jeudi 29 janvier 2009

SERTÃO ET CANGAÇO

C'est dans le sertão qu'est apparu le cangaço dans la deuxiéme moitié du 19° siécle , lié à des questions sociales là où existait un systéme féodal d'exploitation des paysans et des terres et où toute tentative de soulèvement contre le pouvoir établi et les injustices était réprimée ou liquidée avec l'assassinat du rebelle par les jagunços (tueurs à gage des gros proprios). Ça va durer un siècle mais quand Getulio Vargas , le président populiste décide d'en finir avec tous les fauteurs de trouble sur le territoire national et considére que les cangaceiros sont des extrémistes, la chasse s'intensifie, on tend une embuscade à Lampião à Angicos dans l'état de Sergipe et il meurt ainsi que Maria Bonita, sa compagne et 9 autres de la bande le 28 juillet 1938, on va les décapiter, laisser leurs corps sur place pour les urubus (charognards) et exhiber leurs têtes sur les places publiques (ce n'est qu'en 1969 que les têtes de Lampião et Maria Bonita auront droit à une sépulture) leur mort va inciter beaucoup de cangaceiros à renoncer à la lutte armée surtout avec la loi d'amnistie promulguée par G. Vargas en 1940 pour tout cangaceiro qui se rend. Corisco, le diable blond, décide de se rendre avec sa compagne Dadá mais il est tué par balle juste avant de le faire. Il sera enterré mais sa sépulture sera violée et son corps décapité et mutilé, sa tête exposée avec celles de Lampião et Maria Bonita au musée Nina Rodrigues de Salvador de Bahia pendant 30 ans.
Ce qui est curieux c'est que le musée du cangaço de Triunfo a été créé par une bonne soeur qui n'avait pas de sympathie particulière pour Lampião mais comme il recruta deux hommes de la ville dans sa bande, elle a tenu à honorer leur mémoire. L'un d'eux, Luis Pedro devint son homme de confiance et mourut dans la même embuscade. Lampião s'installa dans la région , entre Princesa Isabel et Triunfo en 1923-1924 et vint plusieurs fois après à Triunfo où il avait l'appui de 2 coroneis et quelques hommes politiques jusqu'en 1926.
Dans la première salle du musée, ce qui saute aux yeux tout de suite c'est les armes (fusils et poignards dont ceux de Lampião et de Corisco) et les photos sur tout un pan de mur de quelques moments de la vie des cangaceiros. On trouve aussi des gourdes, des besaces, 2 harnais et des chapeaux. La deuxième salle est plus orientée vers les représentations artistiques : xylogravures et tableaux sur Lampião et on y voit aussi l'acte de naissance et celui du baptême de Virgulino Ferreira dit Lampião. dans les autres salles , c'est plus du matériel de l'époque, tourne-disque, machines à écrire, vieilles radios et puis vient une salle avec des statues de saints et la dernière piéce est en fait une salle de classe pour enfants défavorisés.
La femme du musée m'explique qu'à la mairie travaille une femme qui a écrit un livre et fait des recherches sur le cangaço et qu'on peut aussi visiter la Casa Grande das Almas où se réfugiait Lampião. Terezinha, de la pousada, passe un coup de fil pour prévenir que j'y vais. La maison se trouve à la sortie de la ville, à cheval donc entre le Pernambouc et le Paraíba et appartient à un juge qui a tenu à respecter l'architecture et la structure, il l'a fait restaurer et l'a aménagée. C'est Paulo, le gardien de la maison qui me raconte tout ça, le juge travaille à 50 km de là et ne vient que le week-end. "Il arrive, il change de tenue, c'est un homme tout simple, on le voit là, on ne dirait pas qu'il est juge, j'ai presque l'air mieux habillé que lui" me dit Paulo en me montrant l'endroit de la maison où passe la frontiére, c'est dans la salle à manger mais il se montre sceptique sur cette histoire de refuge de Lampião même si comme tant d'autres ici il le considére comme un héros, courageux possédant le sens de l'honneur et de la justice.
Paulo en profite pour me montrer toute la propriété, de la cave au grenier en passant par la cuisine, dans une maisonnette à côté de la maison et puis les terres et le puits qu'on est en train de creuser, pas de probléme pour le temps qu'il me consacre il est disponible et il rend grâce au ciel de lui avoir donné ce travail, il bosse là depuis 20 ans, il avait commencé à travailler aux champs mais n'aspirait qu'à une chose , trouver un boulot moins tuant et moins ingrat que ça et il a été exaucé, dixit Paulo. Il me raconte aussi qu'il n'a pas d'enfant car il a passé sa jeunesse à courir les filles et aprés trop tard pour le mariage mais il a une bonne amie et ça lui va bien comme ça et comme la soeur du juge qui habite là aussi a pris en charge l'éducation du neveu de Paulo, il ne se sent pas tout seul. Sa dernière confidence c'est pour le football, son équipe favorite c'est l'argentine sans qu'il ait la sensation de trahir le sport brésilien.
J'ai fait une rando avec l'idée d'arriver au Grito, endroit qui servait de repaire aux cangaceiros, bien loin des habitations mais vu la chaleur et le dilemne à une croisée de chemins , je ne suis pas allée jusqu'au bout.
Le sertão impossible de l'oublier dans l'endroit où je suis pour faire ce blog, sur la terrasse de la pousada, à la tombée de la nuit, des centaines d'insectes qui volent bas, des moustiques qui me bouffent les jambes et de temps en temps une grenouille sauteuse, hier j'ai trouvé aussi devant la porte de ma chambre un gros crapaud noir avec des taches blanches sur le dos mais il n'a pas voulu rester pour la photo.

