mercredi 31 décembre 2008

EN VRAC

Un peu de tout pour aujourd'hui
J'ai vu dans la journée l'opération transfert de fonds , dans une rue tranquille, un fourgon de convoyeurs de fonds est garé sur le trottoir d'une petite succursale de Banco do Brasil , sort un type avec une sacoche à la main, qu'un autre couvre, mitraillette au poing, l'air pas commode, fusillant du regard les alentours. La violence urbaine est toujours présente, en filigrane ou plus tangente, à 3 rues de la maison, un chauffeur de taxi vient de se faire abattre.
Autre type de violence, l'injustice, un graffiti avec dessin du cangaceiro couvre le mur à côté d'un arrêt d'autobus, "ça arrive aujourd'hui, comme ça arrivait du temps de Lampião".
On reprend le musée de l'homme du Nordeste, à la sortie, aprés la salle où est exposé un carrosse, j'engage la conversation avec un bon gros sympa, Edilson qui, normalement, travaille au premier étage sur l'histoire de la région mais il vient de servir de guide à deux aveugles qu'il a accompagnés, leur faisant toucher les objets, leur donnant des explications dont j'ai profité moi aussi. Tout jeune , il a vécu à Bruxelles et il n'a qu'une envie c'est d'y retourner mais sur le plan finance pour lui ça vient après l'appart qu'il veut arranger et une opération de réduction d'estomac, c'est pas pour tout de suite. Les Brésiliens jonglent perpétuellement avec leurs cartes de crédit et les paiements échelonnés. Edilson m'explique qu'en fait la bibliothèque de la fondation Joaquim Nabuco se trouve à 2 km de là, près de la Fondation Gilberto Freyre et qu'elle va être fermée jusqu'au lundi 5 janvier.
Qui est Gilberto Freyre (1900-1987)? Un anthropologue, sociologue et auteur d'un ouvrage polémique "Casa Grande e Senzala" publié en 1933 sur la vie dans les plantations de canne à sucre du Pernambouc (en français paru sous le titre de "Maîtres et esclaves"), très étonnant selon certains car Freyre était assez réac. Allez je ne vais pas résister à l'envie de mettre quelques mots de Darci Ribeiro qui, pour moi, reflétent bien la réalité du Nordeste. « Maîtres et esclaves est le plus grand des livres brésiliens et le plus brésilien des essais. Pourquoi ? J’ai toujours été surpris et je le suis encore, de ce que Gilberto Freyre, tout en étant si étroitement réactionnaire sur le plan politique, ait pu écrire ce livre généreux, tolérant, beau et fort. Ce qui est certain, c’est que Maîtres et esclaves nous a appris, en particulier, à nous réconcilier avec notre “ancestralité” lusitanienne et nègre dont nous étions quelque peu honteux. Nous lui devons le fait d’avoir commencé à accepter, en tant qu’authentiques ancêtres, le peuple que nous avions l’habitude d’identifier à l’immigrant, bête de somme tirant les charrettes du marché, ou bien commerçant prospère et mesquin lorsqu’il s’était enrichi. Nous devons avant tout à Gilberto Frevre, d’avoir appris à reconnaître, sinon avec fierté, du moins avec sérénité, sur le visage de chacun de nous, sur celui de nos oncles et cousins, une bouche charnue, des cheveux crépus ou ces nez épatés d’origine incontestablement africaine et servile. » (Darcy Ribeiro, extrait du prologue à une réédition en 1979 du livre de Gilberto Freyre, traduit par Inês Oseki-Dépré, dans le Magazine littéraire n°187, 1982).
Tour au parc de Jaqueira, tout illuminé par les décos de fin d'année, au fond du parc une créche avec des personnages en jonc tressé.
Je sais que je me répète mais il fait une chaleur infernale.
J'ai eu une réponse de Unicordel, l'association qui regroupe les cordelistes du Pernambouc, on va se voir le 10 janvier dans un des marchés de la ville. Je suis en train de me tâter pour aller à Fernando de Noronha, l'archipel au large de Natal et si bien préservé sur le plan environnemental, où chaque touriste doit s'acquitter d'une taxe par jour passé sur l'île.
J'aimerais aussi aller au Forum Mondial qui va avoir lieu à Belém en février mais c'est loin.
Ça a commencé à crépiter un peu partout dès ce matin, rendez-vous à la plage pour changer d'année, le podium est installé.

mardi 30 décembre 2008

ÇA Y EST, C'EST FAIT

Petit bilan de fin d'année, si je reprends ma liste de "je n'ai pas encore pu", je peux dire que ça y est, c'est fait
*j'ai passé 2 jours à São João do Tigre ,
*je suis allé aujourd'hui au musée de l'homme du Nordeste dans le quartier de Casa Forte, tout n'est visitable car ils sont en train de préparer une grande expo mais le fonds est là , avec les figurines en terre d'Alto do Moura, les fers qu'on mettait aux esclaves, les objets servant aux champs etc..
* j'ai finalement acheté un MP4 pour enregistrer les conversations avec les cordelistes.
le reste maintenant , pour 2009!

lundi 29 décembre 2008

LA LOI MARIA DA PENHA

Au petit déj, on commence à discuter avec Boneção, la femme qui vient aider Carmen à la maison, de violence faite aux femmes, pourquoi la question arrive sur le tapis? Hier, une femme a été assassinée par son mari à Recife. Bonecão est convaincue qu'il ne faut pas accepter, pas une minute, amour ou pas , qu'un homme lève la main sur nous mais elle a du caractère. Pour preuve, elle me raconte que, mariée à 16 ans, à 17 alors qu'elle était enceinte son mari a voulu la battre mais elle ne s'est pas laissé faire et elle a réagi immédiatement et très fort, elle lui a dit: "Si tu fais ça, pendant que tu dors, je te plante un couteau dans le ventre et je mets le feu au matelas. C'est vu?". Il n'en pas cru ses oreilles mais il n'a jamais recommencé. Par contre, elle ne travaillait pas à l'extérieur alors elle n'avait droit à rien, elle devait lui rendre des comptes pour tout. Elle a supporté ça 8 ans et puis quand sa deuxiéme fille est née, elle lui a dit qu'elle partait. Il lui a répondu qu'elle n'avait le droit de rien emporter, tout était à lui, pensant ainsi la dissuader mais elle a tenu bon, elle s'est réfugiée chez son pére avec les 2 petites et elle reconnaît aujourd'hui qu'au moins il n'a pas cherché à l'emmerder par la suite.


Elle trouve que c'est bien qu'il existe maintenant une loi contre la violence conjugale, la loi Maria da Penha, toute récente du gouvernement Lula car elle fut votée le 7 août 2006 et elle entra en vigueur le 22 septembre de la même année. La loi durcit les peines de prison ferme contre les agresseurs, à vrai dire c'est passé de 1 an maximum à 3, et avant il suffisait de payer une amende s'il n'y avait pas peine de prison ou si c'était le cas, de verser une caution pour être libre, ou encore de s'engager à payer a cesta básica (les provisions de base , les produits de première nécessité). Elle prévoit aussi des mesures d'éloignement et de bannissement du domicile conjugal. Et puis les femmes pour porter plainte peuvent le faire dans un bureau qui leur est réservé , a delegacia da mulher.


Lula a donné à cette loi le nom de Maria da Penha en hommage à cette femme du Ceará qui a lutté pendant 20 ans pour que son mari et agresseur soit condamné. Maria da Penha est une pharmacienne qui a subi les violences de son mari , un professeur universitaire, durant 6 ans. En 1983 il essaie de la tuer deux fois, la première avec une arme à feu et la deuxième par électrocution et étouffement, ce qui la laisse paraplégique . 9 ans plus tard il est condamné à 8 ans de prison mais n'en fait que deux. En raison de ce fait, elle recourt au CLADEM (comité latino américain de défense des droits de la femme) puis c'est la Commission Interaméricaine de Droits Humains de l'OEA (Organisation des États Américains) qui, en 2001, condamne le Brésil par négligence et omission pour avoir attendu 19 ans pour punir l'ex-mari de Penha, Marco Antonio Herredia Viveiros, et recommande de verser une indemnisation à la pharmacienne, indemnisation qu'elle recevra seulement en juillet 2008. Maria da Penha est aujourd'hui , à 60 ans, leader des mouvements de défense des droits des femmes.


