lundi 9 février 2009

JUAZEIRO DO NORTE (CEARÁ)

Edson et Maria Eli
C'est assez galère de vouloir aller de Serra Talhada à Juazeiro do Norte, pas de bus dans la journée et celui de nuit arrive à 3 heures du matin, ça ne me branche pas du tout de me pointer en pleine nuit dans une ville que je ne connais pas. Et puis je me rappelle que Terezinha de la pousada de Triunfo m'avait dit qu'elle connaissait un homme qui faisait le voyage mais c'est panier percé car il ne veut pas voyager le jour prévu pour Juazeiro et moi, par contre, je dois y prendre l'avion le 6 février. Mais comme les choses arrivent à se mettre en place , au retour de São José do Belmonte, je tombe sur un homme qui a déjà fait le voyage et me fait rencontrer l'homme qui assure une liaison jusqu'au Ceará. Départ à 6 heures du mat , une fois passé la frontière entre les deux états, le paysage devient plus vert, on arrive dans la vallée du Cariri mais le tronçon de route jusqu'à Brejo Santo est dans un sale état, aprés, ça s'arrange. J'arrive à Juazeiro do Norte sur le coup de 11 heures du matin, première impression , c'est l'horreur, il y a des Padre Cícero* partout, toutes les rues portent des noms de saints ou de papes. il vient juste d'y avoir une fournée de pélerins et la ville se remet , c'est à dire que toutes les pousadas sont fermées ou presque, vu qu'elles ont fait leur beurre. Pas évident de trouver une chambre, j'atterris dans un hôtel, avec des km de couloirs remplis de dortoirs , ma chambre donne sur la cour, c'est mieux mais je me demande ce que je suis venue foutre ici. Heureusement j'ai mes coups de bol, je tombe sur l'hôtel municipal qui me donne un plan de la ville, au SESC ils sont en train d'organiser une cordelthéque et ils m'offrent le livre de la fille que j'aimerais rencontrer et le mégacoup de pot , c'est la rencontre d'Edson avec qui j'avais pris contact par HC, il est venu avec tous ses cordels pour voir si ça m'intéresse et me propose de m'en laisser pour les feuilleter tranquillement et aussi de me faire rencontrer Hamurabi, un cordeliste qui travaille dans une coopératives d'artisans, de sculpteurs sur bois, lui aussi nous offre un cordel qu'il va commencer à chanter en marquant le rythme avec une boîte d'allumettes, l'homme est sympa mais bavard et il faut qu'on s'arrache pour aller voir Fanka, la chercheuse que je voulais rencontrer. La ville fourmille de commerces, il y a aussi la rue des cliniques et spécialités médicales (je pense que ça rappellera quelque chose à Christine et Michel), celle des fringues et tout autour de la place , des marchands de bondieuserie , des statues en plâtre mais comme d'hab pas un seul point d'information touristique. Ici, c'est donc padre Cícero sous toutes les coutures, je vais alors visiter la maison où il a habité un peu plus bas dans la rue où je loge, pleine d'ex-voto puis le Mémorial qui lui est dédié, là c'est photos, tableaux de ceux qui lui ont peint le portrait dans différentes circonstances, le service à vaisselle à son nom, il ne faut pas oublier qu'il venait d'une des famille bourges et conservatrices du lieu et puis aussi ses habits liturgiques, et le linge avec lequel il a essuyé la bouche ensanglantée de la béate qui a senti l'hostie se tranformer en sang. Sur le côté on trouve aussi, à contempler derrière la vitre, la reconstitution de son cabinet de travail. En sortant de là à quelques pas, je vais voir l'église où il est enterré. Il va juste me manquer la colosssale statue à voir de plus près car le matin où je comptais m'y rendre, il se met à pleuvoir de ces pluies tropicales intenses, l'horizon et fermé et une masse de nuages gris va jusqu'à masquer la silhouette du Pére sur la colline, pour la prochaine fois...

Comme je dis quelques lignes plus haut, heureusement il y a Edson à Juazeiro qui me sort de ce pincez-moi je rêve ressenti à l'arrivée, on va se boire un pot dans un bar où le proprio chante devant un micro le répertoire de Bob Dylan, un des rares bars sympas de la ville à ses dires. Edson en est à sa dernière semaine de vacances d'été, lundi il réattaque comme prof en milieu rural, il préfére même si c'est à 1h30 de bus de chez lui car il y a moins d'éléves par classe, seulement une vingtaine. Il est branché sur tout ce qui sort de l'ordinaire, une mine! et il m'évoque alors les côtés délirants des pélerinages quand par exemple il y a des travestis qui y participent, ils font sensation, ou alors quand des pélerins qui ont monté un campement de fortune sur le trottoir devant la cathédrale vont recevoir l'hostie saintement puis se bourrent la gueule et/ou se tapent une putain sous la toile de tente. D'autres ont fait 400 km à pied pour venir demander une faveur. Sous la pluie , on va jusqu'au centre d'art do Banco do Nordeste voir quelques toiles et on rencontre Maria Eli (sur la photo) qui est toute prête à m'aider pour les cordels et qui commence à étudier le français. On va la laisser pour courir sous la pluie jusqu'à chez Fanka.
PS: je mets un lien pour les photos de la ville pour donner une petite idée

Padre Cícero* (1844-1934) , Padim Ciço, c'est le saint local, reconnu comme le Cearense le plus important du siècle, il a été le premier maire de la ville en 1911 quand le bourg a été élevé au rang de ville mais c'est surtout l'histoire de l'hostie qu'il administre à une religieuse et qui se change en sang qui va lui faire gagner son auréole, pas de la part de l'église car il est mis au ban et pris pour un imposteur mais de la part du peuple, la nouvelle du miracle se répand et c'est parti, lui il part à Rome pour rencontrer le pape et il est réadmis au sein de l'église. Il meurt en 34 et la foule suit son cortége funébre. La ville est devenu le lieu de pélerinage du Nordeste, avec une immense statue du Padre dressée sur une colline à quelques km de là.