UN PETIT COUP DE CACHAÇA

Faut dire que Triunfo est réputé pour sa cachaça du même nom à la seule différence que ça s'écrit avec ph, venant du latin. La ville s'est appelée comme ça à la suite d'une querelle entre les habitants du lieu-dit Baixa Verde et une grosse famille toute puissante , les Campos Velhos pour une histoire de marché que les gens voulaient créer et que la famille essaya de foutre en l'air plusieurs fois. Voyant cela, les gens de Baixa Verde voulurent se libérer de ce joug et demandèrent à devenir autonomes à l'Assemblée provinciale et au diocèse (on voit les pouvoirs en place!), ce qui leur fut accordé, le lieu fut élevé à la catégorie de bourg et reçut le nom de Triumpho pour fêter leur victoire.
Faut dire ausi que le proprio de la pousada où je suis a des terres, juste derrière le parc de l'auberge, et sur ces terres un engenho où l'on fabrique la cachaça, occasion d'une balade, une jeune femme nous emmène visiter les lieux, d'abord la presse dans la cour où est essorée la canne à sucre après trempage puis les différentes salles pour chaque étape, fermentation, maturation, distillation en alambic et pour finir deux ans de vieillissement en fûts. Une partie de la salle de l'alambic est réservée à la rapadura (confiserie hypersucrée) et à la mélasse obtenue de la canne.
Selon le prospectus placardé au mur de la salle de vente, la cachaça est considérée comme écologiquement correcte, on utilise le coração du produit distillé ce qui préserve son caractére singulier , et son arôme et son goût sont accentués par la culture en altitude avec une grande amplitude thermique allant de 10° en hiver à 26° en été, ce qui donne une maturation excellente pour le produit . Ils ont fait la feria alimentaria de Barcelona il y a deux ans. On peut évidemment la goûter à la plantation comme à l'auberge où le petit tonnelet avec petits godets en plastique trône sur le comptoir qui sépare la cuisine de la salle à manger. Elle est coriace, très parfumée, je pense que je vais en rapporter une bouteille.
On discute un peu avec la fille, elle travaille là depuis 9 ans, en général plutôt dans le secteur fabrication de la confiserie mais il peut y avoir des roulements, les patrons emploient en fixe 9 personnes à l'intérieur et 3 dans les plantations mais au moment de la récolte, il y en de 25 à 30 en plus (coupeurs, chauffeurs, ...) Ici tout se recycle et le reste de canne séche sert de combustible pour les différents appareils. Elle habite une ferme à 2 km du centre ville, se lève tous les matins à 5h30 et vient à pied jusqu'ici . De sa ferme , elle tire juste les légumes pour la conso familiale car ils ont peu de terres cultivables, son père autrefois louait des terres pour produire en grande quantité et faire vivre la famille. Elle s'estime heureuse d'avoir ce boulot car il y a des problémes d'emploi dans la région mais ce qui est sûr c'est que la notion de solidarité et d'entraide est ici une réalité et ils arrivent à s'en sortir comme ça.
La cachaça reçoit aussi parfois le nom de pinga . Doù ça vient? Voilà l'histoire en portugais d'abord.
A cachaça surgiu como tudo por acaso. O caldo de cana levado ao forno pelos escravos era mexido para criar o melado. Um día esqueceram de mexer a panela e o produto azedou. O azedo era alcool que evaporava, ia ao teto e pingava, ja era a cachaça formada que "pingava" daí o nome de pinga. Ao pingar do teto nas costas marcadas pelos açoites, "ardia" muito daí o nome de "agua ardente". Ao pingar ao rosto dos escravos, a bebiam e ficavam alegres então passaram á bebê-la sempre que queriam alegra-se. Qualquer que seja o nome, ela caiu no gosto de toda população.
(fonte: museu do homem do Nordeste)
On a découvert la cachaça , un peu comme tout par hasard. Le jus de canne était appporté jusqu'au four par les esclaves pour faire la mélasse. Un jour ils oubliérent de remuer et le produit fermenta, en s'évaporant vers le toit, le jus fermenté gouttait. C'était déjà de la cachaça qui gouttait d'où son nom de "goutte ". Sur le dos des esclaves marqués au fouet, elle brûlait d'où le nom d'"eau de feu" mais si elle gouttait sur leurs visages il la buvaient , ça les rendait gais et ils prirent l'habitude d'en boire chaque fois qu'ils voulaient se sentir bien. Quelque soit le nom qu'on lui donne, la boisson a conquis toute la population. (source: Museu do Homem do Nordeste)

mercredi 28 janvier 2009

TRIUNFO ET ALENTOURS




Faut croire que je suis bien inspirée pour ce voyage car j'avais choisi de commencer par Triunfo plutôt que par Serra Talhada mais j'avais mes doutes sur la question car le billet de bus qu'on m'a apporté à domicile vendredi mentionnait comme destination Serra et pas moyen de savoir à la rodoviaria comment arriver jusqu'à Triunfo, , on me dit juste que c'est la même chose mais il y a 45km entre les deux villes. Dans les faits ça donne qu'on arrive à Serra aux premières lueurs de l'aube, il est 5 heures moins dix et presque tout le monde descend du bus qui va aller jusqu'à Triunfo à 5h30, on y arrive je discute avec un couple qui déménage, elle Odete revient à sa terre natale aprés avoir vécu à São Paulo et à Recife, ils me proposent de prendre un taxi avec eux mais une fois de plus je constate que le Brésilien ne marche pas et dit que c'est loin quand c'est plus de 300m parce que pour la pousada Baixa Verde, on contourne un petit bout du lac, on prend une rue du centre et à la premiére à gauche on y est. Super , ma chambre donne sur un parc avec des pitangas devant moi, une piscine au bout du parc mais peu d'infos , j'ai vu le cinéma théâtre au bord du lac qu'on trouve sur toutes les brochures touristiques le SESC qui souvent offre programmation culturelle est sur les hauteurs et je monte, je monte, bien au-delà de l'église du Rosário et du chemin de croix qui aboutit à un christ rédempteur là encore j'ai été bien inspirée d'avoir choisi sans le savoir une pousada au centre ville, je découvre le lendemain qu'il y a un téléphérique réservé aux clients du SESC mais bien inspirée de m'être tapée la grimpette sous le soleil car j'apprends que le cordel ici est inexistant, la seule chose qu'on m'offre c'est de consulter le fonds de la bibliothèque , donc pas grand chose à glaner mais par contre j'arrive au bon moment , un petit groupe est en train de se former pour aller voir le Pico do Papagaio (l'endroit le plus haut de Pernambouc-1260m, c'est comme la Belgique!) et autres lieux alentour. C'est seu Antônio dit le Barraudo qui nous emmène dans sa Chevrolet ABS diesel tous terrains car on quitte très vite la route et pour le reste de l'après-midi, on se tape un chemin étroit, pierreux dans ses meilleurs moments, cahoté tout le temps. Je ne suis pas encore dans le sertão épineux et rocheux, ici c'est assez vert mais sur les terres qui ont vu Lampião et à tout moment, quelqu'un fait allusion, le souvenir du cangaço est très fort ici, encore plus quand il s'inscrit dans l'histoire du lieu comme c'est le cas pour la cacimba de João Neco. L'homme qui nous accueille est le fils de celui qui creusa un tunnel à la main en 1932 pour pouvoir avoir accès à l'eau souterraine. Au passage, petit droit de visite d'1 R par personne, il a l'air ravi de recevoir des gens, blague avec chacun et nous emmène voir le puits , une grille sur un trou et tout au fond l'eau ,tout en parlant des fruits qu'il a , entre autres, celui à l'écorce grise toute dure qui sert à faire du savon . On descend jusqu'au tunnel, le mur saignait comme disait son père (suintait) ce qui l'a incité à creuser plus profond et arriver jusqu'à l'eau, il raconte qu'un jour le passage a été rempli d'eau tellement il a plu. Mais est-ce grâce à Lampião que le père chercha à créer lui aussi son tunnel, mystère! toujours est-il qu'en remontant, il nous montre les entrées des passages et galeries souterraines qu'utilisait Lampião pour se cacher et où il fallait ramper. Il y en a plusieurs. Il ssont 6 fréres et soeurs Neco, le père est mort en donnant à chacun un bout de terre mais l'eau ,elle est pour tout le monde. La femme qui nous apporte le livre des visiteurs à signer a quitté Recife il y a 7 ans pour Triunfo, un paradis, dit-elle, et elle enchaîne sur la violence à Recife où elle a failli se faire violer sur son lieu de travail quand elle avait 14 ans, dans sa voix perce l'amertume malgré tout le temps écoulé depuis lors . Petite parenthése: la campagne contre les violences aux femmes s'intensifie en ce moment, il y a eu distribution de feuillets sur les plages avec discussion avec les gens ce week-end pour faire connaître la loi Maria da Penha.
De la caimba on part pour la furna dos Holandeses , une grotte assez basse, vaste aussi et si on veut s'y aventurer plus profond il faut une lampe de poche, là aussi petit droit d'entrée de 1 R que touche la famille. Ce qu'on nous a réservé pour la fin c'est le pic do Papagaio qu'on atteint cahin-cahin après une plantation de café dont la récolte est vendue à l'extérieur de l'état et pas torréfiée sur place. C'est dans cette zone où l'on n'arrête pas d'entrer et de sortir du Pernambouc et du Paraíba que Barraudo nous parle de la maison à cheval sur les 2 états, a Casa Grande das Almas où Lampião avait des potes , il s'y réfugiait et comme en ce temps-là, la police d'un éta n'avait pas le droit d'intervenir dans un autre, c'était tout simple: en fonction de la police qui le pourchassait, Lampião se mettait hors d'atteinte en passant d'un côté ou de l'autre de la maison.
Au pic , on trouve encore un Christ Rédempteur, un de plus, celui-ci miniature, installé sur une roche qui ne repose que par 3 points sur le sol, de l'autre côté, le careta, la statue du personnage de Carnaval ici est deux fois plus imposante, elle s'agrémente d'un fouet , coutume aussi du coin qu'on retrouve pour le carnaval. Au loin on aperçoit la ville de Princesa Isabel dans l'état du Paraiba, le soleil se couche alors qu'on est en train de discuter de paysages du Brésil avec la femme mariée à un allemand et qui a vécu en France.
Au retour je goûte le repas du soir traditionnel, plus que complet et encore je n'ai demandé qu'une demie-ration, soupe, tapioca, jambon , oeufs brouillés, fromage et une grosse part de gâteau avec du café ...au lait si on veut qui vient en direct de la ferme.