Pour revenir à Bonecão, elle dit qu'il y a encore beaucoup à faire dans le domaine mais c'est déjà quelque chose. Et puis j'espère que, si je rencontre Vera Baroni, j'en apprendrai plus sur le sujet au Pernambouc. A suivre...

samedi 27 décembre 2008

PLAGE REPORTAGE

On s'amuse avec Carmen à faire la liste des petits vendeurs sur la plage, qui passent et repassent sans arrêt. Il y a des solitaires ou des entreprises familiales comme la caldeirada de Genival, le père a le triporteur et les gamins eux, passent avec des thermos rangés dans un grand sac.
Ça donne que, les pieds dans le sable et la tête sous le parasol que Fábio nous plante en bord d'océan , on peut sans bouger de sa chaise y manger

un espetinho une brochette
um caldinho, une sorte de soupe un peu épaisse aux haricots noirs avec un peu de viande ou crevettes
uma caldeirada, a da Riso é a melhor soupe veloutée à la crevette et noix de coco (photo centrale)
um carangueijo
un crabe
um arrumadinho viande hachée rissolée servie avec feijão vert et légumes
empadas e pastelzinhos sorte de petits chaussons fourrés à la viande ou au poulet
queijo na brasa du fromage blanc solide planté sur un bâton et cuit à la braise
kibes
boulettes de boulghour farcies à la viande, d'origine libanaise
escondinhos viande ou morue mélangée à de la purée et gratinée
agulha frita poisson de la famille Strongylura
sururu mollusque d'ici
ovos de codorna des oeufs de caille
os salgadinhos caseiros de Jujú des amuse-gueules sablés et salés au fromage ou à l'oignon,
um cavaquinho sorte de grand cylindre en pâte gaufrée, comme les cigarettes de mon enfance
as cocadas gâteaux faits de noix de coco rapée , elle peut être caramélisée ou nature
um dudu ou um picolê des glaces à l'eau
algodão doce de la barbe à papa
et aussi en vrac du poisson , un sandwich végétal, des huîtres, des grosse crevettes, des grillades, des hot-dog, des cacahuètes et noix de cajou, des chips et autres amuse-gueule, de l'ananas, de la salade de fruits, des fruits. La portion standard pour tous ces plats c'est une assiette en plastique creuse de la taille d'un demi-bol (voir photo)


pour accompagner, on peut y boire
le roi de la plage, o coco verde
uma raspadinha boisson à base de fruits ou sirop qui a la consistance du granizado espagnol
des boissons gaseuses (je ne ferai pas de pub), de la bière, de la cachaça, des jus de fruits naturels


c'est pas fini, comme vendeurs ambulants on trouve aussi ceux qui vendent chapeaux de soleil, paréos, maillots de bain, vêtements de plage, lunettes de soleil, crémes et lotions solaires, de l'artisanat (bracelets colliers boucles d'o et objets divers), des tongues, des montres, des CD piratés, des tableaux, des cigarettes
et pour les gosses
des jouets en plastique, des moulinets, des cerf-volants, des bouées

on n'oublie pas le service tatouage sur place et l'homme qui vend des petites perruches bleues et vertes, je crois qu'on a fait le tour.

PLAGE, MODE D'EMPLOI

As dicas de Carmen/ les tuyaux de Carmen


*Les femmes ne serrent pas les mains aux hommes car ils passent leur temps à se toucher, quoi? vous avez deviné!


*Sur la plage, en général on va toujours voir le même installeur de parasol et pour 2 reaís, vous avez la chaise pliante et l'ombre, le coco verde est en prime, si vous voulez une autre boisson , il vous la fournit mais on raque.


*Vu que le sable est très fin, vaut mieux accrocher ses tongues au bras de la chaise , tout comme le sac de plage d'ailleurs car l'eau monte , aujourd'hui en deux heures de temps , l'océan a recouvert d'eau le sable occupé par les deux premières files de baigneurs qui se sont repliés vers l'arrière et nous , qui étions sur la troisième, nous sommes retrouvées aux premières loges.


* Quand on va se baigner en même temps, le mieux c'est de replier une des chaises et la poser en travers sur l'autre pour éviter qu'on vienne toucher à nos affaires


* Quand l'eau a recouvert la moitié de la plage et qu'on ne voit plus la barrière rocheuse , prudence, c'est préférable de ne pas se baigner car les requins peuvent alors passer, un panneau en bord de plage rappelle qu'il y en a à Boa Viagem. L'autre soir, en se baladant à la fraîche, on a vu un touriste style nordique entrer dans l'eau tout content sans se rendre compte que, malgré les gens encore sur la plage à cette heure-là, personne n'était dans l'eau, on lui a fait des grands signes pour qu'il sorte et il a fini par comprendre.

vendredi 26 décembre 2008

GONZAGA DE GARANHUNS


J’arrive ponctuelle au rendez-vous avec Gonzaga de Garanhuns au centre culturel de la ville. mais il y est déjà en train de discuter avec Wagner, le jeune qui m’a reçue le jour d’avant. C'est un homme trés cordial qui va d’abord me montrer la maquette de la couverture du livre qu’il vient de terminer et dont la publication est imminente “Garanhuns em versos, um pouco da sua história”. Puis c'est un long échange de plus de 3 heures sur le cordel , en voici quelques passages et le mieux c'est que je lui laisse la parole.

La literatura de cordel c’est mon sport favori, il rit, mais je ne voudrais pas en faire une profession, ça non! Avec ses exigences et caractéristiques, surtout pour la métrique, chaque vers compte 7 syllabes toniques, ça le rend facile à chanter.

Plus tard, au cours de la matinée, il va me chanter un cordel en insistant: Si le cordel n’a pas 7 syllabes, c’est impossible à chanter.

Il évoque la figure de Joseph Luyten, un chercheur d’origine hollandaise qui fit de nombreux voyages au Japon, en Hollande, en France aussi à Poitiers où vivait Raymond Cantel, spécialiste de cordel lui aussi (pour la petite histoire c’est avec le précis de grammaire de Cantel que j’ai appris le portugais en fac). Un jour, Luyten lui rendit visite, Gonzaga s’en émeut encore aujourd’hui et il me raconte l’anecdote suivante. “Il faisait un froid, um froid de canard mais Luyten, lui, voulait absolument boire une bière, moi je n’en avais pas trop envie mais comment lui refuser ça, tout de suite aprés je lui propose qu'on se prenne uma cachaça, mais surtout faut rien dire à ma femme, promis?” et Luyten resta coi. Il est mort le jour même de ma présentation au festival d’hiver de la ville, le 27 juillet 2006...

C’est mon grand-père de Paraíba qui va insister pour que j’étudie, en milieu rural ce n’était pas évident, on n’étudiait pas par niveau à l’époque , on étudiait par livre. Qui lisait était considéré comme un docteur, um savant. En lisant des cordels, j’ai appris à écrire. Je travaillais, gamin, dans les champs de coton, quand je pouvais j’allais sur les marchés et m’achetais des cordels.

En 1973 il compose son premier cordel “Lampião na Serrinha” qu’il va me donner et me dédicacer après. Il poursuit: Pour la petite histoire, jétais en train de lire le journal et on y parlait de cordel à Caruaru et de la richesse culturelle de cette ville, alors ça m’a fait réfléchir et je me suis dit, ici ce n’est pas le cas mais ça peut le devenir, et voilà. Depuis je n’ai pas arrêté, mes sujets préférés....l’histoire de ma terre, Garanhuns, Lampião, Luis Gonzaga o rei do baião, les blagues et l'actualité. Mon dernier titre c’est “Direito e ciudadania em literatura de cordel”, celui-là, je l’ai écrit une nuit où je me suis réveillé à 3h30 du matin. Eh bien, à 6 h il était fini!

J’écris aussi pour les enfants, avec "O nascimento do poeta " (la naissance du poète), ils ont beaucoup ri, ça faisait plaisir à voir

Mon cordel, "O vôo da asa branca" fut le premier écrit sur la mort de Luis Gonzaga en 1989.

Gonzaga avoue: Jai deux passions dans ma vie, le cordel et le reisado* .
Il est très fier du rôle qu’il a joué pour faire connaître le reisado de Garanhuns.
J’ai fait um CD de reisado, pour moi pas de problème, on peut le pirater. Un jour, on a publié um livre sur Luis Gonzaga, j’ai eu la surprise de voir que mes vers étaient reproduits là, on ne m’avait rien demandé mais ce n’est pas grave, j’ai plaisir à voir mon nom divulgué. On me sollicite souvent pour le festival d’hiver qui a lieu ici en juillet.
Il parle aussi de ses cordels envoyés dans différents musées du monde , des prix qu'il a gagnés.
A mon avis, pas de risque que le cordel disparaisse, il est dans les mains des intellectuels, moi je crois que c’est plus un vrai cordel quand c’est écrit par quelqu’un du peuple que par un intellectuel. Là aussi je sens chez Gonzaga comme j'ai pu sentir chez d'autres une certaine réserve par rapport aux cordelistes intellectuels comme il les appelle.
Il a des projets à la pelle, achever 2 cordels sur le sertão et un livre de contes en prose.Et puis je suis en train de terminer “O conto da asa branca” sur Luis Gonzaga, em 2009, ça fera 20 ans qu’il est mort, si Dieu le veut, je ferai le lancement du livre à Exu, sa terre natale.
Il voudrait aussi monter à Garanhuns une maison du cordel , et s'il ne peut obtenir de subventions, il est prêt à faire ça tout seul , quitte à l'installer chez lui .
Gonzaga va aussi m’expliquer pêle-mêle qu’il n’aime pas les anglicismes dans le portugais du Brésil , qu' il existe une literatura de cordel porno, vendue sous pochette plastique pour ne pas tomber dans les mains des gosses.
On revient à Lampião, il me lit avec forces gestes et intonation son cordel sur l’histoire du cangaceiro, un des plus grands stratèges du Nordeste, à qui tout le monde obéissait. Gonzaga est d'ailleurs membre d’ ESBEC (Etude Sociale Brésilienne du Cangaço) il est allé jusqu'à Serra Talhada, lieu de naissance de Lampião et à 45 km de là, il a eu l’occasion de parler avec des cousins du cangaceiro. Il m’explique que le premier ennemi de Lampião, Saturnino, faisait partie de sa famille, la famille Nogueres. Lors d’un deuxième voyage dans le sertão, il va rencontrer trois survivants de la bande à Lampião âgés de 96, 102 et 94 ans à Palo Afonso dans l’état de Bahia. Sur ce , il m'entraîne visiter le centre culturel, ancienne gare de la ville et dans la salle de spectacles actuelle, passaient autrefois les rails.


