l'ont été.

Queqlues pièces de musées aussi qui datent de des années 50 et le cordel le plus curieux c'est celui écrit à la main et des cordels en braille parce que c'est à João Pessoa que Marco di Aurélio a lancé l'idée du cordel en braille , en apprenant qu'au Portugal, Dom João IV avait fait une loi décrétant que seuls les aveugles auraient le droit de vendre des cordels , ce fut un tollé mais il ne revint pas sur sa décision et la loi fut appliquée prés de 100 ans. Marco di Aurélio pensa que c'était un juste retour des choses que de donner accés à la littérature qu'ils avaient préservé dans un sens pendant un siécle.

Elle m'explique aussi que sur la fiche bibliographique, PPLP est le code utilisé pour l'enregistrement à la bibliothèque centrale et qu'il existe deux façons de répertorier l'auteur, la traditionnelle en haut de la fiche avecle nom de famille avant le prénom puis en bas de la fiche, c'est l'inverse on commence par le prénom et vient le nom aprés car dans la littérature populaire, on connaît plus souvent le poéte par son prénom ou alors parce que le proprio de la maison d'éditions avait mis son nom sur la couverture et que le nom de l'auteur réel est en deuxième page, ce fut le cas de José Martins de Althayde entres autres, d'avoir racheté la maiosn d'édition il s'octroyait le droit de "signer" le cordel. La fiche fait mention aussi du nombre de pages, de l'auteur de la xylogravure ou illustration de couverture.

mardi 17 février 2009

JOÃO PESSOA


Ca risque d'être ma dernière balade avant de repartir, João Pessoa, capitale de l'état voisin, le Paraíba.
La route est franchement dégueulasse, défoncée, pleine de trous entre Recife et Goiana, aprés quand on passe dans l'état voisin ça s'arrange, changemENt aussi de paysage, c'est plus vert, je me prends à espérer qu'il y fait moins chaud, tu parles!
A la rodoviaria, un +, il y a un poste d'informations touristiques mais pas de plan de la ville . Par contre , tous les monuments dans le quartier historique sont indiqués et ils ont fait un parcours pour le piéton, que je vais faire en plusieurs fois, en commençant par l'église et ensemble des Carmélites puis l'église São Francisco et son esplanade au commencement de laquelle est érigée une croix sur un socle, la pierre est noircie par le temps et je trouve que cette empreinte du temps lui donne un impact visuel qu'il faut conserver. Le parcours dans la ville passe bien sûr par la place où trône la statue de João Pessoa. La ville qui s'est appelée d'abord Vila de Felipeia de Nossa senhora das Neves (on se demande bien pourquoi, ils n'ont jamais du voir de neige dans le coin) a été rebaptisée João Pessoa, en hommage au gouverneur du Paraíba qui se présenta aux élections présidentielles de 1929 faisant binôme avec Getulio Vargas, ils furent vaincus et Pessoa assassiné en juillet 1930, ce qui déclencha la révolution de 1930 menée par Getúlio Vargas qui prit le pouvoir en novembre de la même année. La ville n'a pas la densité ni la taille d'ailleurs de Recife où tout le monde vante sa tranquillité mais ici les gens commencent à se plaindre aussi de violences et de vols et le premier soir où je suis là, à la sortie d'un supermarché, des clients entourent un jeune mec qui vient de se faire faucher son portable et est encore sous le coup.

Les Brésiliens sont des gens fabuleux, ça fait peut-être rengaine mais à tout moment, ça se vérifie. Cette fois, c'est grâce à José , un mec de HC que je n'ai pas pu rencontrer quand j'étais à Juazeiro do Norte parce que le mail de contact a mis 10 jours á lui parvenir que j'ai pu connaître Lenilma et Zé Augusto. José par chat me propose quand je lui annonce que je pars à João Pessoa de prévenir des amis à lui pour avoir un contact sur place. C'est simple. On se voit un peu plus tard que prévu car Zé Augusto avocat en train d'assister à la séance du TSE (tribunal supérieur électoral) qui confirme la cassation du gouverneur, Cássio pour corruption, achats de votes etc.. C'est un grand soir pour les habitants du Paraíba, ça fait 3 ans qu'ils attendent ça, il y a vote aussi pour décider qui finira son mandat et c'est le deuxième placé lors des élections de 2006 qui va le remplacer dès le lendemain. Plus tard dans la soirée une fois la nouvelle annoncée par radio c'est la fête, coups de klaxon , gens qui braillent, voitures qui circulent avec des drapeaux.


Une chose dont les gens ici sont fiers c'est d'habiter à la pointe la plus orientale des 2 Amériques, la Ponta do Seixas est le lieu où ils sont plus près, disent-ils, de l'Afrique que n'importe quel autre endroit du continent. Aprés un excellent poisson dégusté au clair de lune dans un resto de la plage de Tambau, Zé Augusto et Lenilma m'y emmènent voir le phare et également le monument construit par Oscar Niemeyer, un centre culturel tout en rondeur, Estação Cabo Branco Ciência, Arte e Cultura inauguré il y a à peine un an.


Dans les spécialités de la ville, Fanka m'avait recommandé de me manger un acaí na tigela, le pot c'est de trouver juste au coin de la rue de l'hôtel á côté du marché central, un endroit tout petit mais qui ne désemplit pas où les 2 femmes font jus de fruits et açaí, un vrai régal. L'açaí, je crois que j'en ai déjá touché deux mots, c'est une baie de l'Amazonie énergétique, antivieillissement et nutritive, quand on vous en met un bol avec en plus banane, céréales et miel, vous avez fait un repas complet (je mets un lien en français pour ceux que ça intéresse mais le problème c'est savoir comment en rapporter).

Côté cordel, au début c'est plutôt décevant. Autant ça parait actif et vivant sur la Toile, autant il a peu de traces dans le centre ville, quelques kiosques qui en vendent et on m'envoie á une fondation en bord de mer où on pourra me renseigner mais après avoir marché sous le soleil car elle est au bout de l'avenue maritime, je trouve porte close elle n'ouvre que l'aprés-midi mais j'ai rendez-vous avec une cordeliste et je repars et là ça sera nettement plus fructifiant (voir autre chapitre) .