lundi 26 janvier 2009

INVITATION FEIJOADA

la feijoada
le roi de la fête

Invitation à une feijoada chez José Honório, c'est de l'autre côté de la ville dans le quartier Casa Amarela où est née Carmen , me dit-elle en m'expliquant comment y aller. Mais c'est dimanche, il faut passer par le centre et changer de bus et comme dans toutes les villes, les transports ça marche au ralenti les jours fériés, de porte à porte + temps d'attente, ça veut dire presque une heure et demie mais c'est à la bonne franquette, une bonne partie des invités est là et a déjà attaqué la feijoada: c'est un buffet dans la salle de fêtes , on se sert quand on veut et je ne suis pas la dernière arrivée. La feijoada est trés bonne, avec farofa et tranche d'orange comme il se doit et avec la bière, elle passe toute seule malgré la chaleur. Comme dans beaucoup d'immeubles ici, il y a une grande salle avec coin cuisine mise à dispo des gens de l'immeuble. pour monter leurs fêtes.


J'ai réalisé soudain en feuilletant un cordel dans le bus que c'était l'anniversaire de José il y a 2 jours et bien sûr chez un cordeliste qu'est-ce qu'on trouve? D'autres cordelistes, je commence á en connaître pas mal de la bande et ce qui devient marrant c'est de mettre sodain une tête sur le nom d'un auteur que j'ai acheté au pif. Aujourd'hui c'est le cas pour Meca Moreno dont j'ai acheté un cordel mettant en scéne le marché de Caruaru. Lui, il est trés intéressé par le monde arabe, sa musique et sa poésie dont on retrouve des traces dans le folklore du Nordeste et il me cite un livre de Luis Soler sur le sujet "Origens árabes no folclore do sertão brasileiro". Pour lui, et il compte approfondir les recherches sur le sujet, l'installation d'arabes (libanais ou syriens) dans le sertão remonterait à l'époque où l'Inquisition arrive au Brésil et oblige juifs et arabes à fuir et se réfugier dans les terres.
La cachaça fait partie de la feijoada et à un moment donné, aprés s'être enfilé un petit godet, un des cordelistes ici présents récite un poéme à la gloire de cet alcool aprés avoir improvisé une strophe pour le fêté du jour et à tour de rôle, chacun vient réciter une pièce de son choix. Un petit jeune que je ne connaissais pas encore, Felipe Junior, branché aussi sur les mouvements sociaux, vient me parler des cordelistes du sertão de São José de Egipto et un autre m'annonce qu'il fait deux fois plus chaud à Serra Talhada qu'à Recife, ça promet!

Un gros gâteau au chocolat pour terminer et tout le monde reçoit en présent un livre de poésie de José, sympa, non! On repart avec Alice vers les répéts de maracatu (tambours et percussions) du centre ville, c'était un dimanche à la brésilienne.


FRUITS DU BRÉSIL


Sur les marchés ou les petits étalages, les fruits c'est une vraie palette de couleurs, avec des formes différentes ou des aspects parfois curieux, d'une grosseur variable, de l'acerola qui a la taille d'une cerise (on l'appelle cerise des Antilles ou cerises de barbares) à la jaca qui peut valoir un potiron. Je pensais présenter ceux qu'on ne voit pas en Europe et puis j'ai rencontré Erica Montenegro la cordeliste qui a fait un cordel sur ces fruits, alors je vais me servir de quelques strophes de Alimentação saudável, conhecendo o valor das frutas. Ici, c'est donc le paradis des jus de fruits. On sent parfois la différence entre grande ville et plus petite pour les prix et la quantité . A Petrolina, pour deux Reais, on vous prépare une cruche entière de jus de fruits qu'on vous laisse sur la table alors qu'à Recife, pour le même prix on a tout juste un verre.

Erica, essa é tradução de algumas sextilhas do seu cordel. Tentei respeitar as rimas mas não deu certo na primeira estrofa do maracujá, tradutore traditore como dizem os italianos.



Pour parler de vitamines
Je ne peux pas oublier
La papaye, fruit tout sucré
Et sa valeur vitaminée
C’est la betacaroténe
Qui lui donne sa couleur orangée

Et la maracujá
Comme elle rien de tel
Elle est toute sucrée, quel délice
C’est un calmant sensationnel
Puissant relaxant
Pour qui vit en souffrant

Je parle de la maracujá
Fruit qui a du fer, est relaxant
Riche en phosphore et en calcium
Et c’est aussi um bon calmant
Il a aussi des vitamines
Le potassium comme fortifiant

La goyave quelle surprise!
Combat bien des maladies
Diarrhées, rhumes, refroidissements
Il y a aussi d’autres avis
Avec sa pulpe on fait des gâteaux
Et le fer est présent lui aussi.

L’acerola, chose incroyable
C’est un grand médicament
Efficace contre les rhumes
Elle soigne même le sujet pensant
Elle aide à cicatriser,
Bonne à tout moment

L’umbu sucré ou acide
Dans la recette de l’”umbusée
Qui rend l’umbu tout crémeux
Cette boisson appréciée
Apporte vitamines et carbone,
À boire bien refrigérée.


Le cajou est bon pour les os
Pour l'appétit est stimulant
A du calcium, des hydrates de carbone
C'est un bon fortifiant,
Énergétique naturel
Également revitalisant


L'avocat vient au secours
Des os et de la vision
Il stimule l'appétit
Vitamines à foison
Il est très riche en graisses
Pour le cheveu, c'est l'hydratation


La jacá à son tour
Si grosse et si savoureuse
Outre son pouvoir énergétique
Rend les choses bien goûteuses
Sa pâte de fruit, c'est un bonheur
Dure ou molle peu importe.


Pour soigner la diarrhée
La carambole est sollicitée
Avec du potassium et du fer
Des vitamines intégrées
A,B,C dans votre corps
Chez elle, sont toute trouvées


Un autre fruit intéressant
Et de grande utilité
C'est le coco qui en soi
Est énergie, c'est la vérité
L'hydratation grâce à son eau
C'est sa grande propriété.


Pour qui ne boit pas de jus
C'est la boisson indispensable
Il existe une boisson gazéfiée
D'un fruit formidable
Guaraná, c'et son nom
Une petite baie bien appréciable.


Bien accrochée à la branche
Toute noire et délicieuse
Nait la jabuticaba
Fruit sucré, bien savoureuse
Elle stimule l'appétit
En plus d'être bien goûteuse.


La mangue est bien populaire
Au Brésil, trés consommée
Elle se montre au naturel
Ou bien en jus, bien mixée
Elle aide l'intestin
A trier ce qu'on a mangé.


La pitanga bien mûre
Tient à nous offrir
En plus de nombreuses vitamines
Qui nous font bien plaisir
Des glaces, des jus, des confitures
Pour nous faire forcir.