* (un mélange de représentations scéniques de Noël et des chants des rois mages, les personnages dansent, chantent et conversent vêtus de vêtements colorés).

mercredi 24 décembre 2008

ÇA S'AFFAIRE


Même si j'ai du mal à associer Noël à cette chaleur tropicale, c'est pour bientôt et tout le monde s'affaire, moi, j'ai préféré la plage aux magasins. Elle est noire de monde et toute colorée de parasols le jour de Noël, et ce qui ne pouvait pas manquer ! une des buvettes en bord d'océan avait fait la déco neige et père Noël sur son traîneau sur le toit.
Dans la favela au pied de l'immeuble, on entend des pétards depuis
hier. Les caissiers du supermarché ont tous des bonnets de père Noël sur la tête. Les pôvres! avec la chaleur qu'il fait!

BONNES FÊTES À TOUT LE MONDE
La fleur, c'est en portugais un bastião de Saõ Jorge du jardin de Nelita.
Comment ça se passe Noël? Tout le monde s'en doute, au balcon comme dirait le proverbe et même encore plus fort sur la plage et la messe de minuit à l'extérieur de l'église car il fait trop chaud dedans. Il existe quelques traditions culinaires , comme de manger de la dinde mais elle sera fourrée aux noix du Pará ou plus rarement un chapon et pour le dessert des panettones et puis coutume plus enracinée dans l'intérieur , héritée des Portugais, on peut pour Noël préparer un plat de morue.
Dans les maisons, on installe à l'entrée la créche avec les personnages en terre le plus souvent, de l'artisanat local . Sur la place de l'église de Boa Viagem, le soir, on assiste à un pastoril, comme un peu partout dans la ville aujourd'hui. Le pastoril est un mélange de danse et de théâtre qui parle de la naissance de Jésus Christ. Ici, ce sont des petites filles d'une dizaine d'années qui dansent, vêtues de jupes à volant et bustier, avec un diadème plein de paillettes dans les cheveux; elles sont réparties en deux groupes, les unes toutes en bleu et les autres en rouge. Elles chantent et dansent en virevoltant pour fêter l'enfant Jésus. A part elles, interviennent aussi a borboleta, le papillon, Diana, la médiatrice qui n'est d'aucun des groupes, vêtue moitié de bleu, moitié de rouge et a cigana, la gitane. Derrière elles, se tiennent les musiciens qui jouent du tambour et des instruments à vent. Carmen, quand elle était enfant, faisait partie des filles en bleu. Je n'ai pas mon appareil , je vais mettre un lien vers une page photo et vers aussi un blog tenu par une prof de FLE et ses éléves sur le Pernambouc et ses traditions et sa culture.

mardi 23 décembre 2008

TRANSPORTS EN TOUS GENRES
















À Caruaru j'ai découvert les motos-taxis, il y en a pas mal dans le centre-ville prêts à vous emmener où vous voulez, si c'est dans la ville c'est prix fixe 3 Reaís, soit 1,20 euro . Pour toute course dans les faubourgs, ça se marchande. A quoi on les reconnait? D'abord s'ils sont libres, ils ont toujours un casque accroché au bras, ensuite , c'est comme le Port-Salut, c'est marqué dessus, sur le tee-shirt ou sur le gilet du conducteur. Les casques, il faut qu'ils s'adaptent à toutes les têtes, même les grosses. Après un pot sur le marché, j'en hèle un pour me ramener chez les copains, le casque est un peu grand mais bon ça ira, je me tiens au porte-bagages derrière et c'est parti , pas mal! il est prudent mais rapide aussi, c'est à refaire, plus cher que le bus mais ça vaut le déplacement, il semble que ce soit l'apanage des petites ou moyennes villes , il y en avait aussi à Garanhuns. Certains bus ici ont déjà beaucoup vécu, ils roulent dans un boucan d'enfer en tressautant sur la route parfois défoncée, ce n'est pas de tout repos. Celui qu'on voit ici, il est plutôt neuf, on monte par l'arriére, on paye à la receveuse et on passe la rolete, le tourniquet, faut pas être gros , il y en a parfois qui restent coincés . Comme les enfants ne paient pas, ils se faufilent sous le tourniquet. Par contre, on n'en demande pas tant à ceux qui bénéficient de la gratuité des transports, les personnes âgées montent par l'avant du bus ni aux femmes encientes ou avec des petits enfants qui montent par l'avant et vont payer ou font passer l'argent jusqu'au fond si le bus est plein. Dans les nouveaux bus où il y a pourtant des boutons pour demander l'arrêt, le système fonctionne comme dans les autres, il faut tirer sur la ficelle qui passe le long du couloir en haut du bus. Allez, encore un petit détail et je m'arrête, à toute personne qui monte avec des sacs ou paquets et doit rester debout, celui qui est assis va proposer de la décharger et de mettre les affaires sur ses genoux, sympa, non?

lundi 22 décembre 2008

A RÃ DANADA DO SERTÃO


A RÃ DANADA DO SERTÃO

Nesse lugar tão seco,
A rã que gosta d'agua
Se refugiou no vaso
Do banheiro da casa,
Chegou mulher francesa
Fazer xixi queria
Sem saber se sentou lá


Para rã de repente
Chegam chuva e noite
Dá um pulo, contente,
Na bunda da senhora.
Berrando, se põe de pé
Descobre rã pequena,
Sozinha não, tem outra!!!


Não acaba história
Depois dessa surpresa,
Vai falar com amiga,
Maricélia lhe conta
Similar aventura
Disso riram bastante
Em São João do Tigre




ilustração: Maria Alice C. F. Bonifácio


mini cordel: Claire Marlhens




Voilà mon premier essai en tant que cordelista moi aussi, maintenant vient la traduction.




LA MAUDITE GRENOUILLE DU SERTÃO


Dans ce très sec endroit
La grenouille qui aime l'eau
Un jour se réfugia
Dans les WC plein d'eau.
Une française arriva,
Faire pipi, elle voulait
Sans savoir, elle s'assit là


Pour la grenouille tout à coup
Tombent la pluie et la nuit,
Contente, elle bondit d'un coup
Sur le cul de la dame la voici,
D'un cri elle se met debout
Et découvre cet animal tout petit
Seul, non! Il y en a une autre aussi.


L'histoire ne s'arrête pas ici,
Aprés cette surprise-là,
Elle va parler à son amie,
Maricélia lui raconta
Aventure du même gabarit
De ça, beaucoup on rit
A São João do Tigre




Note de la traductrice

Régionalismes

Moisés vient de m'expliquer que, si dans le Nordeste on utilise le mot pour grenouille, dans le reste du pays, le mot perereca est plus courant, alors que par contre, ce mot dans le Nordeste a une connotation sexuelle et c'est un des nombreux mots utilisés pour désigner le sexe de la femme.

dimanche 21 décembre 2008

SÃO JOÃO DO TIGRE ET LE SERTÃO


Voilà une chose de faite, à rayer dans la liste des "je n'ai pas pu encore..." hier départ à l'aube de Recife pour aller passer ce week-end dans l'état de Paraíba à São João do Tigre où les parents de Maricélia ont une maison. On atteint Pesqueira dans la matinée puis c'est Cimbres, près de là vit une communauté indigéne, les Xukuru qui occupe une terre assez vaste et fertile. Leurs enfants sont scolarisés dans leur langue mais à part ça, ils ne conservent pas de coutumes spécifiques, me dit-on.

Comment savoir qu'on passe du Pernambouc au Paraíba? Simple comme bonjour, la route asphaltée s'arrête brusquement , c'est la limite. Elle fait place à une piste de terre, c'est aussi tapecul d'un côté que de l'autre, il y a la poussière en plus maintenant qu'on vient de pénétrer dans le sertão, cette zone au climat semi-aride qui couvre 8 états du Nordeste et une superficie de 2 fois la France. Le paysage change, plus sec, c'est la caatinga, type de végétation caractérisée par des petits arbres épineux, beaucoup de cactus et une herbe séche et rare. Le sertão , c'est la terre des cangaceiros aussi, une des zones les plus pauvres du Brésil que j'ai toujours voulu connaître, à cause des films de Glauber Rocha, d'écrivains comme Garcilaso Ramos ou d'ouvrages comme "Géographie de la faim" de Josué de Castro, dont la pensée a servi et sert encore de référence pour beaucoup ici (pour le MST, le programme Faim zéro de Lula...)


