dimanche 21 février 2010

un cordel de Patativa de Assare

Le triste départ

Passa septembre
Puis octobre, novembre
Nous sommes en décembre
Mon dieu qu'en est-il de nous?
Ainsi parle le pauvre 
Du sec Nordeste
Avec la peur de la peste
Et de cette faim féroce.

Au treize du mois
Fit l'expérience
Perdit sa foi
Dans les pierres de sel
A une autre expérience
De nouveau il s'accroche
Attendant la barre 
Du joyeux Noël.

Noël est passée
Et la barre n'est pas venue
Le soleil si rouge 
Est né bien au delà
A la cime des bois
Crisse la cigale
Personne ne voit la barre
Car barre il n'y a.


Sans pluie sur la terre
Glisse janvier
Vers février
Dans l'été même
Le fermier réclame
Se disant pour lui
Mon dieu c'est punition, 
Il ne pleut plus, non.

Il en appelle à mars
Le mois préféré
Du saint bien aimé
Monsieur  Saint José
Sans pluie sur la terre
Tout est sans solution
De son cœur s'enfuit 
Le reste de sa foi.

Ainsi parle le vieux
Je continue mon chemin
Il invite la famille
Et commence par dire
Je vends l'âne
Le mulet et le cheval
Nous partons à Sao Paulo
Vivre ou mourir.

Nous partons à Sao Paolo
Que la chose est laide
Sur une terre autre 
Nous allons errer
Si notre destin
N'est pas si mesquin
Dans ce même petit coin
Il nous ramènera.

Ils vendirent l'âne
Le mulet et le cheval
Et jusqu'au coq
Ils vendirent aussi
Et là apparaît
Un heureux fermier
Pour peu d'argent
Lui achète ce qu'il a .

Sur le haut du chariot
Toute la famille est réunie
Arrive le triste jour 
Ils vont voyager
La sécheresse est terrible
Qui dévore tout
Qui le pousse au dehors 
De sa contrée  natale.

Le second jour
Tout est déjà fâché
Le chariot emballé
Rapide à courir
Le père de famille
Triste et chagrin
Le fils en pleurant
Commence à dire

De peine et de saudade
Papa, je sais que je meurs
Mon pauvre chien
Qui va le nourrir?
Et l'autre répond
Maman, mon chat
De faim et de torts
Mimi est mort.

La plus petite
Tremblant de peur
Maman, mon jouet
Et mon pied de fleurs
Mon rosier
Sans eau dépérit
Et ma poupée
Est restée là aussi.

Ainsi ils vont laissant 
Avec pleurs et gémissements
Leur nord bien aimé
Un beau ciel bleu
Le père de famille 
Pensant aux enfants
Le chariot roulant
Sur la route du sud.

Le chariot emballé
Sur le haut des monts
Regardant vers sa terre
Son berceau son foyer
Cet homme du nord
Rongé par la peine
De loin fait un signe
Cearà, adieu.

Ils arrivèrent à Sao Paulo
Sans argent et brisé
Le pauvre  tout honteux
Cherche un patron
Ne voit que  visage fermés
De personnes étranges
Tout est différent
De son cher pays.

Il travaille une année
Deux années, plus d'années
Et toujours dans l'idée
D'un jour encore devant
Le père de famille
Triste et maudissant
Ainsi ils vont souffrant 
Un éternel tourment.

Le père de famille
Vit là prisonnier
Souffrant du mépris
Et au patron devant
Le temps passant
Un jour va un jour vient
Et cette famille 
Plus ne revient.

Si un jour par hasard
Il a la chance
Nouvelle du Nord
Le plaisir d'entendre
Saudade au cœur
L'étreint et l'envahit
L'eau de ses yeux 
Commence à tomber.

Distant de la terre
Si séche mais bonne
Soumis à la brume
A la boue et au marais
Il est triste de voir
Un homme du nord si vaillant
Vivre esclave étant
Sur les terres du Sud.