Une alimentation saine
C'est une chose fondamentale
Pour être en bonne santé
Se sentir bien, ne pas vivre mal
Et éviter au quotidien
La visite à l'hôpital.
FIN





dimanche 25 janvier 2009

RECITAL DE CORDEL À PAULISTA



Le récital de cordel était prévu pour hier matin dans une ville de la banlieue de Recife, Paulista, celle où travaille Carmen, qui se trouve après Olinda. On y va pour 10 heures, c'est à l'entrée du marché qui bat déjà son plein, 3 musiciens, Nelsinho-a voz do forró sont là pour les intermédes entre chaque cordeliste. Plein de têtes connues ici, c'est José Honório qui présente les récitants, peu de public car les gens s'arrêtent juste le temps d'un cordel et repartent mais il est trés réceptif.
Aurea découvre qu'une femme qui chante dans sa chorale, Isabel, écrit des cordels elle aussi.
Sur les grilles de l'enceinte du marché, ils ont accroché les cordels mais c'est maintenant la version moderne , fini les fils et pinces à linge, les cordels sont rangés sur une grande toile plastique divisée en petites pochettes.

L'un des plus expressifs et le plus jeune de la bande d'aujourd´hui, Michael John, vient du sertão et me donne après des noms de personnes que je peux contacter une fois sur place.
Ils se succèdent , chacun avec son style sous l'abri de toile blanche qu'ils ont installé là, les uns provoquant les rires, les autres l'attention pour le texte déclamé et tous déclenchant les applaudissements. Sur le coup de midi, le récital prend fin, place au forró.

mercredi 21 janvier 2009

ON REPARLE DE LAMPIÃO


Aujourd'hui au programme aller voir le marché de Madalena, le quartier où Carmen a habité quelques années et en profiter pour faire dans le même quartier le musée de l'Abolition de l'esclavage mais comme on me dit qu'il est fermé, je trouve plus prudent d'appeler avant, réponse oui, il est ouvert. C'est parti...mais à l'arrivée un peu de mal à trouver le musée en question, ce n'est pas qu'il ne soit pas visible, la bâtisse est une grande maison à azulejos, située juste au carrefour mais pas une plaque, rien pour indiquer qu'on y est. Dans le vestibule de grands panneaux avec définitions des mots liberté, esclavage, abolition et puis en fait le gardien m'explique qu'il y a juste deux salles à voir, de part et d'autre, dans l'une , un espace pour recueillir des suggestions sur la conception du musée et ce qu'on aimerait y trouver, dans l'autre , plusieurs objets faisant partie du culte à Oxalá, une des divinités du candomblé, le dieu du soleil et collés sur le mur du fond des coupures d'articles de journaux sur le racisme au Brésil , sur l'abolition et sa non-application dans les faits. La visite est terminée! Le musée est en cours de restructuration.

Je vais passer beaucoup plus de temps au marché car je commence à tailler une bavette avec la femme, Neuridice, qui vend des produits régionaux et de la littérature de cordel, ça tombe à pic, elle est de Serra Talhada, terre natale de Lampião où je pars la semaine prochaine. Et évidemment on met Lampião sur le tapis. Sa tante de 90 ans l'a vu 4 fois dans sa vie, toujours cachée parce qu'on le craignait un peu quand même et son père, quand elle était gosse, le soir leur racontait les faits et gestes de Lampião, se montrant plutôt favorable au cangaceiro alors que la famille avait du quitter l'endroit où elle était parce que Lampião voulait la terre mais cela s'était fait sans violence, Lampião avait prévenu qu'il viendrait et toute la famille avait plié bagage. Neuridice, elle aussi, donne raison à Lampião d'avoir fait justice seul comme il l'a fait vu qu'au départ, quand il avait voulu déposer une plainte pour l'assassinat de son père, personne ne lui avait fait cas et ne voulait l'enregistrer, la police locale étant du côté de l'oligarchie terrienne.

samedi 17 janvier 2009

JUAZEIRO & PETROLINA

JUAZEIRO PETROLINA

Je viens de passer 4 jours à Petrolina et évidemment Juazeiro étant en face, j'ai pris la balsa pour y faire un tour aussi. Les 2 villes se ressemblent, elles ont connu un boom avec le commencement de l'agriculture irriguée par le fleuve et les plantations d'arbres fruitiers et de vignobles, elles ont poussé vite et elles ont ceci en commun qu'elles ne mettent pas encore en valeur leurs atouts touristiques et artisanaux.
A Petrolina, j'ai eu droit à un plan de la ville à l'aéroport mais voulant en savoir plus, j'ai du aller jusqu'au Centre des Conventions car tous les points d'information touristique de la ville ont été fermés et du côté de Juazeiro même chose, c'est la réceptionniste d'un hôtel qui m'indique les choses à voir, elle me recommande d'aller voir la cathédrale et le bateau à vapeur qui a fait naufrage et puis aller aux îles et je tombe par miracle sur une boutique d'artisanat alors que du côté Petrolina, les petites boutiques d'artisanat du centre ville sont fermées et il me faut prendre une moto-taxi pour aller à perpète voir la Oficina do artesão, totalement excentrée mais intéressante , ce sont surtout des sculpteurs sur bois (les fameuses carrancas et autres ) qui se sont regroupés , l'idée venue de 3 d'entre eux qui travaillaient chacun dans leur coin et ils ont obtenu ce local , un vaste hangar où ils sont depuis 20 ans, il est ouvert tous les jours, pas de jours fériés, si l'un veut prendre son dimanche, à lui de voir si ça va avec les autres. Ils bossent assis au milieu des copeaux, contents de se retrouver à plusieurs et trouvent que le travail prend une autre dimension sur tous les plans, ils sont donc arrivés à faire des expos, à faire connaître leur artisanat dans tout le Brésil en commençant par le Nordeste et Brasilia. Le lieu est vaste , partagé en plusieurs espaces, celui pour la vente, et derrière, une autre salle où on peut voir ce que font les femmes, patchwork, recup de différents matériels, sacs ...
Autre lieu d'intérêt à Petrolina, le Musée du Sertão, dans le vestibule un grand tableau avec le fleuve et les carrancas, ensuite on trouve exposés les minéraux du coin puis on passe à l'univers du cangaço, la tenue, le chapeau, les armes et dans une vitrine , il y a l'acte de naissance de Lampião et plusieurs écrits de lui, des photos, on parle aussi de Silvino , autre cangaceiro qui aurait inspiré Lampião, un des premiers du genre qui faisait justice là où elle n'existait pas pour les opprimés. Ensuite il y a reconstitution des différentes parties de la maison avec les ustensiles propres à la cuisine nordestine, le coin chambre avec la vierge dans un petit autel à l'angle de la piéce, les coffres à vêtements . Dans la derniére salle séparée du reste par un jardin sertanais de cactus, il y a beaucoup de vues comparatives de certains coins de la ville à l'époque et récentes puis c'est le quart d'heure bondieuserie avec des soutanes et vêtements des autorités religieuses et je passe, on finit par la photo de tous les maires de la ville depuis qu'elle existe en tant que telle, fin 19° siécle.

De Juazeiro peu à dire , des statues d'indiens un peu partout dans la ville, la cathédrale est fermée. Au bout de la promenade de bord de mer, une statue dans l'eau, Nego d'água d'une taille assez imposante. Pour la voir de près, suivez le lien.