Pour clore la visite, très beau centre d'artisanat qui regroupe les objets de toutes les coins de l'état, ça va de la céramique à la sculpture sur bois en passant par le recyclage de boites de conserve, le trvail sur tissu, la dentelle...

CORDEL EM FOLIA


Celui qui ne franchit pas l'enceinte du marché de Boa Vista sur le coup de 11 heures ne perçoit pas l'ébullition qui y régne, 3 hommes sont en train de tendre de gigantesques rubans de couleur en l'air , les musiciens de la orquesta de frevo font des essais de sono et à Unicordel on accroche une bannière en toile au fond de la scéne et on prépare l'autre sur toile plastique, on a aussi sorti les tee-shirts à vendre et on distribue le cordel collectif fait pour l'occasion aux gens attablés.
Pour la partie récital, chacun va venir déclamer, déguisé ou peu c'est José Honório qui inaugure avec son ''galo da madrugada" (coq de l'aube) qui lance le carnaval aussi.
Mais le clou de la journée aujourd'hui c'est le concours de fantasías déguisements inspirés par un plusieurs cordels. moi je me suis monté un déguisement de dernière minute avec une jupe frangée et des cordels en bandoulière façon cangaceira mais juste pour me joindre à eux et sans l'intention de participer au concours. Ils insistent pour que je le fasse, pourquoi pas! Mais j'ai une montée d'adrénaline quand je me rends compte que cela implique de présenter sa tenue en dansant le frevo, la danse endiablée du carnaval de Recife, mais avec des pas, des sauts et des cabrioles. c'est Isabel qui inaugure le défile avec justement un déguisement de frevo et elle fait sa présentation à merveille à me filer des complexes et un trac monumental, les autres ont théatralisé leur présentation mais moi prise de court, je ne peux que me lancer quand l'orchestre démarre sur mon tour , heureusement Meca Moreno , le cordeliste qui est au micro m'encourage, c'est parti a improviser des pas sur le rythme et le pire dans le frevo c'est qu'il y a de mini pauses, ça s'arrête 10 secondes, on croit que c'est fini et ça repart de plus belle, le jury est assis en ligne au pied de la scéne. Ça y est , c'est fini j'ai présenté "havaiana perdida no cordel do cangaço"et surprise! je gagne le troisième prix, on me remet une enveloppe contenant 40 reáis et tout le monde vient me féliciter pour ma prestation sans savoir danser le frevo. une petit nana d'une radio locale vient m'interviewer, c'est la gloire. Place aux gens qui veulent danser le frevo et le savent. J'ai une semaine pour apprendre quelques pas avec Carmen avant le carnaval.

lundi 16 février 2009

LAR SEM FRONTEIRAS (2)

Donc privé de centre le gamin qui a une mére tete en l'air et en plus la menace qui plane c'est de se voir retirer la place, il y en a d'autres qui attendent. Comment Cristina procéde? quand les enfants ont atteint 6 ans et passent en primaire, des places se libérent, Cristina fait alors un tour d'horizon et tient d'abord á rencontrer les parents pour se rendre compte si le travail qu'elles vont faire á la maternelle ne sera pas mis en l'air par des problémes familiaux , aprés ce premier contact, elle passe aussi voir dans quelles conditions vivent les petits. elle me dit qu'en général, bien souvent ce sont les femmes qui assument les gamins, la plupart survivent en faisant des ménages et les péres ou copains sont ferrailleurs. Aux dires des autres femmes de l´équipe, Cristina c'est une main de fer dans un gant de velours, elle se fait respecter, elle écoute et on l'écoute mais les femmes savent aussi qu'il est inutile de lui raconter des bobards.
C'est un travail sur deux fronts, d'abord au centre et puis ensuite auprés des familles, des jeunes, et surtout des femmes qu'il faut réconcilier avec l´école et les formations, leur montrer qu'elles sont capables de créer, insinuer qu'elles ne sont pas obligées de pondre des gosses á la queue leu leu mais dans leur conception de la vie, elles se mettent á la colle avec un mec, elles tombent enceintes et si le mec se barre, elles se débrouillent et puis vient le suivant avec qui elles voudront avoir un gosse aussi.
Il y a quelque temps, une des méres s'est vu embobinée dans une histoire de trafic, ça a mal tourné, son petit ami s'est fait descendre et elle a laissé son gamin á la grand-mére et a fui pour sauver sa peau, seulemnt voilá elle vient de rentrer comme si l'affaire était enterrée , tout le monde lui conseille de redisparaitre de la circulation pour ne pas mettre en danger la vie des siens, loi des favelas!
Cristina fait une réunion une fois par mois avec les parents pour faire le point, parler de la siutuation de la créche et des problémes, de choses éducatives aussi et quand arrive le moment de l'année de s'inscrire pour le Projeto Projovens (faire retourner á l'école les jeunes qui ont arrété trés tot et leur offrir une formation) elle insiste lourdement auprés d'eux et des familles. L'année derniére, elles ont organisé un atelier de peinture sur tissu pour les femmes et ont fait des sacs, elle m'en offre un au passage, elles ont gagné á leur cause une mére qui vient leur donner un coup de main á l'occasion et dont le mari bricoleur fait les réparations dans le centre. C'est l'heure de la sortie, la porte du centre a une grille que l'on ouvre et ferme avec chaque mére, aujourd'hui en prime elles emportent des petits sachets pour faire des flans parfum fruits car ils vont bientot etre périmés et Cristina explique patiemment á chacune comment procéder, les derniers á partir seront les petits jumeaux dont l'un est un vrai diable. On passe a travers les rues de la favela pour aller prendre le bus , tout le monde la salue.