On revient à cette route poussiéreuse, on passe sur le lit d'une rivière complétement à sec mais qui , durant la courte période où il pleut, peut être en crue et rendre la route impraticable. A la saison des pluies le sertão reverdit aussi, arbres, fleurs et plantes qui vont survivre quelques mois avant de succomber sous la sécheresse. Enfin on y est , la maison est grande, blanche et bleue sur ce fond sec, Maurismar et Sonia ont vécu là au début de leur mariage. Au petit déjeuner, devant des papayes, ils nous évoquent la ferme telle qu'elle était, ils produisaient fruits et légumes, vivant presque en autarcie. De minuscules grenouilles élisent domicile dans les WC de la maison, cherchant l'eau d'où mon bond quand l'une d'elles me saute sur les fesses alors que je m'assois pour faire pipi. Autre animal familier, la chuave souris qui vient faire untour dans la chambre quand on laisse la fenêtre ouverte. Pour vous planter le reste du décor, au-delà du portail d'entrée et du bout de jardin, ils ont des terres mais totalement incultes. Sur le côté, la maison de la famille qui s'occupe de la ferme et vit de l'élevage de chévres et boucs, la viande la plus consommée ici. Tour d'horizon aprés le déjeuner, un peu en creux derrière les enclos où broutent les chévres, un étang , pas très plein à vrai dire, mais pendant la saison des pluies il peut arriver jusqu'au niveau de la maison. Un peu loin, il y a une pompe éolienne de l'ancien temps pour capter l'eau souterraine, qui passe ensuite dans une cuve etc. ,on repart vers le chemin qui conduit à la route , des cactus, des cactus et encore des cactus , on trouve aussi deux sorte de caroubiers et des épineux. Dans le jardin, tache de couleur sur ce fonds poussiéreux une variante de jasmin qui donne des fleurs blanches et rouges. Dans les bruits qui troublent parfois le silence, un âne brait, les clochettes des chèvres tintent et de temps à autre , un bruit de moto ou de voiture pour rappeler que le monde existe. Petit tour au bourg à quelques kilométres de là. 4 rues dont la principale , avec un terre-plein au milieu mène á l'église. Des femmes vendent des fruits dans des caisse posées sur le trottoir est l'odeur des goyaves quand on passe fait plus qu'envie. Maricélia va me montrer comment chupar uma manga, sucer une mangue, en faisant juste une fente à une extrémité et presser sur le fruit , on l'ouvre pour profiter de la pulpe seulement quand il n'y a plus de jus.
Le nom de la ville vient d'une chapelle construite en l'honneur de saint Jean Baptiste, d'autre part on aurait assimilé les onces peuplant la zone, apparaissant sur les peintures rupestres du lieu à des tigres d'où le nom actuel. L'activité artisanale la plus connue c'est le travail des dentellières, celles d'ici sont réputées pour la qualité de leur travail, elles se sont regroupées en coopérative. L'une dessine les motifs tandis que les autres brodent . Mais São João do Tigre ça veut dire aussi problémes de soin si vous êtes malade, la maternité locale et fermée, Sonia qui a mal à la tête aimerait faire prendre sa tension, pas moyen , le poste aux médicaments est fermé et dans l'autre endroit pas possible, car elle n'est pas de la même couleur politique. Petit bourg, tout se sait si vous avez voté comme moi, vous avez plus de chance d'être servi que si vous êtes dans l'opposition. Ça c'est la plaie locale, dit Maurismar. faut pas être pressé si jamais vous devez faire appel à quelqu'un sympathisant du parti opposé. Comme tout bar qui se respecte, celui de São João sert aux discussions politiques entre hommes mais ça peut prendre une allure spéciale s'il y a des repentistas, ces rimeurs qui s'affrontent oralement en vers, à coups de rime accompagnés par une petite guitare. Ça c'est Moisés qui raconte à son retour de la ville, j'aurais bien aimé voir le duel mais apparemment le bar n'est pas un endroit pour les femmes.
Au crépuscule, le ciel se zébre d'éclairs , j'ai eu droit à la pluie dans le sertão alors que Maurismar dit qu'il n'a pas vu pleuvoir depuis 3 ans! Un luxe! Il va de nouveau pleuvoir le lendemain, la terre respirera un peu, elle prend une autre couleur , semble plus brillante.

vendredi 19 décembre 2008

JE N'AI PAS ENCORE PU....

je n'ai pas encore pu....

*voir Suely, cette amie de Brasilia car elle n'est pas venue le 18 comme prévu
*voir le Memorial de Mestre Galindo, céramiste à Alto de Moura, il est fermé le lundi
*aller à São João do Tigre, dans le sertão de Paraíba, on n'avait pas de voiture
*assister au concert de Dominguinhos, un des sucesseurs de Luis Gonzaga à Nova Jerusalen, plus de place dans le bus
*interviewer Jota Borges, un des plus grands cordelistes du Pernambouc car de Caruaru je suis repartie dans la direction opposée à Bezerros où il habite
*revoir le musée de l'homme du Nordeste à Recife, fermé pour travaux jusqu'au 18 décembre
*voir le musée du Forró, l'espace Elba Ramalho à Caruaru, même chose que le précédent
*rencontrer l'amie de Fernanda, une femme cordeliste
*aller écouter la chorale de Áurea, trop juste de temps
*voir la Casa de Artesanato de Garanhuns, j'y suis arrivée trop tard dans la soirée
* acheter de graveur à Garanhuns pour enregistrer les conversations avec les cordelistes, rupture de stock, jusqu'en janvier, j'en ai été quitte pour prendre des notes à la main parfois dures à me relire

MAIS RIEN N'EST PERDU

jeudi 18 décembre 2008

POETA CRISTOVÃO



POETA CRISTOVÃO




Poeta Cristovão a une petite boutique sur le marché de Caruaru, elle était close le premier jour où je suis passée car qu'il n'y est que le matin de 7 à 9.
Aujourd'hui il est venu avec son petit-fils. C'est un petit monsieur avec la casquette vissée sur le crâne qui parle à sa guise et saute du coq à l'âne, il me raconte pêle-mêle que ses cordels sont connus dans 192 pays, parce qu'il est passé au journal télévisé de la TV Globo, que le cordel est né dans les pays arabes et qu'il a un don pour la poésie.
Il a commencé à écrire à l'âge de 10 ans et il utilise lui aussi le sizain comme type de strophe mais comme il ne sait pas dessiner, il a toujours laissé le dessin de la couverture à d'autres et sur le folheto de la biographie de Lampião, on trouve même une photo.
Il va ensuite m'expliquer que pour lui, la ville la plus vieille du monde c'est Jéricho.
Puis on continue, cette fois, avec un autre romance qu'il a écrit sur les signes qui annoncent la fin du monde " Sinais do fim do mundo" en s'inspirant du Nouveau Testament et qui en est déjà à sa 32º édition. Le moment est à la déclamation, il tient à me faire entendre sa version orale de la fondation de Rome mais pas en entier car il faut absolument qu'il me parle aussi du cordel qu'il a écrit à la mort de Kubitschek, le président brésilien qui a fait de Brasilia la capitale du Brésil. Bref, beaucoup de choses l'intéressent, de la Bible à des aspects plus scientifiques et il fait souvent un travail de recherche et vérifie le bien-fondé des données qu'il utilisera dans ses cordels en écrivant à une banque de données à Rio pour s'informer, ça peut être pour savoir la profondeur de l'océan comme pour savoir quel est le meilleur télescope qui existe. Il tire une grande fierté des écrits qu'il a fait parvenir à l'université comme sujet d'études.
Mais actuellement il n'écrit pas et réédite seulement ses oeuvres. C'est l'heure de fermer boutique, en quelques minutes c'est fait, il prend son petit-fils par la main et s'éloigne entre les échoppes d'artisanat.

