Au petit déj, on commence à discuter avec Boneção, la femme qui vient aider Carmen à la maison, de violence faite aux femmes, pourquoi la question arrive sur le tapis? Hier, une femme a été assassinée par son mari à Recife. Bonecão est convaincue qu'il ne faut pas accepter, pas une minute, amour ou pas , qu'un homme lève la main sur nous mais elle a du caractère. Pour preuve, elle me raconte que, mariée à 16 ans, à 17 alors qu'elle était enceinte son mari a voulu la battre mais elle ne s'est pas laissé faire et elle a réagi immédiatement et très fort, elle lui a dit: "Si tu fais ça, pendant que tu dors, je te plante un couteau dans le ventre et je mets le feu au matelas. C'est vu?". Il n'en pas cru ses oreilles mais il n'a jamais recommencé. Par contre, elle ne travaillait pas à l'extérieur alors elle n'avait droit à rien, elle devait lui rendre des comptes pour tout. Elle a supporté ça 8 ans et puis quand sa deuxiéme fille est née, elle lui a dit qu'elle partait. Il lui a répondu qu'elle n'avait le droit de rien emporter, tout était à lui, pensant ainsi la dissuader mais elle a tenu bon, elle s'est réfugiée chez son pére avec les 2 petites et elle reconnaît aujourd'hui qu'au moins il n'a pas cherché à l'emmerder par la suite.
Elle trouve que c'est bien qu'il existe maintenant une loi contre la violence conjugale, la loi Maria da Penha, toute récente du gouvernement Lula car elle fut votée le 7 août 2006 et elle entra en vigueur le 22 septembre de la même année. La loi durcit les peines de prison ferme contre les agresseurs, à vrai dire c'est passé de 1 an maximum à 3, et avant il suffisait de payer une amende s'il n'y avait pas peine de prison ou si c'était le cas, de verser une caution pour être libre, ou encore de s'engager à payer a cesta básica (les provisions de base , les produits de première nécessité). Elle prévoit aussi des mesures d'éloignement et de bannissement du domicile conjugal. Et puis les femmes pour porter plainte peuvent le faire dans un bureau qui leur est réservé , a delegacia da mulher.
Lula a donné à cette loi le nom de Maria da Penha en hommage à cette femme du Ceará qui a lutté pendant 20 ans pour que son mari et agresseur soit condamné. Maria da Penha est une pharmacienne qui a subi les violences de son mari , un professeur universitaire, durant 6 ans. En 1983 il essaie de la tuer deux fois, la première avec une arme à feu et la deuxième par électrocution et étouffement, ce qui la laisse paraplégique . 9 ans plus tard il est condamné à 8 ans de prison mais n'en fait que deux. En raison de ce fait, elle recourt au CLADEM (comité latino américain de défense des droits de la femme) puis c'est la Commission Interaméricaine de Droits Humains de l'OEA (Organisation des États Américains) qui, en 2001, condamne le Brésil par négligence et omission pour avoir attendu 19 ans pour punir l'ex-mari de Penha, Marco Antonio Herredia Viveiros, et recommande de verser une indemnisation à la pharmacienne, indemnisation qu'elle recevra seulement en juillet 2008. Maria da Penha est aujourd'hui , à 60 ans, leader des mouvements de défense des droits des femmes.
Pour revenir à Bonecão, elle dit qu'il y a encore beaucoup à faire dans le domaine mais c'est déjà quelque chose. Et puis j'espère que, si je rencontre Vera Baroni, j'en apprendrai plus sur le sujet au Pernambouc. A suivre...
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