Ce qui est curieux c'est que le musée du cangaço de Triunfo a été créé par une bonne soeur qui n'avait pas de sympathie particulière pour Lampião mais comme il recruta deux hommes de la ville dans sa bande, elle a tenu à honorer leur mémoire. L'un d'eux, Luis Pedro devint son homme de confiance et mourut dans la même embuscade. Lampião s'installa dans la région , entre Princesa Isabel et Triunfo en 1923-1924 et vint plusieurs fois après à Triunfo où il avait l'appui de 2 coroneis et quelques hommes politiques jusqu'en 1926.
Dans la première salle du musée, ce qui saute aux yeux tout de suite c'est les armes (fusils et poignards dont ceux de Lampião et de Corisco) et les photos sur tout un pan de mur de quelques moments de la vie des cangaceiros. On trouve aussi des gourdes, des besaces, 2 harnais et des chapeaux. La deuxième salle est plus orientée vers les représentations artistiques : xylogravures et tableaux sur Lampião et on y voit aussi l'acte de naissance et celui du baptême de Virgulino Ferreira dit Lampião. dans les autres salles , c'est plus du matériel de l'époque, tourne-disque, machines à écrire, vieilles radios et puis vient une salle avec des statues de saints et la dernière piéce est en fait une salle de classe pour enfants défavorisés.
La femme du musée m'explique qu'à la mairie travaille une femme qui a écrit un livre et fait des recherches sur le cangaço et qu'on peut aussi visiter la Casa Grande das Almas où se réfugiait Lampião. Terezinha, de la pousada, passe un coup de fil pour prévenir que j'y vais. La maison se trouve à la sortie de la ville, à cheval donc entre le Pernambouc et le Paraíba et appartient à un juge qui a tenu à respecter l'architecture et la structure, il l'a fait restaurer et l'a aménagée. C'est Paulo, le gardien de la maison qui me raconte tout ça, le juge travaille à 50 km de là et ne vient que le week-end. "Il arrive, il change de tenue, c'est un homme tout simple, on le voit là, on ne dirait pas qu'il est juge, j'ai presque l'air mieux habillé que lui" me dit Paulo en me montrant l'endroit de la maison où passe la frontiére, c'est dans la salle à manger mais il se montre sceptique sur cette histoire de refuge de Lampião même si comme tant d'autres ici il le considére comme un héros, courageux possédant le sens de l'honneur et de la justice.
Paulo en profite pour me montrer toute la propriété, de la cave au grenier en passant par la cuisine, dans une maisonnette à côté de la maison et puis les terres et le puits qu'on est en train de creuser, pas de probléme pour le temps qu'il me consacre il est disponible et il rend grâce au ciel de lui avoir donné ce travail, il bosse là depuis 20 ans, il avait commencé à travailler aux champs mais n'aspirait qu'à une chose , trouver un boulot moins tuant et moins ingrat que ça et il a été exaucé, dixit Paulo. Il me raconte aussi qu'il n'a pas d'enfant car il a passé sa jeunesse à courir les filles et aprés trop tard pour le mariage mais il a une bonne amie et ça lui va bien comme ça et comme la soeur du juge qui habite là aussi a pris en charge l'éducation du neveu de Paulo, il ne se sent pas tout seul. Sa dernière confidence c'est pour le football, son équipe favorite c'est l'argentine sans qu'il ait la sensation de trahir le sport brésilien.
J'ai fait une rando avec l'idée d'arriver au Grito, endroit qui servait de repaire aux cangaceiros, bien loin des habitations mais vu la chaleur et le dilemne à une croisée de chemins , je ne suis pas allée jusqu'au bout.
Le sertão impossible de l'oublier dans l'endroit où je suis pour faire ce blog, sur la terrasse de la pousada, à la tombée de la nuit, des centaines d'insectes qui volent bas, des moustiques qui me bouffent les jambes et de temps en temps une grenouille sauteuse, hier j'ai trouvé aussi devant la porte de ma chambre un gros crapaud noir avec des taches blanches sur le dos mais il n'a pas voulu rester pour la photo.