mercredi 17 décembre 2008

LE QUILOMBO DE CASTAÍNHO



Je tiens absolument à aller au Quilombo de Castaínho mais c'est pas de la tarte, il est assez éloigné du centre ville , pas de bus et la route est peu fréquentable aux dires de plusieurs personnes pour faire ça à pied, je fais affaire avec un taxi , Leandro.
Mais quilombo kezako? A l'origine, un quilombo c'est une communauté formée par des esclaves noirs qui fuirent les plantations au début du 17º siècle et se réfugièrent dans des endroits inacessibles où ils reproduisirent le système communautaire de leur pays d'Afrique.
Le quilombo de Palmares créé en 1604 dans l'état d'Alagoas est le plus célèbre pour sa résistance car Zumbi un noir rebelle tint tête aux Portugais et aux Hollandais, on finit par lui tendre une embuscade et il fut poignardé et décapité le 20 novembre 1695. Sa tête plantée sur une lance fut exposée sur la place publique à Recife pour ôter à d'autres noirs l'envie de l'imiter. La date de sa mort est devenue le jour de la conscience noire ici et le quilombo, le symbole de la lutte du mouvement noir au Brésil.
On a accédé au quilombo par un chemin de terre qui débouche devant l'église petite et rose, l'habitat est assez dispersé, 206 familles y vivent principalement du manioc et de la production de farine, mais ils font aussi du maïs, des haricots et des légumes verts. Les maisons sont toute simples, éparpillées parfois peintes de couleurs vives et le linge qui séche rajoute encore une note de couleur qui contraste avec la terre marron. Une gamine passe, ramenant deux vaches. On fait halte devant une maison verte , c'est là qu'on fait la farine de manioc, l'activité principale de la commmunauté, avec 3 récoltes par an. La femme qui nous accueille, Céla, va d'abord me faire me montrer la grande piéce ouverte sur la rue, deux femmes assises sur le sol devant des tas de racines de manioc qu'elles pèlent. A elles aussi j'aimerais poser des questions mais l'autre m'entraîne vers les machines, l'une qui râpe, l''autre qui presse pour retirer le liquide et enfin une qui sèche et tamise. Rien ne se perd car avec les pelures, on fait une farine plus grossière qui servira pour les bêtes, les porcs entre autre. A l'extérieur, il y a des grandes cuves où l'on rince la goma (la fécule) une journée entiére puis on la lave. Céla m'affirme maintenant que la production est d'une tonne par jour alors qu'avant elle a parlé de la même quantité par semaine. Mystére!
Jusqu'en 1987, tout se faisait manuellement et puis la communauté a acheté des machines et avec l'appui d'une ONG Djumbay, elle a pu agrandir et moderniser la maison de la farine. Le quilombo participe à un projet de développement durable "Projeto de desenvolvimento sustentável das comunidades quilombolas no Brasil", une affiche est placardé contre le mur du fonds et il a des subventions ce qui permet de continuer à s'équiper. Tout ça, ça me donne envie d'en savoir plus sur l'histoire et le fonctionnement de la communauté. Céla va juste me dire que dans l'autre maison, séparée de la verte par un sorte de passage couvert, une pièce sert de salle de réunion pour l' "associação dos moradores" (les habitants du lieu) et la pièce du devant sert pour l'accueil des enfants le matin (ils n'ont école que l'aprés-midi), ceux qui ne peuvent pas travailler pour une raison ou une autre (physique, santé...), conclusion: les enfants filent un coup de main mais Céla a fait lever bien vite les deux petites filles qui aidaient au manioc quand j'ai sorti mon appareil pour prendre une photo, le travail des enfants étant officiellement interdit au Brésil. On va aller voir les arbres originaires d'Afrique qui leur ont été envoyés en 2001 pour rappeler aux Noirs leurs racines, juste à ce moment-là passe une femme dont Céla me dit qu'elle est descendante directe des esclaves fugitifs. Des 2 arbres le gameleira a poussé de façon spectaculaire et le baobab lui est plutôt rabougri, apparemment il ne se sent pas chez lui.
Petit tour à l'école, toute nouvelle , pas encore terminée, pour l'instant 2 classes de faites et trois niveaux scolaires dont l'un , la 4º a cours le matin, là Carla nous explique que ça représente un total de 82 élèves, dont quelques-uns sont d'Estiva, un quilombo voisin. Dès la rentrée , l'école va pouvoir accueillir une classe de plus petits et une 6º. Salles rustiques, pas de tables, des chaises en bois avec une tablette fixe, ils devraient en recevoir bientôt des nouvelles avec une tablette rabattable (là clin d'oeil à mes collègues , ça vous rappelle qqch, non?). Les instits ne sont pas d'ici, Carla finit sa formation et aimerait avoir un poste ici. A l'heure où on passe, l'école est vide , approche des grandes vacances, à l'exception de 2 filles qui font du rattrapage. Pas d' adultes parmi les élèves, pourtant certains sont analphabètes, c'est en projet...
En ce qui concerne l'histoire du Quilombo , un seul interlocuteur, le mari de Céla, Zé Carlos, également président de la communauté qui n n'est pas là et pas joignable. On se fait la réflexion avec Leandro, le chauffeur de taxi qu'il pourrait transmettre son savoir à d'autres. Mais j'ai pu glaner quelques infos, que l'histoire de Castaínho était liée à celle du quilombo de Palmares car le lieu fut fondé par un groupe de noirs qui réussit à fuir la guerre menée contre Palmares, il y a 300 ans, ils se réfugiérent sur le Monte Magano puis se dispersérent.
Ce qui est assez curieux, c’est qu’il y a eu un glissement de sens et que quilombo a pris une connotation péjorative chez les voisins, un Argentin qui dit “qué quilombo, che!” veut dire “quel bordel, quel foutoir!” comme si le fait historique avait été déformé, que la seule chose qu’on ait voulu transmettre de Palmares, cette expérience échappant au pouvoir dominant et tendant à instaurer un autre fonctionnement, c’était une idée de désordre anarchique, de confusion.

GARANHUNS L'OASIS

J'arrive à Garanhuns lundi en fin d'aprés-midi, à 6 heures du soir il fait 18°, un délice, une petite brise en prime, je respire enfin mais je vais vite déchanter, hier mardi même tôt la température atteint des records de chaleur, heureusement elle tombe en soirée, Garanhuns est à un peu plus de 220 km de Recife, c'est la ville des fleurs, la Suisse du Pernambouc. Elle a 129 ans d'existence, elle est entourée de 7 collines.
JAMAIS DU PREMIER COUP
Hier matin , aprés quelques longueurs dans la piscine du Sesc, la résidence hôtel où je loge, je pars en chasse, c'est pourtant simple je veux un plan de la ville et bien sûr des renseignements sur le cordel. Je commence par la mairie, on m'envoie au premier étage voir un monsieur qui me conseille de redescendre au rez-de-chaussée chercher un dénommé Givaldo pour le plan et pour le reste d'aller jusqu'au Centre Culturel, Givaldo m'explique que son plan de la ville couvre un pan de mur, est en 6 morceaux et donc difficile à réduire, le mieux c'est d'aller à Secretária de Turismo. Tant qu'on y est, je lui demande s'il a idée de l'endroit où je peux trouver un graveur de son oui, j' y atterris mais pas de pot, rupture de stock jusqu'en janvier et je vais en être quitte pour prendre des notes à la main. Au Centre Culturel, en réalité l'ancienne gare avec son esplanade où passait la voie de chemin de fer, un petit jeune, Wagner me montre la bibliothéque avec quelques cordeìs puis téléphone à un cordeliste pour savoir s'il est disponible, l'affaire est faite, rendez-vous pris pour mercredi à 9 heures du matin. Il me reste le plan à trouver , prés de la Rodoviaria (gare routière), m'a-t-on dit, à côté aussi du parc aux eucalyptus, il y a le Centre Administratif, Là Elaiane me donne effectivement un dépliant sur la ville, on discute un bon moment et je repars avec des cadeaux de la maison, un petit bloc-notes, une brochure sur une église sanctuaire, des cartes postales et un folheto de cordel qu'elle me dédicace. J'y ai passé une bonne partie de la matinée mais je vais répéter une fois encore que les gens ici sont tous des gens adorables , prêts à se mettre en 4 pour vous donner un coup de main, ce que j'apprécie le plus du Brésil , c'est les Brésiliens et dans le Nordeste, cette hospitalité , cette disponibilité c'est encore plus flagrant.
Pas de photo aujourd'hui, mon appareil a la batterie à plat mais ça va venir, je les rajouterai.
CHOSES À VOIR
Le dernier jour que je passe ici, je fais la toutou, la touriste. Le Sesc propose , avec arrêt aux endroits les plus emblématiques, un tour de la ville , c'est parti , on commence en fait par en sortir , on va passer sans s'arrêter devant l'ancienne gare devenue centre culturel et juste à côté la place Guadalajara, une grande esplanade qui doit son nom à une victoire du Brésil contre l'Italie dans un match de foot qui se fit dans le stade du même nom au Mexique, peu aprés on passe devant le monastère de São Bento où l'on peut venir écouter tous les jours à 18h des chants grégoriens et on prend le chemin du Monte Magano (1030m) où se réfugièrent les esclaves qui fuirent du Quilombo de Palmares. De là on voit la fazenda de Serra Branca qui fournit l'eau minérale du coin. En 1954, on a planté là un Christ Rédempteur dont l'artiste dit qu'il est plus près du ciel que celui de Rio, car même s'il ne fait pas la taille de l'autre, il est plus haut que lui car sur un mont. Sur ce mont, chaque année à Pâques , on célébre la passion du Christ mais en la faisant débuter à l'origine de tout, à Adam et Eve, cela dure 4 jours et 4 nuits décor naturel. Après ça, on va aller voir le château de João Capão, un électricien qui avait fait une fixation sur les châteaux médiévaux, l´équivalent d'un facteur Cheval ou d'un Piqueassiette de Chartres. Il a mis 20 ans à réaliser son rêve et à le construire de ses propres mains , aujourd'hui c'est sa fille qui y habite et reçoit les visiteurs. Sans commentaire! Le tour continue par l'horloge de fleurs sur le gazon d'un petit parc à proximité de la radio locale mais elle ne marche plus depuis 4 jours. Après ça, on va aller jusqu'au sanctuaire de Mãe Rainha, inauguré en 2004, identique au premier construit par des jeunes séminaristes à Schoenstatt, en Allemagne en 1914 sur l'initiative de leur directeur spirituel qui cherchait un lieu pour se réunir.
Surprise pour la suite, on va aller à Freixeira voir le sanctuaire de Santa Quitéria, fêtée le 7 septembre; cette fois-ci l'origine c'est au Portugal, un couple de portugais apportèrent la statue de la Sainte et il y eut miracle. L'église est peinte en rose, dépouillée de tout mobilier, les murs couverts de photos et d'ex-voto, le plus souvent pieds, mains et membres en bois. Lula est passé par là (il est originaire d'un village proche), a-t-il demandé à la sainte d'être président, allez on parie que oui! autre personnalité venue ici, Elba Ramalho, une chanteuse nordestine très côtée.
La sainte est dans sa niche, derrière une grille, pourquoi?, il ya eu 2 tentatives de vol qui se sont soldées par des échecs car il se produisit, paraît-il, un vacarme qui alerta les habitants. Le village s'est construit autour du sanctuaire. Si vous voulez demander une grâce, il faut passer sous l'autel à croupetons, ressortir et faire le tour 3 fois de suite. C'est compris dans le voeu que s'il s'accomplit, vous reviendrez remercier la sainte en mettant une photo ou un objet, le plus souvent accompagné de la formule agradeço a Santa Quitéria a graça alcançada, (je remercie Ste Quitéria pour l'accomplissement de mon voeu). A l'extérieur, il y a un musée qui montre des peintures de la sainte et ses soeurs, selon la tradition portugaise, le mère de Quitéria, païenne, mit au monde 9 filles d'un coup mais le père étant absent, elle demanda à sa servante d'aller les noyer pour que l'on ne l'accuse pas d'adultére, cette derniére, chrétienne préféra confier les nouvelles-nées à des nourrices, ce qui n'empêchera pas qu'elles finissent toutes leur vie dans le martyr, Quitéria quant à elle sera décapitée. L'excursion se termine en douceur à la fabrique de chocolat de la ville.