Dans aucune des 2 villes , je n'arrive à rencontrer quelqu'un qui me parle de cordel, mauvaise période, c'est les vacances, le seul contact que Vera m'avait donné est en congé, le type qui travaille dans le même bureau me promet de contacter une autre personne un prof de fac qui n'est pas là non plus. Dans les kiosque à journaux, les cordels sont planqués sous d'autres revues et plutôt rares. La seule chose que j'apprenne c'est qu'il y a un projet en cours d'application sur le cordel en classe.

vendredi 16 janvier 2009

ANA DAS CARRANCAS


ANA DAS CARRANCAS


L'aventure d'hier aprés-midi, c'est d'atteindre le centre d'art Ana das Carrancas, il est en dehors de la ville, à mi-chemin entre l'aéroport et Petrolina. Un chaufeur de taxi est tout prêt à m'emmener et me ramener pour 20 R en m'accordant 20 mn sur place, je trouve ça peu, il me répond que c'est suffisant pour ce qu'il y a à voir et va jusqu'à 30 mn mais je n'ai aucune envie de me faire limiter alors j'opte pour le bus local et j'insiste bien auprès de la receveuse pour qu'elle me prévienne pour l'arrêt, pas de pot elle pique un somme , il ne reste plus que moi dans le bus et elle pousse un cri , ele a oublié, du coup j'arrive au terminus, un quartier où les rues n'ont plus de nom mais des numéros, Cohab 5 et où toutes les maisons se ressemblent. Là elle me met dans le premier bus qui repart et mission au receveur de m'indiquer le centre d'art. J'y suis enfin mais devant une porte fermée alors que le prospectus donne horaires d'ouverture pour le matin et l'aprém, j'en fais le tour, pas de signe de vie, se pointent 3 gamines qui m'affirment qu'il était ouvert le matin, on tape à la grille, pas de mouvement, je finis par appeler le numéro et une femme me répond que oui, elle va venir m'ouvrir.

C'est la fille d'Ana das Carrancas. Une fois encore, c'est un centre-musée entretenu par la famille, gratuit comme toujours. C'est vrai que la piéce principale où sont exposés ses oeuvres, photos , tableaux et médailles est petite, le jardin est trés agréable, ombragé.

Ana das Carrancas est morte l'année derniére, elle avait appris de sa mère à faire de la poterie et elle en fit pour pouvoir faire vivre toute la famille, ses deux filles nées d'un premier mariage, et son mari aveugle. Elle est la première à avoir fait des carrancas en terre, le matériau traditionnel étant le bois et elle est pratiquement la seule. Autre trait très personnel qu'elle va donner à ses masques, c'est que tous les yeux ont un trou au milieu , sa maniére à elle de rendre hommage à son mari aveugle de naissance. Sa fille parle de lui avec chaleur et bien qu'il ne soit que son beau-père elle le considére comme son vrai père. La fille continue l'oeuvre de sa mére et espére pouvoir bientôt disposer d'un local plus grand pour pouvoir exposer les objets personnels, les toilettes et les bijoux de sa mère qui aimait les couleurs vives et les grandes boucles d'oreille.
Le fait que tous les masques aient les yeux troués leur ôte cet aspect terrifiant pour leur donner un air de mystére qui adoucit en même temps l'expression, plutôt curieux comme mélange.
Je continue\ á discuter un bon moment avec Maria da Cruz qui va aussi me montrer le livre que j'ai vu l'autre jour chez Vera, Mulheres negras do Brasil sur les femmes noires au Brésil depuis les premiers temps de l'esclavage et où Ana est citée. On en vient á parler des dernières années de sa mére , ses filles lui ont payé un plan -santé de 400 R par mois pour qu'elle puisse avoir accés au traitement adéquat après son accident vasculaire cérébral puis sa santé s'est dégradée, elle ne pouvait plus parler puis manger et elle a du être hospitalisée et nourrie par sonde, sa fille était à son chevet tous les soirs. Elle s'est éteinte en quelques minutes mais Maria da cruz préfère garder d'elle le souvenir d'une femme gaie, forte et solidaire : du temps où ils habitaient dans le quartier Gercino Coelho près de la gare routière, elle était la première à aider ses voisins. Elle a été considérée comme Patrimoine vivant du Pernambouc en 2005 , année où elle a reçu aussi des mains de Lula l'Ordre du Mérite Culturel.

jeudi 15 janvier 2009

O VELHO CHICO



Pour avoir un contact plus étroit, plus intime on va dire, avec le vieux Chico il faut savoir sortir de Petrolina, s'éloigner du centre de quelques km. La fourgo que j'ai prise en face du supermarché prend une route de terre que bordent des fermes et me laisse au début du chemin qui mène à l'embarcadère, il est là, il étale ses eaux vertes et presque tranquilles, le vieux Chico, c'est comme ça que tous les gens ici appellent le fleuve, le Saõ Francisco. Les indiens Cariri eux, l'appelaient Opara, le fleuve-mer. Je le traverse en bateau pour aller passer la matinée à l'île du Rodeador, en largeur elle ne doit pas faire plus de 3o0 m et les tables des bars installées du côté opposé à l'embarcadère ont vraiment les pieds dans l'eau mais il ya vraiment trop de décibels à mon goût de ce côté-là et je reviens sur mes pas. Toute la matinée, c'est un va et vient des passeurs entre les deux rives, ils sont deux, légérement décalés dans leurs horaires l'un par rapport à l'autre, chacun a son embarcadère et le concurrent au mien a une carranca à la proue. Ils ont tous les 2 des immatriculations de Juazeiro, la ville de l'état de Bahia face à Petrolina sur l'autre rive, ai-je changé d'état sans m'en rendre compte. Les carrancas étaient ces figures de proue destinées à protéger l'embarcation des créatures malfaisantes du fleuve et des risques de la navigation. La légende dit que s'il y avait péril, la carranca poussait 3 gémissements. Elle représente une tête mi-homme mi-bête (cheval, vampire, chien).
Des pêcheurs lancent leurs filets au milieu pour attaper des surubim ou des acari, les poissons typiques d'ici.
L'eau est limpide , avec un peu de courant, délicieusement fraîche, un caldinho et un maracari pour agrémenter le tout, le maracari , c'est la spécialité du lieu, une crème de filet d'acari aux herbes servi dans une maracujá (pour le caldinho, voir la page sur la plage de Boa Viagem).

Ça c'était hier, aujourd'hui je remets ça avec le vieux Chico, il sait bien qu'il est la vedette ici, celui qui sauve le sertão, cete zone semi-aride de la catastrophe, fleuve vital pour le Nordeste.
Cette fois on part de Petrolina sur une barquinha pour passer à Juazeiro. Traversée de 10mn à peine parallèle au pont qui relie les 2 villes et les 2 états, au retour c'est tout juste si on entend le petit guitariste qui gagne son pain vu le vacarme des moteurs.