dimanche 15 février 2009

LAR SEM FRONTEIRAS


Dans les multiples contacts que j'ai pris avant de partir au Brésil, il y a Céleste, brésilienne qui vit en France et a monté une école pour gamins défavorisés à Fortaleza mais comme ma dispo tombait au moment des vacances d'été au Brésil, je n'ai pas eu l'occasion d'y aller. Par contre, comme Céleste savait que j'arrivais à Recife , elle m'a donné le contact d'une amie à elle, Claudine qui a fondé l'ASUP Brésil (association de soutien aux universités populaires du Brésil) pour aider des enfants de milieu défavorisé.
A Recife, ils ont construit un centre Lar sem fronteiras à Varzeá, quartier de la zone nord de la ville, qui accueille 40 enfants. Ça n'a pas été une mince affaire que d'arriver jusque là, ça fait deux mois que j'ai pris contat avec Marcos pour y aller et fêtes et vacances aidant , toujours pas de rencard possible, on finit par se donner rendez-vous vendredi matin et à 8h il me prévient qu'il y a un imprévu et doit partir à João Pessoa mais propose de me laisser à la porte du centre, c'est mieux que rien, lá la responsable n'est pas là mais Olga va me me faire voir les installations et m'expliquer comment ils fonctionnent, elle y travaille depuis 2004 quand le centre a commencé á fonctionner dans les locaux construits et au départ elle y est rentrée pour faire du soutien scolaire car bien des gosses de 8-9 ans ne savent pas lire mais actuellement ils n'offrent plus de soutien car ils ont donné priorité aux petits de 3 à 6 ans.
Qu'est-ce qui permet au centre de survivre?
Dans le cadre du programme "Fome zéro" (faim zéro) ils reçoivent du riz, des feijãos, des fruits et des petits gâteaux. On leur a aussi demandé d'être le point de base pour un autre programme "Leite para todos" dont bénéficient 91 familles de la zone, on leur livre le lait 3 fois par semaine et chaque famille vient récupérer son dû , un litre par jour s'il y a des enfants de 6 mois à 6 ans dans la famille, ou si la mère allaite ou est enceinte et si la famille vit avec un revenu qui ne dépasse pas un salaire minimum (c'est à dire que dalle, environ 200 euros par mois).
Mais ce n'est pas évident de tourner avec peu d'argent et avec toutes les augmentations du mois de janvier, cela devient juste pour faire face à toutes les dépenses.
Le centre accueille les enfants le matin entre 7h30 et 10h, les mères qui arrivent plus tard doivent pouvoir justifier qu'elles sont allées chez le médecin, montrer une ordonnance ou papier dans le genre. En général, les mères previennent si l'enfant est malade, car sinon elle risque de perdre la place. Aujourd'hui il y a la moitié des enfants seulement car les fortes pluies d'hier aprés-midi ont causé des inondations avec des chemins impraticables dans la zone.
Les petits ont 3 repas, le ptit déj avec un jus de fruits à 8h20, le déjeuner à 11h30 et aprés la sieste pour les plus jeunes et des activités avec une instit pour les grands , à deux heures et demie ils ont une sorte de goûter. Aprés ça, tout le monde passe à la douche, si on découvre qu'un enfant a des pous, il n'a le droit de revenir qu'avec la tête propre , Olga explique que parfois quand on détecte la gale, c'est beaucoup plus compliqué car beaucoup n'ont pas les conditions pour tout désinfecter, literie et vêtements. Les mères commencent à arriver vers 15h30 pour récupérer leurs rejetons et sur le coup de 16h30, l´équipe des travailleuses peut partir mais c'est déjà arrivé qu'un enfant reste en rade, la limite c'est 17 heures si on vient le chercher plus tard , l'enfant doit rester 3 jours à la maison avant de pouvoir revenir.

samedi 14 février 2009

UNE CORDELISTE: ISABEL MAIA



au centre, la mère d'Isabel

La mére d'Isabel est maintenant une vieille dame de 92 ans à qui elle doit le goût pour les histoires. Sa mère n'est pratiquement jamais allée à l'école, les premiers jours de sa scolarité elle avit vu le maître battre sa soeur et demandé alors à son père le droit de ne plus y retourner, elle préférait travailler dans les champs et apprendre à lire à la ferme, ce qui fut fait. Pour cette raison, elle a très peu écrit et ne maitrisait pas l'orthographe mais aimait dire les poèmes et histoires qu'elle inventait. Quand Isabel était petite, elle l'a entendue plus d'une fois conter et le conte qu'elle préférait, c'était "Donzela Teodora" qui discutait avec les savants et leur clouait le bec, ce conte traditionnel fut repris en cordel Leandro Gomes de Barros.

En 2005 son frère poète mourut en laissant inachevé "A viagem do ciclista" (le voyage du cycliste), un jour, elle le relut et entreprit de le terminer, son autre frère qui travaillait dans le rayon vélo lui fournit les détails plus techniques et Isabel se mit à écrire des vers, elle y prit goût, "plus je m'enthousiasmais, plus je trouvais ça bon" et mit un point final au cordel.

Ce sont toujours les histoires colportées dans sa famille ou celles vécues par les uns et les autres qui servent de support à ses cordels. Elle me cite "A morte de Viriato" comme exemple d'une des nombreuses histoires que racontait sa mère et qu'elle adapta en cordel ou encore "Viriato e Batista", qui met en scéne une querelle entre les 2 hommes à laquelle avait assisté son arriére-arriére -grand -père. Son cordel "A viagem de Manezinho" , c'est l'histoire d'un homme timide qui ne se trouvait pas de bonne amie, le père l'envoie chez ses cousines où il est reçu comme un roi, il s'empiffre comme 4 et pendant la nuit , a besoin de se soulager, il fait ses crottes dans un mouchoir et s'enfuit à l'aube , en laissant ce cadeau parfumé.

Isabel a supporté durant des années un mari volage, elle me dit que les seules disputes entre eux étaient à ce propos, il jurait que ... et puis retournait voir sa maîtresse, elle l'a quittée puis ils se sont remis ensemble, et deux mois aprés, c'était de nouveau la même histoire, la rupture fut alors définitive et Isabel écrivit "Triangulo amoroso".
Aguentou muitos anos a relação do marido com outra mulher e Isabel me explica que os únicos motivos de briga entre eles era por causa disso, ele prometia que deixaria a outra e ia de novo pouco tempo depois, ela resolveu se separar mas se juntaram de novo e quando ele voltou com a outra , a ruptura foi definitiva e a relação inspirou Isabel para escrever "O triangulo amoroso".
Son cordel le plus récent, "Paraíba trocador" (il a été publié en janvier 2009) évoque un homme qui allait aux puces et avait la manie de tout troquer. C'est grâce à Altair Leal , qui a monté "Pantera cordelaria", une maison d'édition à Paulista dans la banlieue de Recife qu'Isabel a rencontré les gens d'Unicordel et participe depuis aux activités du groupe.