lundi 15 décembre 2008

A FEIRA DE CARUARU

Ce qui fait la gloire de la ville, c'est , installée dans le Parc du 18 mai , l'immense aire de marché, a feira de Caruaru qui a d'ailleurs été déclaré en 2007 Patrimonio Cultural Imaterial Brasileiro. L'origine de la foire se confond avec celle de la ville quand, il y a 200 ans, l'endroit servait de halte pour les marchands de bestiaux du sertão allant vendre sur la côte et pour les marchands ambulants venant du littoral et allant vendre à l'intérieur. Selon les jours, le marché connaît une plus ou moins grande affluence , le samedi et le mardi étant les jours forts avec le marché au bétail . Chaque secteur a son coin, artisanat, fruits et légumes, herbes médicinales, habillement et même un espace pour le troc et au milieu de tout ça, on peut entendre parfois des vendeurs de cordel faire leur pub par haut-parleurs ou des repentistas s'affronter dans une joute oratoire, accompagnés à la guitare mais je dois dire que je n'ai pas eu cette chance-là. La feira a été aussi le théme de maints cordeís, théme repris aussi à l'occasion du projet implanté en milieu scolaire.
LE MUSEU DE CORDEL
Il est dans l'enceinte du marché de Caruaru, un peu en retrait du secteur artisanal, c'est le seul du genre qui existe en Amérique du Sud. L'idée vint d'un cordeliste , Olegário Fernandes (1932-2002) qui lutta pour que son projet prenne corps et son rêve se réalisa quand le musée fut inauguré le 21 août 1999. A sa mort, la ville donna son nom au musée, une petit maison en bois toute simple, ouvert á tous, entrée gratuite ses enfants qui tiennent l'échoppe contigüe assurent actuellement la permanence. Petite parenthése , c'est la tendance ici, la famille prend en charge le fonds culturel créé. Au fond de la pièce, sont épinglés des folhetos sur tout le pan de mur, face á l'entrée trône la presse manuelle que O. Fernandes utilisait pour imprimer ses propres cordels, sur les autres murs on trouve des articles de journaux, des photos de plusieurs poétes et cordelistes, quelques affiches. Il commemnce á pleuvoir et on se précipite pour couvrir d'un plastique des livres exposés sur une table juste sous un trou de la toiture. On ne va pas quitter l'endroit sans dire quelques mots sur ce cordeliste.
OLEGÁRIO FERNANDES
Sa première publication "A estória do boi de Minas e as carnes contaminadas" (L'histoire du boeuf du Minas Gerais et les viandes contaminées)va avoir un énorme retentissement , il peut arrêter de travailler ailleurs et réussit à vivre de sa plume. Il imprime ses oeuvres lui-même jusqu'en 1999, année où il commence à confier l'impression á une maison d'édition de Recife, Editora Coqueiro. Il écrira au cours de sa vie plus de 212 cordels dont la meilleure vente sera celle de " O menino de 2 cabeças" (L'enfant à deux têtes). Son dernier lancement sera un cordel sur " A morte do piloto Ayrton Senna", vendu à plus de 8000 exemplaires. Il va être profondément irrité en apprenant le piratage de ses cordels, , que des copies sont vendues à la feria de São Cristovão, à Rio de Janeiro.
Intuition ou hasard, la veille de sa mort il écrit : "J'ai 70 ans, dans cette vie crue et nue, je passe la nuit chez moi et et je passe la journée dans la rue et voilá la mort qui m'invite à aller vivre tous les deux sur la lune."
.Allez, on continue un brin dans le temps puisqu'on y est et je vais vous toucher deux mots sur l'Acadêmia Caruarense de Literatura de Cordel créée le 18 mai 2005 dans le but de faire retrouver aux gens le goût pour la literatura de cordel, le cordeliste étant le représentant des classes populaires qui fournit un instrument de réflexion et des infos sur les thémes les plus divers. LAcadémie compte actuellement 16 membres d'un âge échelonné entre 20 et + de 60 ans, avec es niveaux scolaires diférents. Il ressort d'une étude sur le sujet que 50% d'entre eux sont autonomes c'est-à-dire avec des revenus en rapport direct ou indirect avec le cordel, il y a quelques retraités parmi eux, pour les autres aucun d'entre eux ne touche moins qu'un salaire minimum ou plus que 6 salaires minimum. Un tiers d'entre eux ont été influencés par leur famille.
Des problèmes ui quettent le genre, on évoque surtout la perte de la xylogravure et de la forme du cordel (rime et métrique).




dimanche 14 décembre 2008

A TAPIOCA


A TAPIOCA

c'est une sorte de crêpe épaisse faite avec ce qu'on appelle ici "goma de tapioca" (fécule de tapioca), un peu plus grande qu'un blini, elle se sert pliée en deux et la traditionnelle est fourrée á la noix de coco ou encore au fromage. A Olinda, plein de petits marchands ambulants en vendent prés des lieux touristiques.

Bon, si voulez la recette en français, je la mets. Le lien, c'est pour la recette en portugais.

Chez Moisés et Maricélia, j'en ai mangé des délicieuses faite maison qu'ivan , leur fils nous présente ici (à voir en images).

samedi 13 décembre 2008

CHURRASCO DE MOISES



La tradition du samedi , faire un churrasco. On est passés au marché acheter la viande et les saucisses et voilà Moises en train d'officier sur son grill de fortune, dans le petit bout de jardin qui est devant leur maison.

vendredi 12 décembre 2008

BOLO DE BANANA DE MARICÉLIA


Allez! une petite recette brésilienne, un gâteau à la banane que Maricélia a fait cet après-midi. Fondant, parfumé , à s'en lécher les babines.



5 bananas
125 gr de margarina
4 ovos
uma tassa e meia de açucar

Botar tudo no liquificador até ficar bem cremoso
Acrescentar 3 xícaras de farinha de trigo, 1 colher de sopa de fermento e 1 colher de café de bicarbonato. Mistura bem para deixar entrar oxígeno.
Colocar para assar no forno (180) + ou - 30 mn


Pas de panique voilà la recette en français.
il nous faut :

5 bananes, 125g de margarine, 4 oeufs, une tasse et demie de sucre, 3 tasses de farine, une cuillerée à soupe de levure et une cuillerée à café de bicarbonate de soude.

Mettre dans le bol de la centrifugeuse les bananes la margarine les oeufs et le sucre et mixer jusqu´à obtenir un mélange crémeux. Ajouter alors la farine, la levure et le bicarbonate et bien mélanger en soulevant la pâte pour l'aérer. Mettre dans un moule à four moyen (180) pendant 30 mn environ, vérifier la cuisson avec la pointe d'un couteau.

RENCONTRE AVEC DEUX CORDELISTAS


RENCONTRE AVEC DEUX CORDELISTAS
DORGE TABOSA

&


JOSÉ ANTONIO

C'est dans son échoppe de chaussures sur le marché de Caruaru que j'ai pu discuter un moment avec Dorge Tabosa, un des 16 cordelistes de l'Academia Caruarense de Literatura de Cordel fondée en 2005 par Genival Vincente. Ses grands-parents qui vivaient dans une ferme à 15 km de Caruaru lui ont transmis ce goût pour le cordel et à l'âge de 10 ans, il a écrit ses premiers cordels , tirant son inspiration du lieu et de sa famille.