lundi 12 janvier 2009

CORDEL EM FOLIA

Le thème principal de la réunion d'Unicordel à laquelle j'assiste dans les locaux d'une école du quartier de Boa Viagem, c'est le carnaval et leur projet Cordel em folia qu'ils mettent sur pied pour la quatrième année consécutive.
José Honório, le président d'Unicordel propose de faire un concours de déguisement qui soit inspiré par un cordel. Le projet est approuvé de tous.
Machado prend la parole pour raconter qu'une année, il avait déjà le déguisement alors il a écrit un cordel pour pouvoir participer au concours avec son déguisement de mi-explorateur du Congo, mi-gorille. La coutume veut que l'on rende hommage à cette occasion à quelqu'un . Plusieurs idées sont lancées, c'est le centenaire de la naissance de Mestre Vitalino, potier de Alto de Moura et aussi celui de Patativa de Assaré, poète et repentiste du Ceará, les 50 ans de la mort de Athayde, un cordeliste, les 90 ans de la naissance de Severino Borges, un autre cordeliste. Aprés débat sur qui choisir, la tendance est de privilégier les cordelistes plutôt que Mestre Vitalino ou Patativa. Il reste en piste João Martins de Athayde, pionnier du cordel (200 titres publiés) injustement considéré pour avoir publié dans sa maison d'édition des oeuvres d'autres auteurs sans mettre leur nom, s'appropriant leur cordel mais il fut condamné pour cela. A part ça , tout le monde considére qu'il fit beaucoup pour la literatura de cordel. C'est lui qu'ils vont sélectionner au détriment de Severino Borges, auteur de plus de 100 cordels, peu reconnu lui aussi mais qu'ils peuvent fêter plus tard.
Surgit l'idée de faire un cordel collectif sur lui, en divisant en chapitres ou thémes pour se répartir les strophes á écrire avec comme date limite le 25 janvier. Est fixé également leur concours de déguisement pour le 14 février, pour y participer , on peut s'inscrire par mail ou sur les marchés de Boa Vista ou de Madalena.
Ils pensent demander à la maison d'édition Coqueiro de les parrainer et comme les autres années, ils vont vendre des tee-shirts avec leur logo pour couvrir les frais, 150 tee-shirts qui doivent être prêts pour la première semaine de février.
On ne va pas partir d'ici sans quelques mots sur le local. L'école reçoit en horaires nocturnes de 19 à 22 heures des jeunes qui font une Formation Professionnelle en imprimerie de 6 mois , c'est là qu'interviennent 2 moniteurs dont Evan, cordeliste aussi pour former un groupe de 18 éléves, moitié filles-moitié garçons au maniement des machines et à l'impression. Le CTC Gráfica Escola, Centre de Travail et de Culture, responsable de la formation, existe depuis 10 ans. Evan m'explique les différentes étapes du travail et qu'il suffit de 24 heures pour avoir le produit fini. Pour l'instant, c'est la période de vacances, les cours reprendront le 2 février.

ARRASTÃO

Je prends le bus pour rentrer à Boa Viagem, il est 7 heures du soir, on arrive à un des canaux de Recife, tout à coup des sirènes de police et des flics en moto, devant eux une bande de jeunes mecs qui fuient comme une volée de moineaux, le temps que le bus passe sur le pont et contourne le canal, ils les ont choppés, ils sont alignés sur la berge les mains en l'air. des voitures de police ont barré la route. Ce sont des bandes assez violentes qui peuvent intervenir sur les plages, en ville ou dans les centres commerciaux, elles ramassent tout sur leur passage, filant des coups à droite et à gauche la traduction en français pour moi, c'est razzia urbaine, ici ça s'appelle um arrastão.
Mais quand je vais voir Marcia à Olinda le lendemain, son neveu me propose d'aller à l'arrastão sur la place du Carmo, autre sens, bande de musiciens qui interviennent dans la rue et puis pour terminer sur une note musicale, c'est aussi le titre d'une fameuse chanson d'Élis Regina, une grande chanteuse brésilienne (voir link)

dimanche 11 janvier 2009

UNICORDEL


On a rendez-vous au marché de Boa Vista à 10h du mat, c'est José Honório, le président de l'assoc Unicordel qui m'accueille, le temps qu'on nous installe des chaises et une table car le bar de Leleu démarre sa journée, puis petit à petit, d'autres cordelistes vont nous rejoindre. Je plonge dans l'historique du groupe, l'idée est venue de lui ici-même un matin comme aujourd'hui, il en a parlé aux cordelistes qui étaient là et c'était parti , il y a de ça 3 ans, leur but c'était de défendre et promouvoir la poésie populaire et son oralité , de proposer des interventions et récitals sur les marchés, dans les écoles, etc. L'association regroupe cordelistes, poètes, récitants , éditeurs et chercheurs d'un peu partout dans l'état de Pernambouc. Ce n'est que depuis septembre de l'année derniére qu'ils se sont déclarés légalement comme association, ce qui leur permet de pouvoir prétendre à un soutien de la part de la mairie de Recife. José me cite, entre autres réalisations, le début d'une collection "Arrecifes do cordel" lancée en octobre 2008 avec le tome 1 sur les movimentos sociais , le livre, que j'avais vu en librairie la semaine dernière, se compose de 10 cordels de 10 auteurs différents. Autre chose à leur actif, le CD Cordas e Cordéis do Recife que José m'offre ainsi que quelques-uns de ses folhetos.


Pour lui, l'aventure a commencé avec la tradition qui existait dans sa famille de lire des cordels de là il est passé à en écrire à l'âge de 17 ans mais sans chercher à les publier et puis de fil en aiguille, le cordel a pris sa place dans sa vie mais comme des tas d'autres, il n'en vit pas. Dans les derniers qu'il a écrits, il me parle de "O interior de hoje em dia" , réflexion sur la globalisation et la culture, du duel cybernétique avec Mauro Machado mais aussi d'une commande pour un mariage tiré à 150 exemplaires. On en vient donc à parler de tirages et si c'est l'auteur lui-même qui assume les frais d'édition, il en fait tirer 50 exemplaires, dans les autres cas, le minimum c'est 1000. Et évidemment à évoquer le coût de publication, on glisse sur le terrain de la xylogravure qu'il ne défend pas de maniére acharnée car tout d'abord, on n'est pas forcément doué pour le dessin, et si on commande une xylogravure cela revient cher, à l'heure actuelle certains poétes s'inspirent des xylogravures pour faire leurs dessins mais pour lui le dessin est beaucoup plus pratique et peut être digitalisé.

En ce moment le grand sujet qui occupe Unicordel c'est le carnaval , depuis 3 ans ils le célèbrent avec Cordel em Folia, ça va être d'ailleurs le principal point de la réunion à laquelle j'assiste un peu plus tard.

Mais pour l'instant, Erica Montenegro arrive avec comme cadeau pour moi, plusieurs de ses cordels, elle travaille comme prof de FP (formation professionnelle) et m'explique que la fonction didactique du cordel est actuellement remise en question. Pour la petite histoire c'est une amie qui lui a donné son premier cordel puis montré comment en écrire un , alors elle a fait parler son grand-père pour pouvoir en faire un sur lui à l'occasion de son anniversaire, le jour J est arrivé et elle a commencé à lire jusqu'au moment où elle a dit Et il fut bien triste le jour où son frère José mourut , mais il y a eu comme un blanc car José,bien vivant, était dans la salle , elle s'était trompé de frère. Elle a aussi écrit pour son beau-père, ce qui l'a ému aux larmes. En classe , elle peut faire dessiner ses éléves à partir d'un de ses cordels comme celui sur la pluie ou faire tout un travail avec eux comme ça a été le cas pour la discrimination raciale car le problème existait pour certains dans sa classe. Susana Morais se joint à nous, elle est enceinte de 3 mois et se plaint des nausées qu'elle a le plus souvent le matin , avec l'arrivée de Danielle Almeida et d'Altair Leal, ça s'anime encore plus, Susana c'est la cordeliste la plus ancienne du groupe, elle a participé à la création d'Unicordel, elle fait parfois des duels poétiques et virtuels. Elle nous raconte que quand elle a écrit "Conselho de amiga" en pensant à une amie, plus d'une autre a pensé que cela avait été fait spécialement à son intention. Daniella, elle, n'écrit pas depuis longtemps, elle a fait 3 cordels mais a lancé le début d'une série "Vou de mochila" (je pars, sac au dos) avec le voyage qu'elle a fait en Bolivie et elle compte la continuer avec ses futurs voyages. En blaguant, toutes les deux disent que si elles ont commencé à écrire c'est de la faute à... Altair pour Daniella et Honório pour Susana qui se sont mis à parler en vers et puis il l'a défiée pour un duel par mail et elle y a pris goût.