Autre événement important pour elle, la publication du livre à compte d'auteur "Maia - Contos e Poesias” avec un cocktail le 3 février 2009 pour fêter ça. C'était le rêve de son frère de pouvoir publier ses écrits, le livre reprend son oeuvre, celles de sa mère et d'Isabel. Le livre s'est bien vendu, elle en a donné aussi beaucoup et il ne lui en reste plus, elle espére faire bientôt un autre tirage.

Foi de sua mãe que Isabel herdou esse interesse e gosto pelas estórias. Sua mãe, agora uma senhora de 92 anos, não foi muito tempo pra escola porque nos primeiros días de escola, viu o professor bater na sua irmã e pediu ao seu pai que ficasse em casa, falou que prefiria trabalhar na roça e aprender a ler em casa e assim foi. Por isso, ela escrevia pouco porque não conhecia a ortográfia mas gostava muito de recitar poemas e contar as estórias que inventava e seguiu fazendo o mesmo com a filha. Quando Isabel era criança, de todos os contos que ouviu da mãe , o preferido era "Donzela teodora", essa menina que falava com os sabios e podia fazer debate com eles. O caso de História da Donzela Teodora foi recolhido por Leandro Gomes de Barros e transformado em cordel.
Em 2005, morreu o seu irmão poeta sem acabar "A viagem do ciclista" , pouco tempo depois leio Isabel de novo o poema e pensou que seria bom terminar, seu outro irmão que trabalha com bicicletas lhe deu ajuda para os detalhes mais técnicos e ela começou a fazer versos "Quanto mais escrevia, mais gostava de escrever e achava bom o que fazia." e o fim do cordel do irmão foi o começo da sua produção poética .
Sempre são as estórias que ouve e ouvia , algumas que aconteceram a pessoas da familia o aos vizinhos, que utiliza como materia para os seus cordéis, um exemplo é "A morte de Viriato" que fazia parte dos contos de sua mãe ou "Viriato e Batista" que relata uma briga entre 2 homens, briga a que assistiu o seu trisavo.
O seu cordel "A viagem de Manezinho" fala de um homem muito tímido que não conseguia arranjar namorada, o pai mandou ele pra casa das primas que o receberam como um rei. Ele aproveita, de comer tanto durante a noite precisa ir pra banheiro, não sabe onde é , deixa o côco num lençol e foge cedo.
Aguentou Isabel muitos anos a relação do marido com outra mulher e me explica que os únicos motivos de briga entre eles era por causa disso, ele prometia que deixaria a outra e ia de novo pouco tempo depois, ela resolveu se separar mas se juntaram de novo mas quando ele voltou com a outra , a ruptura foi definitiva e a relação inspirou Isabel para escrever "O triangulo amoroso".
O cordel mais recente "Paraíba trocador" que Isabel publicou em janeiro vem de unm homem que sempre ia para as e acostumava trocar tudo. Graça a Altair Leal, um cordelista que montou sua propria editora "Pantera cordelaria" em Paulista, perto de Recife, Isabel entrou em contato com os de Unicordel e participa des aquel momento nas atividades do grupo.

Um acontecimento importante para ela foi a publicação do livro "Maia - Contos e Poesias” . Fizeram um coquetel com 1000 salgadinhos para comemorar o evento . O livro é de tripla autoria de Leocádia Maia, a mãe, de Isabel Maia e de Jairo Maia (Castanha), falecido em 2005. Era o sonho do irmão falecido, Jairo , poder publicar os seus escritos . O livro se vendeu bem , Isabel deu muitos também , aí mandou fazer 20 mais.

LES CANGACEIROS: DURVINHA ET MORENO (3)


Au cours de cette journée passée sur la terre natale de Lampião, Cleonice me parle aussi du couple Durvinha -Moreno. En fait, au début Durvinha est la compagne de Virgínio, le beau-frére de Lampião dont elle a 2 enfants mais il meurt dans une embuscade et elle se marie un peu plus tard avec Moreno. Ils ont un fils, Inácio qu'ils vont laisser à un Père à Tacaratu,au Pernambouc. Quand ça commence à sortir le roussi pour les cangaceiros, après la mort de Lampião, ils décident de fuir à pied pour le Minas Gerais ( la distance c'est une bagatelle de 1500 à 2000 km selon le point de départ et celui d'arrivée). Ils s'installent à Augusto de Lima dans le nord de Minas, il bosse à couper du bois et se jurent mutuellement de ne jamais révéler à quiconque leur passé, ils ont 5 enfants qui grandissent et les parents, eux, vieillissent . En 2005, Moreno tombe malade et veut savoir ce qu'est devenu le premier fils qu'ils ont eu, ils révèlent la vérité à leur progéniture et partent à la recherche du fiston, retrouvent d'abord la soeur de Durvinha qui la croyait morte, le choc! puis la trace de leur fils âgé de 65 ans , policier à Rio. Retrouvailles émouvantes pour tout le monde.

Durvinha est morte l'année dernière en juin à l'âge de 93 ans, Moreno aura 98 ans cette année.

vendredi 13 février 2009

BRÈVES DE RECIFE

Je suis rentrée le week-end dernier et on est déjà vendredi . Ici les préparatifs pour le carnaval redoublent d'intensité. Les bus qui passaient par le centre, par la rue Nossa Senhora do Carmo ont leur parcours dévié depuis lundi car des ouvriers sont en train de monter les gradins pour le Galo da Madrugada*. Sur la place de la République, les effigies du Carnaval colorées et assez grandes éclipsent les statues du parc. A Boa Viagem, le long du canal, des stands de déguisements se sont installés le long du canal, comme c'est le cas aussi un peu partout.