Il privilégie comme strophe a sextilha (le sizain) et aime manier l'humour dans ses vers. "Il y a des éléments essentiels dans le cordel, la métrique, les rimes, les vers ..." et il ajoute "pour s'améliorer, c'est nécessaire de métrifier" tout en admettant que "au début, j'ai eu du mal avec la métrique mais j'ai appris." Autre aspect du cordel qui a son importance: la xylogravure sur la couverture. Il prépare en ce moment un cordel "Confraternização na escola" destiné à un public restreint et qu'il veut finir pour la semaine prochaine car c'est pour marquer la fin de l'année scolaire brésilienne pour lui, professeur et les gens qui l'entourent . Il me montre des feuilles de brouillon et me dit qu'il vient d'avancer pas mal dans ses vers. D'après lui, ce n'est pas évident pour un cordeliste de ne vivre que de son art et plus d'un travaille autre part. Mais de toute façon, il n'aimerait pas en faire une profession par peur de perdre l'inspiration et "l'émotion , fondamentale pour moi" . Comme il n'éprouve pas non plus un intérêt spécial à vendre sa production littéraire. Mais cela n'empêche pas qu'il ait vendu en 2007 tous les exemplaires du cordel fait en collaboration avec un ami pour commémorer les 150 ans de la ville.




Ce qui nous amène à discuter des thémes de ses cordels. Les sujets qu'il préfère? D'un côté , les sujets politiques ou historiques, que ce soit d'ici ou d'ailleurs, comme ce fut le cas en 2003 pour son cordel "A guerra de Bush". De l'autre, il avoue un certain sentimentalisme et la famille occupe une grande place dans ses vers. Exemple, un cordel pour les 80 ans de son grand-père qui est la personne qui l'a élevé. A parler de famille, il évoque aussi son frère Val , cordeliste aussi qui , lui , axe ses écrits autour de la vie quotidienne et qui a gagné, il y a peu, un concours, en se classant dans les 3 premiers.




Pour revenir à Dorge, il a fait un livre de 70 poèmes "A poesía tudo día" et le seul endroit dans Caruaru où on peut encore le trouver est le Museu do Cordel, lui-même n'en a conservé aucun exemplaire. Autre publication, faite en collaboration entre autres avec son fils de 12 ans Alisson Tabosa et José Antonio, tous deux cordelistes juniors, "Fabulando em poesia"




Oui, le cordel a de l'avenir, "je crois qu'il va se développer, il fait partie aujourd'hui de l'espace public".




Dans ce sens la mairie de Caruaru a mis en marche en 2005 un projet pilote de cordel dans les écoles "Cordel nas escolas-trabalhando a historicidade de Caruaru". L'objectif était de motiver l'intérêt des élèves pour le cordel et pour leur ville. L'année derniére 9 écoles y ont participé, Dorge étant de ceux qui se sont impliqués. Ce qui a donné de trés bons résultats et à partir de 2009, le projet va être implanté dans d'autres villes du Nordeste, comme João Pessoa ou Olinda.



Et Dorge a été trés content de voir qu'il a pu ainsi contribuer à la conservation du Cordel.





Francophones, vous pouvez sauter le passage, c'est une traduc en portugais.




Agora vai ser em português para que Dorge e os amigos brasileiros possam ler isso.



DORGE TABOSA
Foi na sua loja de sapatos da feira de Caruaru que conversei com Dorge Tabosa, um dos 16 cordelistas da Academia Caruarense de Literatura de Cordel fundada em 2005 por Genival Vincente.Foram principalmente os avôs que influenciaram a vocação dele, moravam num sítio a 15 km de Caruaru. Aos 10 anos, começou a escrver os seus primeiros cordeís, tirando inspiração de sua família e do lugar.




Gosta de escrever com humor e o tipo de estrofa que usa é a sextilha que considera como a estrofa por excelência do cordel. "Tem 3 elementos essenciais no cordel, a métrica, as rimas e a oração " e reconhece "para melhorar o cordel é preciso metrificar, tive dificuldades no começo mas aprendi. Também a marca do cordel é a xilogravura."




Atualmente está preparando "Confraternização na escola" que quer acabar na semana que vém, gosta de comemorar dessa maneira um momento específico, o fim do ano escolar para um público restrito.




Segundo ele, é dificil para o cordelista viver só de sua arte, precisa ter outra renda mas de qualquer jeito, Dorge não gostaria de fazer do cordel a sua profissão, por comportar isso o risco de perder a inspiração e "a emoção, fundamental para mim".Também não tem interessse especial para vender sua produção literária. Mas do cordel que fez , em 2007, em parceria com outro para o aniversário dos 150 anos da cidade, venderam todos os exemplares. Os temas que prefere são por um lado os políticos e históricos, sejam regionais, nacionais ou internacionais. assim escreveu o cordel em 2003 "A guerra de Bush". Pelo outro lado, a família ocupa grande espaço nos seus cordeís. Fez uma poesía para os 80 anos de seu avô, que foi a pessoa que o criou. Na família, o irmâo tambem escreve cordeís , sobre tudo da vida cotiadiana e há pouco, ganhou um concurso .



Entre as obras de Dorge, tem um livro de 70 poemas "A poesía tudo día" que atualmente só se pode achar no museu do cordel, nem ele tem um exemplar em casa. Outro livro feito em colaboração com o filho dele, Alisson e José Antonio, outro cordelista mirim, entre outros foi "Fabulando poesía". Ele acha que o cordel tem futuro " Acredito que vai crescer. Hoje está na rede pública...". Nessa óptica, a prefeitura de Caruaru desenvolviu em 2005 um projeto piloto nas escolas. Em 2007 , 9 escolas particparam da iniciativa "Cordel nas escolas-trabalhando a historicidade de Caruaru" e Dorge faz parte dos que impulsaram a ideia. O objetivo era motivar o interesse dos alunos pelo cordel falando da cidade. Deu ótimos resultados e a partir de 2009, será implantado noutras cidades, por exemplo João Pessao , Olinda.... E Dorge fica muito satisfeito pensando que assim pode contribuir para a conservaçâo do cordel.





Dorge, se tem erros ou coisas que retificar, deixa comentário para mim, tá bom? para eu poder corregir.





JOSÉ ANTONIO




Au moment où je vais prendre congé de Dorge, entre José Antonio ( Espingarda de cordel) lui, il a commencé à écrire à 12 ans et il se souvient encore du premier cordel qu'il a fait sur le sertão et la vie quotidienne du sertanejo. Le sertão, zone semi aride du Nordeste, terre de Lampião et où je compte bien aller malgré la chaleur qu'il peut y faire. Ce cordel lui avait été inspiré par un voyage qu'il venait d'y faire. A part ça, ses thèmes préférés sont le quotidien et la politique qu'il aime traiter soit sur un mode humoristique soit d'un point de vue critique. Actuellement il est en train d'écrire un folheto sur le Nordeste.

Avec le projet de cordel dans les écoles, il dit qu'il a perfectionné son écriture. En mai 2008, il a été élu Acadêmico mirim , académicien junior avec la dénomination Espingarda do cordel / fusil du cordel ainsi que 3 autres candidats, Alisson Tabosa (12 ans) fils de Dorge, Vassula Hermelinda (12 ans) déclamatrice et Pedro Soares (9 ans) parmi 30 candidats qui avaient écrit sur la foire de Caruaru. Ils ont été sélectionnés en fonction de leur travail scolaire de leur comportement à l'école et de la qualité de leur travail sur la ville .

José se démarque en deux points de Dorge, lui il aimerait devenir professionnel et vivre de son art; il trouve d'ailleurs que la littérature de cordel se porte bien: "Elle est en train de récupérer la vigueur qu'elle avait avant."Quant à la métrique, s'il écrit souvent en sizains, utiliser d'autres types de strophes ne le gêne guère. Et il me parle aussi de la xylogravure , une part toute aussi importante de la littérature de cordel mais dit-il, "Je préfére commencer par le texte et après vient le dessin et je fais la couverture".

Dans le livre mentionné avant, "Fabulando em poesia", il a publié "A morte e o lenhador" (La mort et le bûcheron). Il m'assure qu'en cherchant bien , on peut trouver ses cordels dans la ville.

Ça me donnera une occasion d'y revenir vu que j'aimerais rencontrer aussi Mestre Dila, un xylograveur d'ici.




JOSÉ ANTONIO
No momento de concluir com Dorge, chega José Antonio (Espingarda de cordel) . Começou a escrever aos 12 anos e lembra que o primeiro cordel que fez era sobre o sertão e a vida cotidiana do sertanejo. Porque? A fonte de inspiração foi uma viagem que acabava de fazer com a família.

Pode escrever sobre vários temas , os preferidos são a política e o cotidiano que trata duma forma crítica ou humorística. Está escrevendo agora um cordel sobre o Nordeste.