Le dimanche, à midi, dans 2 marchés de la ville, il y avait des récitals de poésie mais celui du marché de Madalena a été suspendu temporairement. Ce dimanche à midi, doit intervenir Allan Sales, membre du groupe mais j'y arrive un peu tard et il n'est plus là. Celui qui lui a succédé chante en espagnol , accompagné d'un guitariste puis intervient un autre , en solo.





vendredi 9 janvier 2009

TAMANDARÉ

C'est décidé, je vais aller faire un tour sur une des plages au sud de Recife, c'est parti pour Tamandaré, nom qui vient du tupi et signifie celui qui repeuple. Car la légende veut que le dieu du tonnerre voulait exterminer la race humaine avec un déluge, c'est alors que Tupã donna l'ordre à Tamandaré, à l'abri dans une arche avec sa famille, de repeupler la planète. Bon , ça ne vous rappelle rien cette histoire? Pour moi, le voyage commence dans la petite salle d'attente des bus Cruzeiro avec une bonne femme qui sort un livre et chante des psaumes, elle en est aux premières pages du bouquin, on en a pour un moment, il reste 45 mn avant le départ du bus , la télé marche à fond aussi. Le terminus est sur une grande avenue , sur l'esplanade centrale, il ya une jaille incroyable, des puces de ferrailleurs étalées à même le trottoir, et une sorte de bâtiment assez long perché sur des colonnes, bâtiment complétement délabré d'où vont sortir par un trou dans le mur, trou à rats je dirais, des gamins de rue qui dorment là. Ils descendent quelues marche spour aller récupérer leurs tongues, planquées sous les marches. En fait, d'avoir acheté le billet avant ne sert pas à grand chose, quand le bus ouvre ses portes c'est la ruée et il faut jouer des coudes et des mains pour ne pas se faire éjecter sur le côté mais je passe. Des jeunes braillards s'installent au fond et chantent à tue-tête l'équivalent brésilien de Vamos a la playa . 3 heures de route pour 70 km, pourquoi ça? il faut déjà une heure pour sortir de Recife , aprés ça va mieux, on passe par Sirinhaém et Rio Formoso, deux villages plus dans les terres avant de traverser une réserve naturelle (arbres et bambous) pour se retrouver les pieds dans l'eau. C'est un peu le hasard si j'atterris à Praia dos Carneiros, j'ai raté l'arrêt au centre du bourg mais ça m'arrange, la pousada où je compte dormir est située là aussi, ça veut dire que chaque fois qu'on veut aller à Tamandaré ou en revenir, c'est moto-taxi, avec un casque que je dois tenir pour qu'il ne foute pas le camp, la route pavée traverse juste le village aprés c'est un chemin de terre plein de bosses et de trous, on s'avale sa dose de poussière en prime en tressautant allégrement tout du long. Mais le nouveau maire a promis de faire asphalter la route bientôt. Village de pêcheurs , deux rues principales, l'une le long de la plage et l'autre presque paralléle mais vers l'intérieur, qui connaît maintenant une affluence de touristes . Mais les pêcheurs où sont-ils? Jai bien vu en allant vers le fort une coopérative de pêcheurs et puis ici et là on vend des petits filets pleins de crabes mais sur la plage, j'en verrai juste 2 rentrer, l'un sur un tout petit rafiot et les autres sur une jangada, ils vont à l'aide de 2 rondins la remonter petit à petit sur le sable la faisant basculer sur l'un pour ensuite aller le mettre un peu plus loin. Le poisson , ce n'est pas ça qui manque, le resto où j'échoue á l'heure espagnole sert des portions (et encore je n'ai pris que la demi-portion) gigantesques , ce qui fait que je demande à emporter ce que je n'ai pas pu manger, c'est tout à fait normal ici de demander uma kentinha et on repart avec sa barquette alu.
Le Fort est fermé à l'aller mais au retour le fonctionnaire en poste acepte d'ouvrir pour la visite même si ce ne sont pas ses horaires, tout est en ruine sauf la chapelle, la geôle est lugubre, une série de canons fait face à la mer et sur la droite, le phare qui fonctionne encore. On trouve plus loin, carrément sur le chemin qui borde la plage, la maison aux arcades dans un sale état et l'église São José de Botas toute noircie, dommage pour le patrimoine!
Le lendemain je remonte toute la plage de Carneiros à pied depuis Bora-Bora , resto connu ici qui donne sur la plage on y accède par un chemin privé dans les terres, et le lieu est entouré de barbelés, mais la plage est publique avec sa barrière rocheuse et ses piscines naturelles, une eau limpide et presque tiède, un vrai bonheur mais le soleil tape et la créme solaire ne suffit pas, je suis bonne pour un bon coup de soleil sur les épaules et les jambes.
Rien à me mettre sous la dent pour la literatura de cordel.
Mais en discutant avec Graça, la proprio de la pousada dont le fils, coïncidence vit à Barna, j'en sais un peu plus sur le lieu, il y a 40 ans, il n'y avait pas d'électricité à Praia dos Carneiros et quand ils ont acheté le terrain , elle a payé plus cher le topographe pour repérer où il était que le terrain lui-même, c´était des friches avec quelques maisons et des sentiers plus ou moins tracés, le paradis pour ses gosses. Tout venait de Recife pas même une boulangerie et puis une femme s'est mise à faire du pain une fournée journalière de 12 pains et ça a changé la vie ici.
Heureusement que j'ai prévu large pour reprendre le bus de retour car les horaires sont plutôt élastiques, à Recife il est annoncé comme partant à 14h40, ici selon la personne qui vous renseigne ça va de 13h à 14h, il part en fait à 13h25 on va repasser par cette réserve naturelle et comme à l'aller, on fait un détour et une halte dans les 2 villages.

mardi 6 janvier 2009

JOURNÉE CULTURELLE

Il pleut, une averse tropicale qui ne suffit pas à rafraîchir l'atmosphère, 20 minutes après le pantalon largement trempé par les éclaboussures des autobus est aussi sec qu'avant.

L'idée c'est d'aller fouiller, à l'autre bout de la ville, du côté de la bibliothèque Blanche Knopf qui se trouve à proximité de la maison-musée de Gilberto Freyre. Du coup je commence par cette visite, on accède à la maison sur la butte , rose à moitié tapie par les feuillages environnants par un chemin pierreux, le parc est grand . C'est là que le sociologue va passer la deuxième moitié de sa vie, il se marie sur le tard, à 41 ans avec une petite jeunette de 20 ans et ils achètent cette maison en ruine qu'ils font retaper. Sur le devant, un escalier qui part de la rue tout en bas aboutit au perron et on rentre de plain pied dans une pièce chargée de livres et de bibelots. Je ne vais pas vous faire la visite, en gros c'est une maison meublée très bourgeoisie début de 20º s., peuplée de livres partout, avec de magnifiques armoires en jacaranda dans les chambres , des objets rapportés de ses voyages surtout d'Afrique, des tableaux aussi un peu partout et des tapis faits par l'épouse, des tas de services à thés et on passe sur les médailles . Dans la chambre, le lit occupe le centre ´, le chevet est face à la fenêtre car superstition de la part de Freyre qui estimait que c'était tenter la mort de dormir avec les pieds en direction de la porte vu que c'est par là que l'on aurait sorti son cadavre.

Ah oui, il faut aussi parler des azulejos venant du Portugal dans la salle à manger et il en a également á l'extérieur, on finit par la visite au Mémorial dont la fresque murale rappelle le ouvrages les plus emblématiques de Gilberto Freyre.

suite de la journée pour un peu plus tard...
la voilà

J'ai un peu de mal à trouver la bibliothèque Blanche Knopf, c'est de l'autre côté de la route un peu en contrebas, un bâtiment qui ne paye pas de mine, le bibliothécaire est un homme charmant et sympa mais les livres qu'il m'apporte ne datent pas d'hier, à part un , édition toute récente dont j'ai vu des exemplaires à la librairie Cultura, les autres ont été édités au début des années 80 mais si ça m'intéresse, je peux les réserver pour une autre fois, c'est presque l'heure de la fermeture et ça ne me laisse pas le temps de retraverser la rue pour aller voir la salle où sont exposés des cordels rares, pour une autre fois...