Rencontre d'Ester qui fait une thèse de doctorat sur la question du genre dans l'afoxé. On se retrouve Vera , elle et moi à une table en terrasse du bar d'Henrique dans le quartier de Boa Vista et la première chose qui saute aux yeux , c'est qu'Henrique, le patron n'est pas du genre commode ni souriant . L'afoxé est parfois aussi appelé Candomblé de Rua, c'est au moment du carnaval un cortège de rue afro-brésilien qui puise ses racines chez les Yorubas et qui est toujours lié à un terreiro de candomblé. Qui dit afoxé dit religiosité, dit culture, dit tradition, dit rythme et musique, au départ seuls les hommes participent à un afoxé alors qu'en Afrique ce n'était pas le cas, c'est ce qui a poussé Ester à traiter ce sujet .


Mardi 10 février, jour J pour Bonecão, c'est son anniversaire, on lui prépare l'accueil à 7 heures du mat avec gâteau et cadeaux avant que Carmen ne parte bosser, Bonecão saute et crie en faisant des pitreries comme une gamine, à réveiller l'immeuble et Yasmin aboie pour ne pas en être en reste. De la part de Carmen c'est une cafetière électrique et moi je lui ai rapporté un sac de plage en corde de Juazeiro do Norte et avant qu'elle ne s'en aille , la cerise sur le gâteau c'est un gros bouquet et Bonecão a un sourire jusqu'aux oreilles.


Récital de cordel sur la plage de Boa Viagem, la mairie a installé toute une aire de jeux, sport et spectacles avec une scène, mercredi à 20h30 c'est le tour des poètes d'Unicordel d'intervenir, José Honório fait une entrée sur scéne des plus cocasses il a des lunettes jaunes qui clignotent un pantalon jaune tout frangé et saute partout en rytme avec la fille qui danse le frevo, des musiciens aussi qui font partie du groupe qui va accompagner Cordel em folia samedi au marché de Boa Vista, chacun vient réciter en y mettant force et conviction mais le micro sature par moment et ça perd du relief pour ne plus sembler que braillard, pour le final ils nous font à plusieurs en avant-première le cordel qui a été fait collectivement cette année autour d'un cordeliste classique, José Martins de Althayde et viennent le distribuer aux quelques spectateurs, le tee-shirt qu'ils font chaque année à l'occasion du Carnaval et vendent pour se faire quelques ronds est prêt lui aussi mais ils n'ont apporté que des grandes tailles, pas pour moi, je l'achèterai samedi.

Je voulais aller et j'y suis allée à la Terça negra (Mardi noir) dans le pátio de São Pedro mais il semble qu'á cause de la proximité du Carnaval, aucun groupe de musique afro-brésilienne qui assure les Mardis noirs n'intervienne ce mardi.



O galo da Madrugada* (le coq de l'aube) est un bloco qui part du quartier de São José dans le centre de la ville et qui inaugure le carnaval, il est considéré comme le plus grand bloco du monde , il est suivi par 1 à 2 millions de personnes

mercredi 11 février 2009

UNE CANGACEIRA: SILA (2)

Au cours du samedi passé avec Domá et Cleonice, on a eu le temps de parler pas que de Lampião des autres aussi et j'apprends comme ça l'existence d'une cangaceira, Sila de son vrai nom Ilda Ribeiro de Souza (1919-2005). Elle vécut 2 ans dans le cangaço aux côtés de Zé Sereno, ils eurent 4 enfants. elle accoucha du premier en pleine nature , elle dut le confier à des parents et apprit plus tard qu'il n'avait pas vécu longtemps. De son compagnon , elle dit que , s' il était bon pére d'un côté, de l'autre c'était un fameux coureur de jupons.Elle fut une des rares à échapper au massacre de Angicos au cours duquel furent tués Lampião et Maria Bonita. Elle raconta plus tard que la nuit avant , elle discuta un bon moment avec Maria Bonita qui était triste et lui aurait dit qu'elle en avait marre de cette vie de traqués, elles virent toutes les deux des petites lueurs au loin qu'elles prirent pour des vers luisants alors que c'était lla brigade volante qui préparait l'assaut. Deux ans plus tard Zé et Sila furent de ceux qui se rendirent, pas fait prisonniers mais n'avaient pas le droit de quitter la ville , ils finirent par atterrir à São Paulo où elle travailla comme couturière pour faire bouillir la marmite, pour la chaîne de télé Bandeirantes et puis à faire des costumes pour des actrices célèbres comme Regina Duarte et Fernanda Montenegro (l'actrice de Estação central do Brasil) sans jamais rien révéler de son passé et ses enfants grandirent et peu à peu elle conta les choses du passé, mais elle a reconnu qu 'elle n'avait pas vraiment idée de ce qu'était le cangaço, un mouvement révolutionnaire? Personne à cette époque-là le définissait comme tel. Pour elle , c'était une façon de survivre sans avoir à obéir aux coronéis et vivre sous leur coupe; elle trouvait que ce n'était pas une vie mais il n'y avait pas le choix. Zé sereno est mort en 1982, et elle, Sila en 2005