Com o projeto do cordel nas aulas, ele acha que melhorou o estilo e a poesía de seus cordeís. Faz parte da Acadêmia Mirim, foi eleito em maio de 2008, com denominação Espingarda do cordel com 3 outros candidatos Alisson Tabosa (12 ans) filho de Dorge, Vassula Hermelinda (12 anos) declamadora et Pedro Soares (9 anos) entre 30 candidatos que escreveram sobre a feira de Caruaru . Foram selecionados pela calidade dos trabalhos que fizeram sobre a cidade , pelo seu comportamento exemplar na escola e os bons resultados escolares.

Tem duas coisas que marcam a diferença entre ele e Dorge, José gostaria muito de ser cordelista professional e poder viver disso e por outro lado , se escreve muitas vezes em sextilhas , não tem problema para usar outro tipo de estrofa, seja quadra, décima o de 7 linhas. Acha que "a literatura de cordel está recuperando a força que tinha antes. A xilogravura também é parte importante do cordel . " E acrescenta: "Mas sempre vou começar pela poesía e depois vem a inspiração para o desenho e faço a capa."

No livro mencionado por Dorge, "Fabulando em poesia", José publicou "A morte e o lenhador" . Não tem um cordel seu para me mostrar mas "com certeza você acha alguns na cidade"

Hoje , não vou poder procurar os cordeís dos que falava José, vou embora mas isso vai me dar ocasião de voltar a Caruaru algum día.

jeudi 11 décembre 2008

ALTO DO MOURA

Marliete et sa miniature

maison de
Mestre Vitalino










MESTRE VITALINO
Une des gloires locales c'est Mestre Vitalino, un homme considéré comme la principale figure de l'art populaire d'ici pour ses personnages de céramique, c'est lui qui a créé le style et a fait de nombreux disciples. Il habitait à Alto do Moura à quelques km de Caruaru dans une maison en bois toute simple dont on a fait son musée . Les pièces sont petites, dans l'une la malle qui contenait ses effets, dans l'autre juste la place pour le lit rouge, dans l'entrée l'on peut voir ses outils et un petit vaisselier est adossé au mur à côté de la cuisine, dehors le four. La création des figurines est assurée maintenant par son fils qui, aujourd'hui, va faire 3 pièces qu'il vend lui-même. Il est assis par terre dans l'entrée en train de modeler l'une d'elles.
Quelques lignes d'un poème de Rafael dos Santos Barros qu'il a dédié á son père
De Vitalino, les mains étaient des mains saintes
Qui modelèrent en terre les Nordestins
Et transmirent leur douleur et leurs folies
Aux figurines de terre, tant de fois, tant!
....
Il insuffla la vie aux figurines muettes
qui, sans dire mot, disait tout
des Nordestins, de leurs destins
ALTO DO MOURA
Tout le village est peuplé d'artisans et de boutiques qui vendent leurs oeuvres. J'ai rencontré juste après une femme, Marliete qui , elle, fait beaucoup de pièces miniature (voir photos).
Autre exemple, un céramiste, Luis Antonio, casquette et petite moustache taillée droite. Il a été le représentant de l'art populaire brésilien en 1986 lors d'un voyage au Japon de 46 jours parrainé para l'Unesco. Il existe ici une Association des Artisans-Céramistes qui en regroupe 300, son but est de défendre la profession et avoir une certaine représentavité sur le plan régional et national, elle a organisé 2 ans de suite un concours "Boneco de barro" (figurine en terre) mais n'a pas renouvelé l'expérience en 2008, la jeune fille qui me renseigne ne sait pas pourquoi.

CARUARU

CARUARU

Ville de l'intérieur du Pernambouc, à 135 km de Recife dans la zone que l'on appelle agreste ici mais ce n'est pas pour ça qu'il y fait moins chaud. Elle est connue pour son marché , le plus grand de l'état, trés animé les mardi et samedi car il y a de tout, bétail, alimentation, fringues, chaussures, fleurs et artisanat et ce qui ne saurait manquer, beaucoup de livrets de littérature de cordel, on peut y voir aussi des repentistas qui font des joutes oratoires en improvisant sur n'importe quel théme mais ça je ne l'ai pas encore vu, ça fait juste deux jours que je suis là.

Une des gloires de la ville, c'est Luis Gonzaga, le roi du forró, une musique bien d'ici, il a droit à cette statue ( oeuvre du sculpteur J. Caxiado); la gare routiére porte aussi son nom et à sa mort en 1989 le musée du forró est devenu musée Luis Gonzaga mais pas de pot, il est en fin de restauration et il ne rouvrira que la semaine prochaine. Comme aussi , dans le même bâtiment le musée de la céramique et l'espace Elba Ramalho , une chanteuse-actrice nordestine très appréciée ici.
Le point pour se repérer dans la ville c'est le morro Bom Jesus, que beaucoup ici appellent Cuscuz, mais rien à voir avec le couscous maure, le cuscuz est ici un plat de semoule de tapioca. Tout en haut de cette colline, la petite église de Sainte Lucie à laquelle on arrive au bout de 365 marches, on va être réveillé à 5 heures du mat, par les pétards de la Sainte Lucie le dimanche
matin.

mardi 9 décembre 2008

PANELA DE IEMANJÁ

Posted by Picasa La première partie de la fête a eu lieu dans le local de l'umbanda du quartier d'Arruda où le babalaorixá à qui j'ai été présentée par Carmen me permet de faire des photos et va même au début de la cérémonie signaler ma présence et m'accueillir officiellement dans les lieux. Je ne suis pas la seule à en faire et on peut donc envahir l'espace normalement réservé aux initiés mais pas tout le temps , plus tard, lors de la priére à Xangô, il va nous demander à tous de nous retirer. La fin de la cérémonie va avoir lieu sur la plage où on va aller offrir les fleurs et la corbeille de fleurs (a panela) à Iemanjá . Bleues et blanches, les fleurs car ce sont les couleurs de la déesse mère de tous les orixás (divinités dans le syncrétisme religieux du Brésil). Iemanjá correspond à Nossa Senhora da Conceiçaõ, (Notre Dame de la Conception) dans la religion catholique fêtée le 8 décembre mais le candomblé et l'umbanda se démarquent et la fêtent la veille. Bref, on prend place, qui dans les cars, qui dans les voitures ornées de rubans bleus et blancs et on descend vers la plage de Boa Viagem. Là, les musiciens prennent place devant le tapis bleu frangé étendu sur le sol (voir photo) et on chante de nouveau. La corbeille va être apportée jusqu'à la jangada (barque typique d'ici). Auparavant l'assistant du babalaorixá a ramassé tous les bouquets de fleurs des assistants . Le babalorixá asperge tout le monde d'eau parfumée puis il va se diriger vers la barque qui attend sur le rivage avec la porteuse de corbeille. La barque se couvre de fleurs, petit incident une bahianaise tombe à l'eau en voulant y mettre elle-même son bouquet. C'est un moment de grande émotion, nous sommes tous massés sur le bord à assister au départ, la jangada s'éloigne avec les fleurs, le babalaorixá et le rameur, balloté par les flots, la lune en est à son deuxième quartier, arrivés au large, ils jettent les fleurs à la reine des mers puis reviennent vers nous, autre aspersion , cette fois-ci de cidre pour fêter l'événement, face à la mer nous reculons peu à peu.
Carmen m'avait expliqué qu'on apportait aussi des bougies que l'on rompait en 3 morceaux avant de les lancer à la mer , je n'y ai pas prêté attention, prise par cette ferveur muette qui se dégageait des gens.

dimanche 7 décembre 2008

FESTA DE IEMANJÁ


Deux envies m'ont fait choisir mes dates de mise en disponibilité, la première c'était de pouvoir assister à la cérémonie en honneur de Iemanjá, la déesse de la mer dans les cultes afro-brésiliens le 8 décembre et la deuxième voir le Carnaval de Recife à la fin du voyage. De la première, quelques photos... qui ne sont pas dans l'ordre



























samedi 6 décembre 2008

FRANCISCO BRENNAND

Francisco Brennand, peintre céramiste

Aller jusqu'à la oficina Brennand c'est sortir de la ville sans en sortir. Aprés avoir perdu de vue la densité du centre, il faut rouler un bon moment avant de s'engager sur un chemin de terre bordé d'arbres et de bambous qui sinue sur quelques kilométres jusqu'à arriver aux portes de ce vaste espace culturel installé dans une ancienne briqueterie, elle trône au milieu des jardins, partout dehors et dedans une profusion de sculptures en terre qui combinent les rondeurs et les éléments phalliques, tout un monde fantasmagorique qui recrée l´humain et l'animal parfois avec une empreinte sensuelle, parfois avec une teinte onirique, le monde de Francisco Brennand, le céramiste le plus célèbre du Brésil.
Il peint aussi et j'ai la surprise de découvrir ses toiles , les plus récentes représentant surtout des ados filles avec ce côté troublant d'une sexualité en éclosion et quelques femmes mais l'art est ici figuratif et ne rappelle en rien ces bustes de femmes perchées sur de longues colonnes et semblant crier vers le ciel dans le Parc de sculptures du port de Recife. J'accroche bien à l'oeuvre avec quelques coups de coeur pour certains tableaux et piéces.
Pour se faire une petite idée, deux liens, l'un vers le site de l'atelier en portugais et l'autre vers un article paru dans la Dépêche du Midi.