Sur la place , un peu plus loin, il ya un buste du sociologue, au retour le bus prend un tout autre chemin mais je finis par me repérer. Ça se passe maintenant sur le parvis de l'église são Pedro, la queima da Lapinha, rien à voir avec le lapin , c'est le jour où l'on va défaire la crèche et la brûler, les bars ont installé leur terrasse, quelques femmes costumées et maquillées qui font partie des pastoris discutent entre elles, la nuit tombe, les musiciens occupent la scène, une femme et une gamine vont marquer les rythmes sur la place , des rondes se forment et on danse, c'est la partie ciranda, après cela les cortèges des pastoris font leur entrée, puis un mamelungo d'Olinda, marionnette géante et pour finir le bumba -meu-boi ferme le cortège, ce sont toutes les manifestations autour de Noël qu'on réunit pour boucler le cycle et passer à la prépa du Carnaval . Maintenant la place est remplie de gens , en tout et pour tout, je n'ai recensé que 2 endroits dans tout Recife où cela avait lieu.


lundi 5 janvier 2009

BRÈVES DE RECIFE

En ce début d'année, première chose en ce qui concerne la ville, il y a passation de pouvoir et continuité dans le changement , le maire sortant João Paulo du PT laisse la place à João da Costa du PT aussi . Les élections ont lieu en octobre mais le nouveau maire ne prend ses fonctions qu'à partir du 1r janvier. Il s'est fendu d'un discours alors que Lula, en vacances à Fernando de Noronha n'a pas adressé de voeux au pays, autres moeurs qu'en Europe!

Aujourd'hui à la télé, court métrage d'une journaliste Mariana Lacerda sur l'enfant -araignée, o Menino-Aranha, une légende urbaine de Recife dans les années 90. João Tiago da Silva commettait des petits vols dans des apparts des quartiers de Boa Viagem et de Piedade en escaladant des immeuble à des hauteurs vertigineuses pour un gamin de 7-8 ans . Symbole de l'exclusion sociale, il était né à l'hôpital psychiatrique de la Tamarineira où sa mère était internée la plupart du temps. Il s'enfuit plusieurs fois de centres de détention pour mineurs . Il grandit et continua d'escalader pour voler, créant une psychose collective autour de lui et il fut abattu à 18 ans en décembre 2005. Le court-métrage donne une autre vision de ce gamin considéré comme un danger public.


Tant qu'on y est, quelques mots sur l'hôpital de la Tamarineira. L'année dernière, quand on était là en juillet, on avait participé à une action de soutien et manifestation pour défendre l'hôpital et le parc attenant contre ceux qui voulaient en faire un centre commercial. Des voisins ont commencé par créer le mouvement Tamarineira:loucos por ela (Tamarineira: on est fou d'elle) et puis des gens de tout poil et de tout bord ont participé aux actions mais pour l'instant rien de nouveau sous le soleil, personne n'en parle ni dans un sens ni dans un autre.


Bonne nouvelle: le Secrétariat de Défense Sociale vient de lancer Operação sossego, Opération tranquillité, contre la pollution sonore en bord de mer, sur la plage de Tamandaré au sud de Recife, il y a déjà eu 9 interventions, pas d'amende mais obligation d'éteindre l'appareil de son. J'applaudis (je ne suis pas la seule d'ailleurs) car le niveau de nuisance sonore est ici des plus élévés, dans les bars il faut beugler pour se faire entendre et sur la plage le petit vendeur de CD piratés met toujours le son pour s'annoncer au maximum.

Une tradition propre au Nordeste, c'est la Queima da Lapinha qui marque la fin des festivités de Noël, jour de l'An et rois mages, tous les personnages de la crèche en sont retirés et l'armature de la crèche est portée en procession jusqu'à l'église du quartier et là, elle est brûlée jusqu'à être réduite en cendres, on considère alors officiellement ouverte la période du carnaval.

Le prix de la bonbonne d'eau de 20 litres vient de passer de 2 reaís à 3 et il est question que ça augmente encore jusqu'à 3, 5 R avant la fin du mois.

jeudi 1 janvier 2009

SAINT SYLVESTRE À LA BRÉSILIENNE

Je suis invitée chez les parents de Carmen pour le dernier dîner de l'année , en famille à la bonne franquette, ils ont préparé un buffet avec du rôti de dinde, un plat de crevettes en sauce et divers amuse-gueules, comme leur appart donne sur l'avenue de la plage, on est aux premières loges pour voir le feu d'artifice à minuit pétante qu'on fête avec champagne pour tout le monde, sur l'océan passe et repasse un bateau tout illuminé, en bas sur le trottoir et dans le sable une foule de gens.
On descend avec Carmen et ses neveux sur la plage pour pular as 7 ondas, sauter les 7 vagues, on va mettre les pieds dans l'eau, attendre que la vague déferle et sauter puis de nouveau attendre la suivante, 7 fois de suite et finalement reculer pour partir car on recommande de ne pas tourner le dos à la mer aprés le rituel. Coutume qui vient d'Afrique, apportée par les esclaves pour rendre hommage à Iemanjá, la déesse des eaux salées . 7 étant un chiffre sacré, (7 jours de la semaine, 7 chakras...) représenté par Exu, fils de Iemanjá. Les 7 sauts permettent d'ouvrir les chemins et que Iemanjá donne à chacun la force de vaincre les obstacles de l'année. Plusieurs personnes jettent aussi des fleurs sur l'eau.
On remonte à l'appart prendre congé des parents pour aller nous mêler aux 100 000 personnes, selon le JT, qui sont venues là.
Nuit qui va être blanche pour beaucoup, tout comme la plage, pourtant noire de monde car la plupart des Brésiliens mettent un vêtement blanc pour fêter l'entrée dans la nouvelle année. On va remonter l'avenue et la plage où les gens ont installé des tables et festoient, mais sans chichis ni cotillons, des tonnes de bouffe, petits beignets locaux, brochettes, gâteaux, noix de cajou.... La circulation a été interdite sur toute cette portion de plage et tout le monde en profite, l'avenue a pris une allure de pique-nique urbain. Les vendeurs de boisson font leur beurre auprès de ceux qui n'ont pas fait leurs provisions avant ou se retrouvent à court, nous , on a prévu le coup et on s'est emporté sur la plage de la caipirosca et de la caipirinha toute prête. Pour donner une image plus exacte de la nuit, il faut quand même parler du boucan ambiant , la musique change tous les 3 mètres, certains ayant des hauts parleurs branchés sur les voitures, les autres des carrioles à son et les hôtels de l'autre côté de la rue pour ne pas être en reste déverse leurs décibels de fête privée pour tout le monde, la mairie a monté une scéne sur la plage devant laquelle il y en a qui dansent . Il fait délicieusement frais. En repartant de là, une scéne ridicule, grotesque, des touristes parqués dans un enclos délimité par un cordon doré sur la plage avec lampadaire rococo, on leur a installé aussi un petit buffet, quelques tables et chaises et il y a un mec en costume qui doit crever de chaud pour monter la garde, tout ça en face de l'hôtel où ils sont descendus, ils dansent entre eux, on ne se mêle pas à la population mais du style à raconter en rentrant qu'ils ont passé le réveillon á danser sur la plage de Boa Viagem. Rideau.