mardi 10 février 2009

SERRA TALHADA ET LE CANGAÇO

la pierre de la première embuscade

la maison natale de Lampião
A Serra Talhada, je rencontre Lu, ça s'est fait par HC , c'est toujours un peu par hasard, Lu répond presque aussitôt à mon mèl qu'on peut se rencontrer et qu'elle m'attend, elle est au chômage parce qu'elle a laissé son boulot et s'occupe pour le moment de son neveu dont les parents sont partis à São Paulo durant une semaine. Grâce à elle, je pénètre un peu plus dans la réalité d'une ville de l'intérieur, c'est pas planant! Ce qu'elle veut, c'est pouvoir en sortir, c'est plutôt étriqué sur tous les plans, boulot, mec et vie. Elle prend plutôt ça avec philosophie mais ça n'empêche qu'elle est prête à aller voir ailleurs. Comme elle habite un peu en dehors du centre ville, c'est l'occasion pour moi de voir une rue de province, pas encore asphaltée, où les gens sortent leurs chaises et prennent le frais sur le pas de la porte. S'il pleut, ça devient tout de suite de la gadoue et des manoeuvres à n'en plus finir pour ne pas s'embourber. Les grenouilles croasssent dans les terrains vagues alentour.
A Serra Talhada, il y a aussi un musée du cangaço et on est à une trentaine de kilomètres de la ferme où est né Lampião, je ne vais pas manquer ça. Le musée, c'est l'oeuvre de Domá et Cleonice, ils ont monté ça tout seuls, par passion et puis on leur a fourni un local, le musée a deux parties expo des photos et objets puis au fond une salle pour spectacles, visionnements et conférences avec des étagères pleines de bouquins sur les cangaceiros. La fille de l'accueil me donne quelques explications au début puis me laisse voir tout ça à mon aise. Sur une table, des centaines de cordels dont des introuvables, des très anciens, ça demande qu'on y revienne pour fouiller ça un peu plus. Par coup de bol, un de plus , je vais rencontrer le couple et passer la journée avec eux le lendemain. Ça se passe comme ça, Lu m'emmène à l'anniversaire de sa mère, son beau-frére le plus tchatcheur travaille à la télé locale et me parle des gens du musée, de là il téléphone à Cleonice . Comme elle vient au musée le lendemain et compte aller jusqu'á la maison natale de Lampião dont ils s'occupent aussi, tout baigne et moi aussi dans l'ambiance cangaceiro pendant toute une journée. Je pars avec elle, dans l'autre voiture , Domá son mari avec une èquipe de l'université de Recife qui veut réaliser un documentaire de 30mn, (le temps qu'on leur laisse pour l'émission, ils veulent aussi aller à Serra Grande où Lampião et 60 hommes ont tenu tête à 200 policiers et sans perte pour eux et qui reste dans l'histoire comme le plus grand combat du cangaço. Mais dès qu'on aborde le sujet, même si l'on part des faits , on finit toujours à un moment donné par les légendes qui courent sur le compte des cangaceiros, leurs faits et gestes se colportaient par cordel ou par des versions orale et l'imaginaire était lancé.
Au cours du repas, plus tard ils parlent d'un auteur spécialiste du cangaço, Federico Mello de Pernambuco dont j'avais vu la dernière publication à l'aéroport " Quem foi Lampião" et ce que la tablée lui reproche, c'est d'une part de toucher des cachets exhorbitants pour faire une conférence(300 000 R) et avoir des exigences de vedette comme une voiture blindée pour circuler et d'autre part d'"élitiser" Lampião , de vouloir en faire un héros pour une classe bien pensante avec quelques petites inversions sur les chiffres parfois, du style s'il y a eu 5 blessés dans la brigade volante et 1 du côté des cangaceiros, c'est le contraire qui apparait dans le livre. Domá lui reconnaît que c'est un homme qui sait parler et bien présenter les choses alors que lui, s'il se sent en confiance, commence à parsemer le discours d'expressions familières et de jurons et que ça la fout mal.
Cleonice passe tout le trajet à raconter et raconter encore, la petite maison où naquit Lampião et qu'ils ont retapée et transformée en musée est celle de la grand-mère, les parents habitaient un peu plus loin, la mère venaient accoucher là et puis repartait chez elle avec le nouveau-né, Lampião fut le seul à rester là après. Elle me fait part aussi d'une histoire que peu de gens connaissent, la mére de Lampião avait une liaison avec une homme marié et elle tomba enceinte, pour elle c'était la fin , l'amant décida alors de proposer sa petite amie à un homme qu'il connaissait et pour le geste, se marier avec elle, il recevait un lopin de terre, ainsi fut fait. Antônio , l'aîné n'était que le demi-frére de Lampião, il devient lui aussi cangaceiro et meurt acidentellement en chahutant avec Luis Pedro, le cangaceiro recruté à Triunfo. Celui -ci prêt à payer de sa vie pour ce coup mortel, raconte tout à Lampião qu'on est allé chercher à 3 lieues de là puis lui tend son arme en disant: "Voilà mon arme, fais de moi ce que tu voudras" , Lampião lui aurait alors répondu : "Tu es courageux, petit. A partir de maintenant, tu vas prendre sa place et désormais mon frére c'est toi".

Lampião tenait plus de sa mère pour le caractère que du père , plutôt homme pacifique qui voyant la fougue de ses rejetons, avait l'habitude de leur ôter le fusil quand les fils partaient faire la fête mais la mère contournait la maison pour leur redonner en cachette , "Je ne veux pas de fils mort", disait-elle.
On quitte la PE490 baptisée rodovia Virgolino Ferreira da Silva pour prendre le chemin qui méne à la ferme et auquel ils ont donné le nom de Zé Saturnino parce qu'il est un élément-clé dans l'histoire, qu'il fut le premier ennemi de Lampião. Ses enfants habitent encore là et ont des rapports de bon voisinage avec les inconditionnels de Lampião que sont Cleonice et Domá, tout le monde se respecte sans avoir le même avis sur la question.
On va s'arrêter un peu plus loin à la pierre de l'embuscade qui mit le feu aux poudres et Cleonice me donne des détails. Zé Saturnino et Lampião étaient des ados copains comme cochons et puis comme Lampião était trés bon danseur, les dames l'avaient surnommé "pé de ouro" (pied d'or), bon dompteur d'ânes sauvages et excellait dans le pega o boi, (taureau lâché qu'il fallait attraper) Zé commença à éprouver jalousie et envie. Il y eut un petit accrochage pour un engagement non respecté et ça explosa. Il tendit une embuscade aux frères Ferreira à la pierre (photo), l'un fut blessé. Ils cherchèrent alors à porter plainte mais les autorités de désintéressÈrent du cas , là on raconte que Virgolino serait allé acheter deux fusils en disant "les voilà , mes deux avocats" et la mort du père, abattu froidement à la place de ses fils va être la goutte qui fait déborder le vase. Lampião et ses fréres rejoignent le cangaço.




lundi 9 février 2009

JUAZEIRO DO NORTE (CEARÁ)

Edson et Maria Eli
C'est assez galère de vouloir aller de Serra Talhada à Juazeiro do Norte, pas de bus dans la journée et celui de nuit arrive à 3 heures du matin, ça ne me branche pas du tout de me pointer en pleine nuit dans une ville que je ne connais pas. Et puis je me rappelle que Terezinha de la pousada de Triunfo m'avait dit qu'elle connaissait un homme qui faisait le voyage mais c'est panier percé car il ne veut pas voyager le jour prévu pour Juazeiro et moi, par contre, je dois y prendre l'avion le 6 février. Mais comme les choses arrivent à se mettre en place , au retour de São José do Belmonte, je tombe sur un homme qui a déjà fait le voyage et me fait rencontrer l'homme qui assure une liaison jusqu'au Ceará. Départ à 6 heures du mat , une fois passé la frontière entre les deux états, le paysage devient plus vert, on arrive dans la vallée du Cariri mais le tronçon de route jusqu'à Brejo Santo est dans un sale état, aprés, ça s'arrange. J'arrive à Juazeiro do Norte sur le coup de 11 heures du matin, première impression , c'est l'horreur, il y a des Padre Cícero* partout, toutes les rues portent des noms de saints ou de papes. il vient juste d'y avoir une fournée de pélerins et la ville se remet , c'est à dire que toutes les pousadas sont fermées ou presque, vu qu'elles ont fait leur beurre. Pas évident de trouver une chambre, j'atterris dans un hôtel, avec des km de couloirs remplis de dortoirs , ma chambre donne sur la cour, c'est mieux mais je me demande ce que je suis venue foutre ici. Heureusement j'ai mes coups de bol, je tombe sur l'hôtel municipal qui me donne un plan de la ville, au SESC ils sont en train d'organiser une cordelthéque et ils m'offrent le livre de la fille que j'aimerais rencontrer et le mégacoup de pot , c'est la rencontre d'Edson avec qui j'avais pris contact par HC, il est venu avec tous ses cordels pour voir si ça m'intéresse et me propose de m'en laisser pour les feuilleter tranquillement et aussi de me faire rencontrer Hamurabi, un cordeliste qui travaille dans une coopératives d'artisans, de sculpteurs sur bois, lui aussi nous offre un cordel qu'il va commencer à chanter en marquant le rythme avec une boîte d'allumettes, l'homme est sympa mais bavard et il faut qu'on s'arrache pour aller voir Fanka, la chercheuse que je voulais rencontrer. La ville fourmille de commerces, il y a aussi la rue des cliniques et spécialités médicales (je pense que ça rappellera quelque chose à Christine et Michel), celle des fringues et tout autour de la place , des marchands de bondieuserie , des statues en plâtre mais comme d'hab pas un seul point d'information touristique. Ici, c'est donc padre Cícero sous toutes les coutures, je vais alors visiter la maison où il a habité un peu plus bas dans la rue où je loge, pleine d'ex-voto puis le Mémorial qui lui est dédié, là c'est photos, tableaux de ceux qui lui ont peint le portrait dans différentes circonstances, le service à vaisselle à son nom, il ne faut pas oublier qu'il venait d'une des famille bourges et conservatrices du lieu et puis aussi ses habits liturgiques, et le linge avec lequel il a essuyé la bouche ensanglantée de la béate qui a senti l'hostie se tranformer en sang. Sur le côté on trouve aussi, à contempler derrière la vitre, la reconstitution de son cabinet de travail. En sortant de là à quelques pas, je vais voir l'église où il est enterré. Il va juste me manquer la colosssale statue à voir de plus près car le matin où je comptais m'y rendre, il se met à pleuvoir de ces pluies tropicales intenses, l'horizon et fermé et une masse de nuages gris va jusqu'à masquer la silhouette du Pére sur la colline, pour la prochaine fois...

Comme je dis quelques lignes plus haut, heureusement il y a Edson à Juazeiro qui me sort de ce pincez-moi je rêve ressenti à l'arrivée, on va se boire un pot dans un bar où le proprio chante devant un micro le répertoire de Bob Dylan, un des rares bars sympas de la ville à ses dires. Edson en est à sa dernière semaine de vacances d'été, lundi il réattaque comme prof en milieu rural, il préfére même si c'est à 1h30 de bus de chez lui car il y a moins d'éléves par classe, seulement une vingtaine. Il est branché sur tout ce qui sort de l'ordinaire, une mine! et il m'évoque alors les côtés délirants des pélerinages quand par exemple il y a des travestis qui y participent, ils font sensation, ou alors quand des pélerins qui ont monté un campement de fortune sur le trottoir devant la cathédrale vont recevoir l'hostie saintement puis se bourrent la gueule et/ou se tapent une putain sous la toile de tente. D'autres ont fait 400 km à pied pour venir demander une faveur. Sous la pluie , on va jusqu'au centre d'art do Banco do Nordeste voir quelques toiles et on rencontre Maria Eli (sur la photo) qui est toute prête à m'aider pour les cordels et qui commence à étudier le français. On va la laisser pour courir sous la pluie jusqu'à chez Fanka.
PS: je mets un lien pour les photos de la ville pour donner une petite idée

Padre Cícero* (1844-1934) , Padim Ciço, c'est le saint local, reconnu comme le Cearense le plus important du siècle, il a été le premier maire de la ville en 1911 quand le bourg a été élevé au rang de ville mais c'est surtout l'histoire de l'hostie qu'il administre à une religieuse et qui se change en sang qui va lui faire gagner son auréole, pas de la part de l'église car il est mis au ban et pris pour un imposteur mais de la part du peuple, la nouvelle du miracle se répand et c'est parti, lui il part à Rome pour rencontrer le pape et il est réadmis au sein de l'église. Il meurt en 34 et la foule suit son cortége funébre. La ville est devenu le lieu de pélerinage du Nordeste, avec une immense statue du Padre dressée sur une colline à quelques km de là.

dimanche 8 février 2009

LES FEMMES DU MMTR: ANEIDA (4)


Aneida habite dans une communauté agricole à 10km de Serra où ils montèrent une association pour mieux fonctionner en 2005, elle en a fait d'abord partie comme simple membre puis le président de l'assoc lui a passé les pouvoirs bien que beaucoup d'hommes trouvaient que ce n'était pas la place d'une femme, elle est alors devenue présidente officiellement, pour le deuxième mandat et elle l'est depuis 3 ans. Aujourd'hui, elle a su se faire reconnaître et ceux qui mettaient en doute sa capacité à assurer la présidence ne veulent plus qu'elle lâche le poste . Aneida passe du temps à faire du porte à porte pour réclamer à tout le monde sa cotisation de 8 Reais par mois et tout le monde paie. La communauté produit du maïs , des feijãos et des légumes avec des engrais. Ses 3 enfants ont entre 10 et 15 ans, son mari la soutient dans ses actions et elle étudie aussi, va à la fac l'aprés-midi. Elle aimerait poursuivre après ça avec des études pour être agronome, d'une durée de 5 ans et elle sait que cela pourra être possible car son mari l'y encourage. Le syndicat va fermer ses portes dans quelques instants, pas le temps d'en savoir plus, ça demande à revenir.

LES FEMMES DU MMTR: APARECIDA (3)


Aparecida fait partie du MMTR et également du syndicat . Avant d'être assentada*, elle a occupé des terres, elle et ses enfants ont vécu acampados* ainsi que 57 autres familles pendant 1 an et demi . Un des grands défis qu'elle a eu à relever , ça a été d'obtenir, en tant que femme séparée, un lopin de la terre conquise. C'est une des choses dont elle a souffert, cette discrimination, on la critiquait pour s'être séparé de son compagnon en la rendant elle seule responsable du fait mais elle a aussi été soutenue par des femmes et quand elle craquait, elle a trouvé l'écoute dont elle avait besoin auprés de Vanete qu'elle considère comme une tante.

Elle me dit que si elle doit donner un conseil à une femme qui passe par une crise conjugale, elle évitera de parler de séparation, lui recommandant plutôt d'essayer de régler le probléme avec le mari mais elle la comprendra si elle tient à le faire, elle ne veut pas s'immiscer dans la vie des autres elle se sent juste en mesure de mieux comprendre et de pouvoir écouter.

Il lui a donc fallu gérer seule son quotidien avec ses 3 enfants, deux vont à l'école le matin, le troisième l'aprés-midi pour pouvoir s'occuper des terres le matin.
Les familles assurent une production collective de légumes ainsi que l'élevage des animaux. Aparecida travaille au syndicat 3 jours par semaine et il lui reste 3 autres jours pour pouvoir s'occuper de son propre lopin de terre.
Ils ont créé à eux tous une assoc pour gérer les besoins et problèmes de l'assentamento dont elle a été élue présidente deux mandats de suite, 4 ans au total mais aujourd'hui elle est redevenue un simple membre car elle ne veut pas assumer trop de choses à la fois pour rester efficace dans ce qu'elle fait .
Le deuxième samedi du mois, il y a une réunion de la collectivité pour discuter des problémes , elle étant au syndicat peut les transmettre et voir si on peut recevoir l'appui du syndicat.

Son objectif et défi tout à la fois c'est de faire venir au MMTR encore plus de femmes, elle juge que beaucoup trop vivent encore sous la coupe du mari. Elle m'invite à venir passer plus de temps avec elles pour mieux appréhender leur réalité, c'est tentant, qui sait... un jour peut-être.
acampados* personnes qui occupent des terres en y montant un campement de fortune souvent et revendiquent qu'elles leur soient attribuées. Le campement peut durer des années avant d'obtenir la terre.
assentada* personne qui , ayant fait partie du campement, va recevoir une partie de la terre conquise pour s'y installer et la cultiver, tout en assurant aussi une production collective.

LES FEMMES DU MMTR: BENEDITA (2)


Le MMTR existe depuis le début des années 90 et Benedita aime à dire que c'est une école parce que, au départ, certaines femmes étaient incapables de se présenter, ne serait-ce que pour dire leur nom en public, pas l'habitude de parler d'elles, et qu'on leur a appris. Une école aussi pour le fait qu'il y a toujours quelque chose à apprendre et à tirer des luttes qu'elles mènent. Au commencement , c'est un groupe de 5 femmes qui décident de faire quelque chose pour les travailleuses invisibles avec comme premier objectif, avoir une carte d'identité. Dans le milieu rural, on ne considérait pas important que les femmes aient une pièce d'identité puisqu'elles avaient peu de contacts avec le monde extérieur. Ce qui impliquait aussi qu'elles aient été déclarées à leur naissance, ce qui était loin d'être le cas de beaucoup d'entre elles. Dans sa famille où ils étaient 8 enfants, elle avait 14 ans quand on a fait son acte de naissance et sa soeur aînée en avait 20 et elle était sur le point de se marier. Sa mére était accoucheuse et a aidé bien des femmes à mettre leurs enfants au monde mais elle n'a jamais eu le droit d'être reconnue comme professionnelle et pourtant c'était tout un travail vu que les conditions de vie étaient plutôt limites.

Benedita fait partie de la commission d'état des travailleuses rurales qui réunit 3 fois par an à Recife les coordinatrices des différentes régions du Pernambouc. Au MMTR, les groupes de travail s'organisent autour de thèmes variés, santé, droit, sexualité, problémes des femmes en milieu rural...
Dans les premiers temps, elle était la seule femme à participer aux réunions des travailleurs agricoles, les maris ne laissaient leurs femmes y venir.

Au syndicat, le parcours commence par la fonction de délégué de base, qui va assister aux réunions et se charger de transmettre leur contenu aux gens de son coin. Aprés avoir été suppléante pendant 4 ans, elle est maintenant directrice depuis 7 ans, le mandat étant de 4 ans, elle l'a d'abord été du secteur Sécurité sociale de 2002 à 2006 et actuellement elle l'est des Finances, si elle brigue un troisième mandat il lui faudra changer de fonction.

Benedita vit dans une ferme à 28 km de Serra et part de chez elle tous les matins à 4h30 pour pouvoir être au syndicat pour 7 heures, elle y travaille jusqu'à 13 h et attaque aprés ça sa deuxième journée de travail aux champs. Elle produit maïs, feijão et pastéques surtout pour la conso familiale et vend le reste quand il y a surplus. Pour elle, le problème majeur, c'est la violence contre les femmes.